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Bible de Jérusalem

Juges 3.7

Histoire des Jugesz

1. OTNIELa

7 Les Israélites firent ce qui est mal aux yeux de Yahvé. Ils oublièrent Yahvé leur Dieu pour servir les Baals et les Ashéras.

z La coutume est d’appeler « grands » Juges ceux dont l’histoire est racontée avec plus ou moins de détails Otniel, Éhud, Débora (et Baraq), Gédéon, Jephté, Samson, et « petits » Juges ceux qui ne reçoivent qu’une brève mention Shamgar, Tola, Yaïr, Ibçan, Elôn, Abdôn. Cette distinction n’est pas faite par le texte, mais elle correspond à peu près à deux types différents de personnages qu’il présente. Les premiers sont suscités par Dieu pour délivrer le peuple de l’oppression, ils sont des chefs charismatiques et des sauveurs. Les seconds remplissent évidemment une charge, mais il est difficile de préciser leurs attributions. Ils « jugent », ce qui inclut l’administration de la justice mais la dépasse. Le même verbe, rarement en hébreu mais plus souvent dans d’autres langues sémitiques de l’ouest, signifie « gouverner », et « juge » devient synonyme de « roi ». Au « Juge » (shophet), on peut comparer les « Suffètes » de Tyr et de Carthage. Les chiffres précis donnés pour le temps où ils furent en charge indiquent une bonne source historique, mais l’extension de leur autorité à tout Israël et leur succession chronologique semble être une construction secondaire. L’auteur du livre des Juges étend le nom de cette fonction aux héros libérateurs dont il recueille les histoires. Il se les représente comme ayant, eux aussi, « jugé » Israël, et leur série, complétée par les « petits » Juges pour atteindre au chiffre des douze tribus, lui sert à meubler le temps qui s’est écoulé entre la mort de Josué et l’installation de Saül. De fait, le régime des Juges a été, au niveau de la cité et du district, une étape entre le gouvernement tribal et la monarchie.

a Ce petit récit est énigmatique. Otniel ne peut être que le conquérant de Debir (1.13), ville du Sud judéen. L’oppresseur est Kushân-Risheatayim, roi d’Aram-Naharayim d’après l’hébr., et le nom géographique désigne la région des deux Fleuves, la Mésopotamie du Nord, cf. Gn 24.10. Ces données ne semblent pas conciliables. Une solution possible est de lire Edom au lieu d’Aram, car l’écriture des deux noms est très proche en hébr. ; Naharayim, précision qui n’existe pas au v. 10, aurait été ajouté par la suite. Ce qui est certain, c’est qu’un rédacteur tardif a utilisé une ancienne tradition du Sud pour donner à un homme de la tribu de Juda une place dans la galerie des Juges. En effet, à partir de David, les Calébites ont été intégrés dans cette tribu.