retour

Bible de Jérusalem

Apocalypse 14-16

Les compagnons de l’Agneau.k

14 Puis voici que l’Agneaul apparut à mes yeux ; il se tenait sur le mont Sion, avec cent quarante-quatre milliers de gens portant inscrits sur le front leur nom et le nom de son Père.

k Aux sectateurs de la Bête, marqués du chiffre de son nom, 13.16-17, Jean oppose les fidèles de l’Agneau, 5.6, marqués de son nom et du nom de son Père, 7.4 ; 12.17. C’est le « reste », 11.1, fidèle à travers les persécutions, autour duquel sera restauré le Royaume après la victoire. Le mont Sion est le trône de Dieu, cf. 21.1.

l Var. « un Agneau ».

2 Et j’entendis un bruit venant du ciel, comme le mugissement des grandes eaux ou le grondement d’un orage violent, et ce bruit me faisait songer à des joueurs de harpe touchant de leurs instruments ; 3 ils chantent un cantique nouveaum devant le trône et devant les quatre Vivants et les Vieillards. Et nul ne pouvait apprendre le cantique, hormis les cent quarante-quatre milliers, les rachetés à la terre.

m Moïse avait chanté la délivrance d’Égypte, Ex 15.1-21 ; cf. 15.3-4 ; le cantique nouveau célèbre la nouvelle délivrance du Peuple de Dieu et l’ordre nouveau instauré par l’Agneau immolé.

4 Ceux-là, ils ne se sont pas souillés avec des femmes, ils sont vierges ;n ceux-là suivent l’Agneau partout où il va ;o ceux-là ont été rachetés d’entre les hommes comme prémices pour Dieu et pour l’Agneau.

n Au sens métaphorique la luxure désigne traditionnellement l’idolâtrie, cf. Os 1.2, ici le culte de la Bête, 17.1, etc. Les cent quarante-quatre mille sont rachetés, 5.9, sont intègres et fidèles, v. 5, ils ont refusé l’idolâtrie et peuvent être fiancés à l’Agneau, cf. 19.9 ; 21.2 ; 2 Co 11.2.

o Comme Israël suivait Yahvé au temps de l’Exode, le Peuple nouveau des rachetés suit l’Agneau, jusqu’au désert, cf. Jr 2.2-3, où seront nouées de nouvelles fiançailles (Os 2.16-25).

5 Jamais leur bouche ne connut le mensonge : ils sont immaculés.p

p Vocabulaire sacrificiel. Les prémices représentaient toute la moisson, Dt 26.2, les premiers-nés toute la famille, Nb 3.12, etc. Les victimes offertes au vrai Dieu devaient être sans défaut, Ex 12.5 ; 1 P 1.19.

Des anges annoncent l’heure du Jugement.q

6 Puis je vis un autre Ange qui volait au zénith, ayant une bonne nouvelle éternelle à annoncer à ceux qui demeurent sur la terre, à toute nation, race, langue et peuple.

q Trois anges viennent inviter les impies persécuteurs au repentir ; mais les impies s’obstineront, 16.2, 9, 11, 21. Cf. 15.5.

7 Il criait d’une voix puissante : « Craignez Dieu et glorifiez-le, car voici l’heure de son Jugement ; adorez donc Celui qui a fait le ciel et la terre et la mer et les sources. » 8 Un autre Ange, un deuxième, le suivit en criant : « Elle est tombée, elle est tombée,r Babylone la Grande, elle qui a abreuvé toutes les nations du vin de la colère. »s

r Parfaits prophétiques.

s « du vin de la colère » corr. ; « du vin de la colère de sa prostitution » grec, comme en 18.3. — Le « vin de la colère » est une image courante chez les prophètes, Isa 51.17, de la colère divine promise aux idolâtres.

9 Un autre Ange, un troisième, les suivit, criant d’une voix puissante : « Quiconque adore la Bête et son image, et se fait marquer sur le front ou sur la main, 10 lui aussi boira le vin de la fureur de Dieu, qui se trouve préparé, pur, dans la coupe de sa colère. Il subira le supplice du feu et du soufre,t devant les saints Anges et devant l’Agneau.

t L’étang de feu et de soufre embrasé est le lieu de punition des impies, cf. 19.20 ; 20.10 ; 21.8.

11 Et la fumée de leur supplice s’élève pour les siècles des siècles ; non, point de repos, ni le jour ni la nuit, pour ceux qui adorent la Bête et son image, pour qui reçoit la marque de son nom. » 12 Voilà qui fonde la constance des saints, ceux qui gardent les commandements de Dieu et la foi en Jésus. 13 Puis j’entendis une voix me dire, du ciel : « Écris : Heureux les morts qui meurent dans le Seigneur ; dès maintenant — oui, dit l’Esprit — qu’ils se reposent de leurs fatigues, car leurs œuvres les accompagnent. »u

u Contraste marqué entre le châtiment des impies et le repos heureux qui attend les fidèles, v. 12, dès leur mort, cf. 6.9-11.

La moisson et la vendange des nations.v

14 Et voici qu’apparut à mes yeux une nuée blanche et sur la nuée était assis comme un Fils d’homme, ayant sur la tête une couronne d’or et dans la main une faucille aiguisée.

v Moisson et vendange sont deux images du jugement divin, qui sera décrit 19.11-20.

15 Puis un autre Ange sortit du temple et cria d’une voix puissante à celui qui était assis sur la nuée : « Jette ta faucille et moissonne, car c’est l’heure de moissonner, la moisson de la terre est mûre. » 16 Alors celui qui était assis sur la nuée jeta sa faucille sur la terre, et la terre fut moissonnée.

17 Puis un autre Ange sortit du temple, au ciel, tenant également une faucille aiguisée. 18 Et un autre Ange sortit de l’autelw — l’Ange préposé au feu — et cria d’une voix puissante à celui qui tenait la faucille : « Jette ta faucille aiguisée, vendange les grappes dans la vigne de la terre, car ses raisins sont mûrs. »

w De l’autel montent le sang des martyrs, 6.9 ; 11.1, et la prière des saints, 8.3-5 ; 9.13, que l’Ange porte à Dieu pour demander justice.

19 L’Ange alors jeta sa faucille sur la terre, il en vendangea la vigne et versa le tout dans la cuve de la colère de Dieu, cuve immense ! 20 Puis on la foula hors de la ville,x et il en coula du sang qui monta jusqu’au mors des chevaux sur une étendue de mille six cents stades.

x L’extermination des nations païennes doit s’effectuer hors de Jérusalem, d’après Za 14.2s, 12s ; Ez 38-39, cf. Lv 4.12 ; He 13.11-12.

Le cantique de Moïse et de l’Agneau.y

15 Puis je vis dans le ciel encore un signe, grand et merveilleux : sept Anges, portant sept fléaux, les derniers puisqu’ils doivent consommer la colère de Dieu.

y La vision des sept coupes reprend celle des sept trompettes, 8.2ss. Entre les vv. 1 et 5 s’intercale le cantique entonné par les élus à louange de Celui qui les sauve.

2 Et je vis comme une mer de cristal mêlée de feu, et ceux qui ont triomphé de la Bête, de son image et du chiffre de son nom, debout près de cette mer de cristal. S’accompagnant sur les harpes de Dieu, 3 ils chantent le cantique de Moïse,z le serviteur de Dieu, et le cantique de l’Agneau :

« Grandes et merveilleuses sont tes œuvres,
Seigneur, Dieu Maître-de-tout ;
justes et droites sont tes voies,
ô Roi des nations.

z Comme le cantique de Moïse, Ex 15, celui-ci est un chant de délivrance, 14.1. Il est tissé de réminiscences bibliques. Il évoque moins la rigueur des châtiments que le triomphe du Seigneur et des siens.

4 Qui ne craindrait, Seigneur, et ne glorifierait ton nom ?
Car seul tu es saint ;
et tous les païens viendront se prosterner devant toi,
parce que tu as fait éclater tes vengeances. »

Les sept fléaux des sept coupes.a

5 Après quoi, ma vision se poursuivit. Au ciel s’ouvrit le temple, la Tente du Témoignage,

a On revient aux fléaux, v. 1, qui vont tomber sur Babylone = Rome, 16.18-19. Comme en 8-9, ils rappellent les plaies d’Égypte. Les Anges qui en sont chargés sortent de la Tente qui est le vrai Temple du ciel, 11.19. Dans un cadre de théophanie, ils accomplissent la liturgie de la justice.

6 d’où sortirent les sept Anges aux sept fléaux, vêtus de robes de lin pur, éblouissantes, serrées à la taille par des ceintures en or. 7 Puis, l’un des quatre Vivants remit aux sept Anges sept coupes en or remplies de la colère du Dieu qui vit pour les siècles des siècles. 8 Et le temple se remplit d’une fumée produite par la gloire de Dieu et par sa puissance, en sorte que nul ne put y pénétrerb jusqu’à la consommation des sept fléaux des sept Anges.

b L’évocation de la gloire, Ex 24.16, présente dans le Temple est le signe de la présence de Dieu au milieu de son peuple aux temps messianiques. Cf. 2 M 2.4-8 ; Ex 40.34-35 ; 1 R 8.10 ; 21.3.

16 Et j’entendis une voix qui, du temple, criait aux sept Anges : « Allez, répandez sur la terre les sept coupes de la colère de Dieu. » 2 Et le premier s’en alla répandre sa coupe sur la terre ; alors, ce fut un ulcère mauvais et pernicieux sur les gens qui portaient la marque de la Bête et se prosternaient devant son image. 3 Et le deuxième répandit sa coupe dans la mer ; alors, ce fut du sang — on aurait dit un meurtre ! — et tout être vivant mourut dans la mer.

4 Et le troisième répandit sa coupe dans les fleuves et les sources ; alors, ce fut du sang. 5 Et j’entendis l’Ange des eaux qui disait : « Tu es juste, « Il est et Il était », le Saint, d’avoir ainsi châtié ; 6 c’est le sang des saints et des prophètes qu’ils ont versé, c’est donc du sang que tu leur as fait boire, ils le méritent ! » 7 Et j’entendis l’autel dire : « Oui, Seigneur, Dieu Maître-de-tout, tes châtiments sont vrais et justes. » 8 Et le quatrième répandit sa coupe sur le soleil ; alors, il lui fut donné de brûler les hommes par le feu, 9 et les hommes furent brûlés par une chaleur torride. Mais, loin de se repentir en rendant gloire à Dieu, ils blasphémèrent le nom du Dieu qui détenait en son pouvoir de tels fléaux.

10 Et le cinquième répandit sa coupe sur le trône de la Bête ;c alors, son royaume devint ténèbres, et l’on se mordait la langue de douleur.

c Rome, type de la cité terrestre hostile à Dieu.

11 Mais, loin de se repentir de leurs agissements, les hommes blasphémèrent le Dieu du ciel sous le coup des douleurs et des plaies. 12 Et le sixième répandit sa coupe sur le grand fleuve Euphrate ; alors, ses eaux tarirent, livrant passage aux rois de l’Orient.d

d Si l’Euphrate est à sec, les Romains perdent toute protection à l’égard des guerriers parthes, 9.14.

13 Puis, de la gueule du Dragon, et de la gueule de la Bête, et de la gueule du faux prophète, je vis surgir trois esprits impurs, comme des grenouilles — 14 et de fait, ce sont des esprits démoniaques, des faiseurs de prodiges, qui s’en vont rassembler les rois du monde entier pour la guerre, pour le grand Jour du Dieu Maître-de-tout.e

e C’est le rassemblement de toutes les nations païennes en vue de leur extermination par le Christ.

15 (Voici que je viens comme un voleur : heureux celui qui veille et garde ses vêtements pour ne pas aller nu et laisser voir sa honte.) 16 Ils les rassemblèrent au lieu dit, en hébreu, Harmagedôn.f

f C’est-à-dire la montagne de Meggido. Cette ville de la plaine qui borde la chaîne du Carmel, lieu de la défaite du roi Josias, 2 R 23.29s, reste un symbole de désastre pour les armées qui s’y rassemblent, cf. Za 12.11.

17 Et le septième répandit sa coupe dans l’air ; alors, partant du temple,g une voix clama : « C’en est fait ! »

g Add. « (venant) du trône » ou « (venant) de Dieu ».

18 Et ce furent des éclairs et des voix et des tonnerres, avec un violent tremblement de terre ; non, depuis qu’il y a des hommes sur la terre, jamais on n’avait vu pareil tremblement de terre, aussi violent ! 19 La Grande Cité se scinda en trois parties, et les cités des nations croulèrent ; et Babylone la grande, Dieu s’en souvint pour lui donner la coupe où bouillonne le vin de sa colère. 20 Alors, toute île prit la fuite, et les montagnes disparurent.h

h Ces phénomènes cosmiques symbolisent les puissances terrestres emportées au souffle de la colère divine.

21 Et des grêlons énormes — près de quatre-vingts livres !i — s’abattirent du ciel sur les hommes. Et les hommes blasphémèrent Dieu, à cause de cette grêle désastreuse ; oui, elle est bien cause d’un effrayant désastre.j

i Littéralement « près d’un talent » environ 40 kg.

j Tous ces fléaux n’exterminent pas l’humanité, mais ils provoquent de nouveaux blasphèmes, vv. 9, 11 ; cf. 11.14.