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Bible de Jérusalem

Matthieu 22.11-

11 « Le roi entra alors pour examiner les convives, et il aperçut là un homme qui ne portait pas la tenue de noces. 12 « Mon ami, lui dit-il, comment es-tu entré ici sans avoir une tenue de noces ? » L’autre resta muet. 13 Alors le roi dit aux valets : « Jetez-le, pieds et poings liés, dehors, dans les ténèbres : là seront les pleurs et les grincements de dents. » 14 Car beaucoup sont appelés, mais peu sont élus.z

z Cette sentence semble se rapporter à la première partie de la parabole plutôt qu’à la seconde. Ce n’est pas des élus en général qu’il s’agit, mais des Juifs, les premiers invités. La parabole ne dit pas, mais n’exclut pas non plus, que quelque « peu » d’entre eux ont répondu et sont élus, cf. 24.22.

L’impôt dû à César.

15 Alors les Pharisiens allèrent se concerter en vue de le surprendre en parole ;

16 et ils lui envoient leurs disciples, accompagnés des Hérodiens,a pour lui dire : « Maître, nous savons que tu es véridique et que tu enseignes la voie de Dieu en vérité sans te préoccuper de qui que ce soit, car tu ne regardes pas au rang des personnes.

a Partisans de la dynastie des Hérodes, Mc 3.6, tout désignés pour aller déférer à l’autorité romaine le mot hostile à César qu’on espérait faire dire à Jésus.

17 Dis-nous donc ton avis : Est-il permis ou non de payer l’impôt à César ? » 18 Mais Jésus, connaissant leur perversité, riposta : « Hypocrites ! pourquoi me tendez-vous un piège ? 19 Faites-moi voir l’argent de l’impôt. » Ils lui présentèrent un denier 20 et il leur dit : « De qui est l’effigie que voici ? Et l’inscription ? » Ils disent : 21 « De César. » Alors il leur dit : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. »b

b Puisqu’ils acceptent pratiquement l’autorité et les bienfaits du pouvoir romain, dont cette monnaie est le symbole, ils peuvent et même doivent lui rendre l’hommage de leur obéissance et de leurs biens, sans préjudice de ce qu’ils doivent par ailleurs à l’autorité supérieure de Dieu.

22 À ces mots ils furent tout surpris et, le laissant, ils s’en allèrent.

La résurrection des morts.

23 Ce jour-là, des Sadducéens, gens qui disent qu’il n’y a pas de résurrection,c s’approchèrent de lui et l’interrogèrent en disant :

c Cette secte, 3.7, s’en tenait strictement à la tradition écrite, surtout du Pentateuque, et assurait n’y pas trouver la doctrine de la résurrection de la chair, cf. 2 M 7.9. Les Pharisiens s’opposaient à eux sur ce point. Cf. Ac 4.1 ; 23.8.

24 « Maître, Moïse a dit : Si quelqu’un meurt sans avoir d’enfants, son frère épousera la femme, sa belle-sœur, et suscitera une postérité à son frère. 25 Or il y avait chez nous sept frères. Le premier se maria, puis mourut sans postérité, laissant sa femme à son frère. 26 Pareillement le deuxième, puis le troisième, jusqu’au septième. 27 Finalement, après eux tous, la femme mourut. 28 À la résurrection, duquel des sept sera-t-elle donc la femme ? Car tous l’auront eue. » 29 Jésus leur répondit : « Vous êtes dans l’erreur, en ne connaissant ni les Écritures ni la puissance de Dieu. 30 À la résurrection, en effet, on ne prend ni femme ni mari, mais on est comme des anges dans le ciel. 31 Quant à ce qui est de la résurrection des morts, n’avez-vous pas lu l’oracle dans lequel Dieu vous dit :

32 Je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob ? Ce n’est pas de morts mais de vivants qu’il est le Dieu ! »d

d Quand Dieu accorde sa protection à un individu ou à un peuple au point de devenir « son Dieu », ce ne peut être d’une manière imparfaite et éphémère qui le laisse retourner au néant. Cette exigence d’éternité de la part de l’amour divin ne fut pas clairement perçue aux débuts de la révélation biblique, d’où cette croyance à un « shéol » sans résurrection (Isa 38.10-20 ; Ps 6.6 ; 88.11-13), à laquelle le traditionalisme conservateur des Sadducéens, Ac 28.8, prétendait rester fidèle. Mais le progrès de la Révélation a peu a peu compris et satisfait cette exigence, Ps 16.10-11 ; 49.16 ; 73.24, en annonçant le retour à la vie. Sg 3.1-9, de tout homme, sauvé jusque dans son corps. Dn 12.2-3 ; 2 M 7.9s ; 12.43-46 ; 14.46. C’est cette révélation ultime que Jésus sanctionne par son interprétation de Ex 3.6.

33 Et les foules, qui avaient entendu, étaient frappées de son enseignement.

Le plus grand commandement.

34 Apprenant qu’il avait fermé la bouche aux Sadducéens, les Pharisiens se réunirent en groupe, 35 et l’un d’euxe lui demanda pour l’embarrasser :

e Add. « un légiste », sans doute emprunté à Lc 10.25.

36 « Maître, quel est le plus grand commandement de la Loi ? » 37 Jésus lui dit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit : 38 voilà le plus grand et le premier commandement. 39 Le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même.f

f Ces deux préceptes de l’amour, de Dieu et du prochain, se trouvent également associés dans la Didachè 1.2, qui pourrait reprendre ici un traité juif des Deux Voies, cf. 7.13.

40 À ces deux commandements se rattache toute la Loi, ainsi que les Prophètes. »

Le Christ, fils et Seigneur de David.

41 Comme les Pharisiens se trouvaient réunis, Jésus leur posa cette question :

42 « Quelle est votre opinion au sujet du Christ ? De qui est-il fils ? » Ils lui disent : « De David. » — 43 « Comment donc, dit-il, David parlant sous l’inspiration l’appelle-t-il Seigneur quand il dit :

44 Le Seigneur a dit à mon Seigneur :
Siège à ma droite,
jusqu’à ce que j’aie mis tes ennemis
dessous tes pieds ?

45 Si donc David l’appelle Seigneur, comment est-il son fils ? » 46 Nul ne fut capable de lui répondre un mot.g Et à partir de ce jour personne n’osa plus l’interroger.

g La juste réponse eût été que, tout en descendant de David par ses origines humaines, cf. 1.1-17, le Messie avait aussi un caractère divin qui le rendait supérieur à David et que celui-ci avait prophétisé.