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Bible de Jérusalem

Osée 1-3

OSÉE

Introduction au livre d’Osée

Titre.

1 Parole de Yahvé qui fut adressée à Osée, fils de Beéri, au temps d’Ozias, de Yotam, d’Achaz et d’Ézéchias, rois de Juda, et au temps de Jéroboam, fils de Joas, roi d’Israël.a

a Et également au temps de ses successeurs jusqu’à la fin du royaume du Nord.

I. Le mariage d’Osée et sa valeur symboliqueb

Mariage et enfants d’Osée.

2 Commencement de ce que Yahvé a dit par Osée. Yahvé dit à Osée : « Va, prends une femme se livrant à la prostitutionc et des enfants de prostitution,d car le pays ne fait que se prostituer en se détournant de Yahvé. »

b Dans la ligne des actions symboliques des prophètes, Jr 18.1, c’est ici la vie même d’Osée qui révèle le mystère du dessein de Dieu. Osée a aimé et aime encore une femme qui n’a répondu à cet amour que par la trahison. Ainsi Yahvé aime toujours Israël, épouse infidèle, et après l’avoir éprouvée lui rendra les joies du premier amour et rendra l’amour de son épouse inébranlable et indéfectible (1-3). Déjà sans doute avant Osée, on qualifiait de prostitution le culte que les Cananéens rendaient à leurs idoles, à cause des pratiques de prostitution sacrée qui y étaient associées (Ex 34.15). En imitant leur idolâtrie, Israël se prostitue également (Ex 34.16). Par opposition, Osée est le premier à représenter sous l’image de l’union conjugale les rapports de Yahvé avec son peuple depuis l’alliance du Sinaï, et à qualifier la trahison idolâtrique d’Israël non seulement de prostitution, mais d’adultère. Après lui le thème sera repris par les prophètes Isa 1.21 ; Jr 2.2 ; 3.1 ; 3.6-12. Ézéchiel développe le thème en deux grandes allégories, 16 et 23. La seconde partie d’Isaïe présentera la restauration d’Israël comme la réconciliation d’une épouse infidèle, Isa 50.1 ; 54.6-7, cf. Isa 62.4-5. Il faut peut-être aussi voir les relations de Yahvé et d’Israël sous les images nuptiales du Cantique des Cantiques et du Ps 45. Enfin, dans le NT, Jésus, en représentant l’ère messianique comme des noces, Mt 22.1-14 ; 25.1-13, et surtout en se manifestant lui-même comme l’époux, Mt 9.15, cf. Jn 3.29, montre que l’alliance nuptiale entre Yahvé et son peuple se réalise en plénitude en sa personne. Saint Paul utilisera également ce thème : 2 Co 11.2 ; Ep 5.25-33 ; cf. 1 Co 6.15-17, qui sera finalement repris par l’Apocalypse Ap 21.2. — Les chap. 1-3 forment dans le livre d’Osée une unité nettement définie. On peut les diviser en 3 sections comprenant chacune une partie relative au temps présent, où Dieu reproche à Israël son péché, et une partie annonçant le salut futur, 1.2-9 ; 2.1-3. — 2.4-15 ; 2.16-25 ; 3.1-4 ; 3.5.

c Littéralement « une femme des prostitutions », cf. 4.12 ; 5.4, soit que Gomer ait été dès l’abord connue comme telle, soit plutôt qu’elle se soit révélée telle plus tard.

d Non qu’ils doivent naître de l’adultère, mais parce que leur mère leur transmet sa nature telle mère, tels enfants, Ez 16.44 ; Si 41.5.

3 Il alla donc prendre Gomer, fille de Diblayim, qui conçut et lui enfanta un fils.

4 Yahvé lui dit : « Appelle-lee du nom de Yizréel,f car encore un peu de temps, et je châtierai la maison de Jéhu pour le sang versé à Yizréel, et je mettrai fin à la royauté de la maison d’Israël.

e Les noms qu’Osée reçoit l’ordre de donner à ses enfants sont des noms prophétiques, cf. Isa 1.26.

f Yizréel (« Dieu sème », cf. 2.24-26) est aussi le nom d’une résidence des rois d’Israël. C’est là que Jéhu massacra la femme et les descendants d’Achab (2 R 9.15—10.14). À la différence de 2 R 10.30, Osée condamne cette action.

5 Il adviendra, en ce jour-là, que je briserai l’arc d’Israël dans la vallée de Yizréel. »g

g La vallée de Yizréel, et en particulier Megiddo, au débouché du passage venant du littoral, empruntée par la voie normale de communication entre l’Égypte et l’Assyrie, constitue le champ de bataille classique de la Terre sainte cf. Jg 4.12-16 ; 6.33 ; 1 S 28.4 ; 2 R 23.29. Elle figure le lieu du combat eschatologique Za 12.11 ; Ap 16.16. Mais en même temps sa fertilité, indiquée par son nom même (« Dieu sème »), évoque les promesses de la naissance d’un peuple nouveau, 2.24-25. Ce sera le « jour de Yizréel », 2.2.

6 Elle conçut encore et enfanta une fille. Yahvé lui dit : « Appelle-la du nom de Lo-Ruhamah, car désormais je n’aurai plus pitié de la maison d’Israël pour lui pardonner encore.h

h Ou je n’aurai plus de pitié pour la maison d’Israël ; je la lui retirerai complètement. — Le nom de Lo-Ruhamah signifie « Non-Aimée » ou « Celle dont on n’a pas pitié ».

7 Mais de la maison de Juda j’aurai pitié et je les sauverai par Yahvé leur Dieu. Je ne les sauverai ni par l’arc, ni par l’épée, ni par la guerre, ni par les chevaux, ni par les cavaliers. »i

i Ce verset est très probablement une addition des disciples d’Osée réfugiées en Juda après la chute de Samarie, actualisant pour le royaume du Sud le message adressé au royaume du Nord.

8 Elle sevra Lo-Ruhamah, conçut encore et enfanta un fils. 9 Yahvé dit : « Appelle-le du nom de Lo-Ammi,j car vous n’êtes pas mon peuple, et moi je n’existe pas pour vous. »k

j Le nom signifie « Pas-Mon-Peuple ». Les noms des trois enfants indiquent une sévérité croissante de Yahvé. Cette fois, la rupture est complète.

k Littéralement « Et moi, pas « Je suis » pour vous. » Allusion à la révélation de la signification du nom de Yahvé, Ex 3.14 « Je suis celui qui est ». On voit que pour Osée cette formule a le sens d’une présence protectrice et salutaire du Dieu de l’Alliance (Je suis correspond à mon peuple). Quelques mss grecs ont « Je ne suis pas votre Dieu », leçon facilitante.

Perspectives d’avenir.

2 Le nombre des enfants d’Israël sera comme le sable de la mer,l qu’on ne peut ni mesurer ni compter ;

au lieu mêmem où on leur disait : « Vous n’êtes pas mon peuple »,
on leur dira : « Fils du Dieu vivant ».

l Reprise de l’antique promesse attestée par la tradition yahviste (Gn 32.13) et élohiste (Gn 22.17).

m Yizréel, lieu symbolique du Jour de Yahvé, cf. Am 5.18, appelé ici à dessein jour de Yizréel (v. 2). Cf. 1.5.

2 Les enfants de Juda et les enfants d’Israël se réuniront,
ils se donneront un chef unique
et ils déborderont hors du pays ;n
car il sera grand le jour de Yizréel.

n Traduction incertaine. D’autres comprennent « ils s’empareront du pays »; « ils submergeront le pays »; « ils reviendront de leur pays » (d’exil).

3 Dites à vos frères : « Mon Peuple »,
et à vos sœurs : « Celle dont on a pitié ».o

o Nouveaux noms symboliques opposés à ceux de 1.6 et 1.9. Il n’y a pas de nom prenant le contre-pied de Yizréel, le premier fils d’Osée, dont la signification est double, signe à la fois de malheur et de bonheur, cf. 1.5.

Yahvé et son épouse infidèle.p

4 Intentez procès à votre mère, intentez-lui procès !q
Car elle n’est pas ma femme,
et moi je ne suis pas son mari.r
Qu’elle écarte de sa face ses prostitutions,
et d’entre ses seins ses adultères.s

p Yahvé parle ici à Israël le langage de l’amour bafoué qui ne se résigne pas à haïr, mais qui, par une série de châtiments, tente de ramener l’infidèle, y réussit, l’éprouve, la reprend avec la ferveur des fiançailles et la comble de biens.

q Le procès est une forme littéraire fréquente chez les prophètes, cf. 4, 1 ; Isa 3.13 ; Mi 6.1 ; Jr 2.9, etc. Mais dans ces textes, c’est Dieu qui fait un procès à son peuple infidèle. L’invitation adressée aux enfants, aussi coupables que leur mère (1.2), à plaider contre elle est une invitation à se désolidariser d’elle.

r Ces expressions sont attestées en Mésopotamie comme formule juridique du divorce. Il en était probablement de même en Israël.

s Par « prostitutions » et « adultères », il faut probablement entendre ici des amulettes, tatouages et autres signes distinctifs de la prostituée, cf. Pr 7.10 ; Gn 38.15.

5 Sinon je la déshabillerai toute nuet
et la mettrai comme au jour de sa naissance ;
je la rendrai pareille au désert,u
je la réduirai en terre aride,
je la ferai mourir de soif,

t L’usage juridique de dépouiller de ses vêtements l’épouse coupable est également attesté dans le Proche-Orient. Cf. Ez 16.37-39 ; Isa 47.2-3 ; Jr 13.22 ; Na 3.5 ; Ap 17.16.

u On passe de l’épouse à la terre, dont elle est le symbole. Les richesses de Canaan, qui ont été la cause du péché d’Israël, 10.1 ; 13.6, doivent disparaître, 4.3 ; 5.7 ; 9.6 ; 13.15.

6 et de ses enfants je n’aurai pas pitié,
car ce sont des enfants de prostitution.
7 Oui, leur mère s’est prostituée,
celle qui les conçut s’est déshonorée ;
car elle a dit : Je veux courir après mes amants,v
qui me donnent mon pain et mon eau,
ma laine et mon lin, mon huile et ma boisson.

v « courir après », litt. « aller derrière, suivre » au sens de s’attacher à. — Les « amants » sont les divinités cananéennes.

8 C’est pourquoi je vais obstruer son cheminw avec des ronces,
je l’entourerai d’une barrière pour qu’elle ne trouve plus ses sentiers ;

w « son chemin » grec et syr. ; « ton chemin » hébr. Le passage brutal de la 3e à la 2e personne, comme au v. 18, semble fautif ici, car il ne se poursuit pas jusqu’à la fin du v.

9 elle poursuivra ses amants et ne les atteindra pas,
elle les cherchera et ne les trouvera pas.
Alors elle dira : Je veux retourner vers mon premier mari,
car j’étais plus heureuse alors que maintenant.
10 Elle n’a pas reconnu que c’est moi
qui lui donnais le froment, le vin nouveau et l’huile fraîche,
qui lui prodiguais cet argent et cet or
qu’ils ont employés pour Baal !x

x Pour en faire des objets destinés au culte de Baal.

11 C’est pourquoi je reprendrai mon froment en son temps
et mon vin nouveau en sa saison ;
je retirerai ma laine et mon lin
qui devaient couvrir sa nudité.
12 Puis je dévoilerai son infamie aux yeux de ses amants
et personne ne la délivrera de ma main.
13 Je ferai cesser toutes ses réjouissances,
ses fêtes, ses néoménies, ses sabbats
et toutes ses solennités.
14 Je dévasterai sa vigne et son figuier,y
dont elle disait :
Ils sont le salaire que m’ont donné mes amants ;
j’en ferai un hallier
et la bête sauvage les dévorera.

y « Vigne et figuier » expression traditionnelle de la paix, de la tranquillité et de l’aisance qui a régné au temps de Salomon (1 R 5.5) et qui existera à nouveau aux temps messianiques (Mi 4.4 ; Za 3.10). Ici, il s’agit de la prospérité qui détourne le peuple de Yahvé, cf. Dt 8.11-20, et pousse au culte des idoles auxquelles cette prospérité est attribuée, vv. 7-14.

15 Je la châtierai pour les joursz des Baals
auxquels elle brûlait de l’encens,
quand elle se parait de son anneau et de son collier
et qu’elle courait après ses amants ;
et moi, elle m’oubliait !
Oracle de Yahvé.

z Jours de fête cultuelle, cf. 9.5 ; Ps 118.24 ; Ne 8.9.

16 C’est pourquoi je vais la séduire,a
je la conduirai au désertb
et je parlerai à son cœur.

a Il faut entendre le mot en un sens fort c’est l’attitude de quelqu’un qui détourne son partenaire du chemin qu’il aurait dû suivre, cf. Jg 14.15. La même expression est employée à propos de l’homme qui séduit une vierge, Ex 22.15. Cf. aussi Jr 20.1.

b La vie au désert, durant l’Exode, apparaît comme un idéal perdu (déjà Am 5.25 ; 12.10) ; Israël encore enfant, 11.1-4, ne connaissait pas les dieux étrangers et suivait fidèlement Yahvé, présent dans la nuée, 2.16-17 ; Jr 2.2-3. Sur l’utilisation prophétique du thème de l’Exode, voir encore Isa 40.3.

17 Là, je lui rendrai ses vignobles,
et je ferai du val d’Akor une porte d’espérance.c
Là, elle répondra comme aux jours de sa jeunesse,
comme au jour où elle montait du pays d’Égypte.

c Le val d’Akor (une des vallées des environs de Jéricho, qui donnent accès à l’intérieur du pays) a été le lieu d’un acte d’infidélité durement puni par Yahvé, Jos 7.24-26. Son nom signifie vallée de malheur, d’après Jg 7.26. Il deviendra porte d’espérance, en donnant accès à une Terre sainte rénovée.

18 Il adviendra en ce jour-là — oracle de Yahvé —
que tu m’appelleras « Mon mari »,
et tu ne m’appelleras plus « Mon Baal ».d

d Le nom de baal (« maître ») était donné au mari. Ce nom entrait jadis en composition dans de nombreux noms de personnes, cf. 1 S 14.49 ; 2 S 2.8 etc. ; 1 Ch 8.33 ; 9.39-40, etc., sans que cela impliquât idolâtrie c’est Yahvé qui était le « maître » à qui le nom vouait son porteur. Mais à une époque plus récente, le mot baal fut considéré comme impie, par sa référence aux Baals cananéens (cf. Jg 2.13). C’est ainsi qu’Osée en proscrit l’usage, v. 19. Le passage de « mon maître » à « mon mari » insinue que l’accent est désormais mis sur l’intimité du lien conjugal plus que sur la subordination de l’épouse à l’époux, cf. Jn 15.15.

19 J’écarterai de sa bouche les noms des Baals,
et ils ne seront plus mentionnés par leur nom.
20 Je conclurai pour eux une alliance, en ce jour-là,
avec les bêtes des champs, avec les oiseaux du ciel et les reptiles du sol ;
l’arc, l’épée, la guerre, je les briserai et les bannirai du pays,
et eux, je les ferai reposer en sécurité.e

e La restauration messianique s’effectuera dans la justice et la sainteté, vv. 21-22. Dieu reviendra dès lors habiter au milieu de son peuple pour le combler de ses bienfaits, cf. Lv 26.3-13 ; Dt 28.1-14. Le ciel donnera la pluie en son temps et la terre ses produits en abondance, 2.23-24 ; 14.8-9 ; Am 9.13 ; Jr 31.12, 14 ; Ez 34.26-27, 29 ; 36.29-30 ; Isa 30.23-26 ; 49.10 ; Jl 2.19, 22-24 ; 4.18 ; Za 8.12. On ne craindra plus que d’autres viennent s’en emparer, Am 9.15 ; Isa 65.21-23, cf. Dt 28.30-33, car Israël ne subira plus l’invasion étrangère, Mi 5.4 ; Isa 32.17-18 ; Jl 2.20 ; Jr 46.27 ; cf. Isa 4.5-6 (expliqué par Isa 25.4-5) ; Dieu fera pour lui un pacte avec les bêtes féroces, 2.20 ; Ez 34.25, 28. La paix s’étendra à tous les peuples, Isa 2.4 = Mi 4.3 ; cf. Isa 11.6-8 ; 65.25, sous l’égide du Roi-Messie, Isa 9.5-6 ; Za 9.10. La mort elle-même disparaîtra, Isa 25.7-8, et la joie remplacera la souffrance et les larmes, Isa 65.18-19 ; Jr 31.13 ; Ba 4.23, 29, cf. Ap 21.4.

21 Je te fianceraif à moi pour toujours ;
je te fiancerai dans la justice et dans le droit,
dans la tendresseg et la miséricorde ;

f Ce verbe est utilisé dans la Bible uniquement à propos d’une jeune fille vierge. Dieu abolit ainsi totalement le passé adultère d’Israël, qui est comme une créature nouvelle. Dans l’expression « je te fiancerai dans (la justice) », ce qui suit la préposition « dans » désigne la dot que le fiancé offre à sa fiancée (même construction en 2 S 3.14). Ce que Dieu donne à Israël dans ces noces nouvelles ce ne sont plus les biens matériels de l’alliance ancienne, 2.10, mais les dispositions intérieures requises pour que le peuple soit désormais fidèle à l’alliance. Nous avons déjà ici en germe tout ce qui sera développé par Jérémie et Ézéchiel l’alliance nouvelle et éternelle (« pour toujours », v. 21), la loi inscrite dans le cœur, le cœur nouveau, l’Esprit nouveau, Jr 31.31-34 ; Ez 36.26-27. Cf. Ez 36.27.

g Le mot (hesed) exprime d’abord l’idée d’un lien, d’un engagement. Dans le domaine profane il en vient à désigner l’amitié, la solidarité, la loyauté, surtout lorsque ces vertus procèdent d’un pacte. En Dieu, ce terme exprime la fidélité à son alliance, et la bonté qui en découle à l’égard du peuple choisi (la « grâce » en Ex 34.6), autrement dit (et ce mot convient à partir d’Osée, par référence à la comparaison de l’union conjugale) l’amour de Dieu pour son peuple, Ps 136.1-26 ; Jr 31.3, etc., et les bienfaits qui en découlent, Ex 20.6 ; Dt 5.10 ; 2 S 22.51 ; Jr 32.18 ; Ps 18.51. Mais cette hesed de Dieu appelle en l’homme aussi la hesed, c’est-à-dire le don de l’âme, l’amitié confiante, l’abandon, la tendresse, la « piété », en un mot l’amour qui se traduit par une soumission joyeuse à la volonté de Dieu et par la charité pour le prochain, 4.2 ; 6.6. Cet idéal, qu’expriment de nombreux Psaumes, sera celui des Hasidim ou « Assidéens », 1 M 2.42.

22 je te fiancerai à moi dans la fidélité,
et tu connaîtras Yahvé.h

h Chez Osée la « connaissance de Yahvé » accompagne la hesed, ici vv. 21-22 et 4.2 ; 6.6. Il ne s’agit donc pas d’une simple connaissance intellectuelle. De même que Dieu « se fait connaître » à l’homme en se liant à lui par une alliance, en lui manifestant par ses bienfaits son amour (hesed), de même l’homme « connaît Dieu » par une attitude qui implique la fidélité à son alliance, la reconnaissance de ses bienfaits, l’amour. Cf. Jb 21.14 ; Pr 2.5 ; Isa 11.2 ; 58.2. Dans la littérature de sagesse, la « connaissance » est à peu près synonyme de « sagesse ».

23 Il adviendra, en ce jour-là,
que je répondrai — oracle de Yahvé —
je répondrai aux cieux et eux répondront à la terre ;
24 la terre répondra au froment, au vin nouveau et à l’huile fraîche, et eux répondronti à Yizréel.

i Noter la répétition du verbre répondre Dieu répondra à l’attente de sa création, et la création répondra à ce que les hommes attendent d’elle en conformité avec le dessein divin. C’est le contraire de l’état actuel de désordre dû au péché, cf. 4.3 ; Gn 3.17s ; Isa 11.6 ; Rm 8.19.

25 Je la sèmeraij dans le pays,
j’aurai pitié de Lo-Ruhamah,
je dirai à Lo-Ammi : « Tu es mon peuple »
et lui dira : « Mon Dieu ! »k

j C’est la signification du nom de Yizréel, cf. 1.4, 5.

k L’amour de Dieu pour son peuple va contredire les noms de malheur (« Non-Aimée », « Pas-Mon-Peuple »), qui disparaissent avec la malédiction dont ils étaient le présage. En 2.1, 3, ils sont remplacés par leurs contraires.

Osée reprend l’épouse infidèle et l’éprouve. Explication du symbole.

3 Yahvé me dit : « Va de nouveau, aime une femme aiméel par un autre et qui commet l’adultère, comme Yahvé aime les enfants d’Israël, alors qu’ils se tournent vers d’autres dieux et qu’ils aiment les gâteaux de raisin. »

l Grec et syr. ont lu « qui en aime ». — Il s’agit sans doute toujours de Gomer, qu’Osée a aimée et aime encore, mais qui l’a trahi et continue à le trahir. La magnanimité du prophète envers l’infidèle est le symbole de l’amour persévérant de Yahvé pour son peuple.

2 Je l’achetai donc pour quinze sicles d’argent et un muid et demi d’orge,m

m Osée rachète Gomer à son actuel maître, ou au sanctuaire dont elle s’est faite hiérodule. Le prix total est à peu près celui du rachat d’une esclave, Ex 21.32 ; Lv 27.4.

3 et je lui dis : « Pendant de longs jours tu me resteras là,n sans te prostituer et sans appartenir à un homme, et j’agirai de même à ton égard. »

n Un temps d’épreuve, comme va l’expliquer le v. 4, cf. 2.8, 9, 16, précédera la reprise de l’alliance entre Yahvé et Israël.

4 Car, pendant de longs jours les enfants d’Israël resteront sans roi et sans chef, sans sacrifice et sans stèle, sans éphod et sans téraphim. 5 Ensuite les enfants d’Israël reviendront ; ils chercheront Yahvé leur Dieu, et David leur roi ;o ils accourront en tremblant vers Yahvé et vers ses biens, dans la suite des jours.

o Cf. Jr 30.9 ; Ez 34.23 ; 37.24. — Les vv. 4-5 sont souvent considérés comme une addition postexilique. — « et David leur roi » est une relecture judéenne, cf. 1.7.