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Bible de Jérusalem

Genèse 4.17-26

La descendance de Caïn.v

17 Caïn connut sa femme, qui conçut et enfanta Hénok. Il devint un constructeur de ville et il donna à la ville le nom de son fils, Hénok.

v Débris d’une généalogie à caractère anecdotique. Les mêmes noms paraîtront, avec des variantes, dans la généalogie sacerdotale de Seth, entre Qénân et Lamek, 5.12-28. Cette liste n’est rattachée qu’artificiellement à Caïn, fils d’Adam, condamné à la vie errante ; ici Caïn est le constructeur de la première ville, l’ancêtre des éleveurs, des musiciens, des forgerons et peut-être des filles de joie, cf. v. 22, qui subviennent aux commodités et aux plaisirs de la vie urbaine. Ces progrès sont attribués à la lignée de Caïn le maudit ; la même condamnation de la vie urbaine se trouvera dans le récit de la tour de Babel, 11.1-9.

18 À Hénok naquit Irad, et Irad engendra Mehuyaël, et Mehuyaël engendra Metushaël, et Metushaël engendra Lamek. 19 Lamek prit deux femmes : le nom de la première était Ada et le nom de la seconde Çilla. 20 Ada enfanta Yabal : il fut l’ancêtre de ceux qui vivent sous la tente et ont des troupeaux. 21 Le nom de son frère était Yubal : il fut l’ancêtre de tous ceux qui jouent de la lyre et du chalumeau. 22 De son côté, Çilla enfanta Tubal-Caïn : il fut l’ancêtre de tous les forgerons en cuivre et en fer ; la sœur de Tubal-Caïn était Naama.w

w « L’ancêtre de tous les forgerons » Targ., cf. vv. 20 et 21 ; « le forgeron de tous les ouvriers » hébr. — Les trois castes des éleveurs de bétail, des musiciens et des forgerons ambulants sont rattachées à trois ancêtres dont les noms font assonance et rappellent les métiers de leurs descendants Yabal (ybl « conduire ») ; Yubal (yôbel « trompette ») ; Tubal (nom d’un peuple du Nord, 10.2, au pays des métaux) ; Caïn signifie « forgeron » en d’autres langues sémitiques. Naama, « la jolie », « l’aimée », pourrait être l’éponyme d’une autre « profession », cf. note e, sur laquelle le texte se tait.

23 Lamek dit à ses femmes :

« Ada et Çilla, entendez ma voix,
femmes de Lamek, écoutez ma parole :
J’ai tué un homme pour une blessure,
un enfant pour une meurtrissure.
24 C’est que Caïn est vengé sept fois,
mais Lamek, septante-sept fois ! »x

x Ce chant sauvage composé à la gloire de Lamek, un héros du désert, est recueilli ici comme un témoignage de la violence croissante des descendants de Caïn.

Seth et ses descendants.y

25 Adam connut sa femme ; elle enfanta un fils et lui donna le nom de Seth, car, dit-elle, « Dieu m’a accordéz une autre descendance à la place d’Abel, puisque Caïn l’a tué. »

y Débris d’une autre généalogie primitive.

z Le nom de Seth (hébr. Shet) est expliqué par shat « il a accordé ».

26 Un fils naquit à Seth aussi, et il lui donna le nom d’Énosh. Alors on commença à invoquer le nom de Yahvé.a

a Grec et Vulg. précisent « Celui-ci fut le premier à invoquer le nom de Yahvé ». D’autres passages, de tradition élohiste ou sacerdotale, retardent jusqu’à Moïse la révélation du nom de Yahvé, Ex 3.14 (cf. 3.13) ; 6.2s.