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Bible de Jérusalem

Apocalypse 4-22

II. Les visions prophétiques

1. LES PRÉLIMINAIRES DU « GRAND JOUR » DE DIEU

Dieu remet à l’Agneau les destinées du monde.a

4 J’eus ensuite une vision. Voici : une porte était ouverte au ciel, et la voix que j’avais naguère entendu me parler comme une trompette me dit : Monte ici, que je te montre ce qui doit arriver par la suite.

a Dieu sur son trône est glorifié par sa cour céleste, 4, puis l’horizon s’étend à l’univers dont les destinées sont remises à l’Agneau rédempteur sous la forme d’un livre scellé, 5. Suivront de larges visions symboliques préludant au « Grand Jour » où la colère de Dieu tombera sur les païens persécuteurs, 17-19.

2 À l’instant, je tombai en extase. Voici, un trône était dressé dans le ciel, et, siégeant sur le trône, Quelqu’un...b

b Jean se garde de décrire Dieu sous forme humaine et même de le nommer il n’en donne qu’une vision de lumière. Toute la scène s’inspire d’Ez 1 et 10 ; cf. aussi Isa 6.

3 Celui qui siège est comme une vision de jaspe et de cornaline ; un arc-en-ciel autour du trône est comme une vision d’émeraude. 4 Vingt-quatre sièges entourent le trône, sur lesquels sont assis vingt-quatre Vieillards vêtus de blanc, avec des couronnes d’or sur leurs têtes.c

c Ces Vieillards exercent un rôle sacerdotal et royal ils louent et adorent Dieu, 4.10 ; 5.9 ; 11.16, 17 ; 19.4, et lui offrent les prières des fidèles, 5.8 ; ils l’assistent dans le gouvernement du monde (trônes) et participent à son pouvoir royal (couronnes). Leur nombre correspond peut-être à celui des 24 ordres sacerdotaux de 1 Ch 24.1-19.

5 Du trône partent des éclairs, des voix et des tonnerres,d et sept lampes de feu brûlent devant lui, les sept Esprits de Dieu.e

d Comme souvent dans les théophanies, cf. Ex 19.16 ; Ez 1.4, 13.

e Plutôt que l’Esprit Saint, 1.4 (qui deviendra, dans la tradition chrétienne, rapportée aussi à Isa 11.2, l’Esprit « septiforme »), ce sont ici les « Anges de la Face », cf. 3.1 ; 8.2 ; Tb 12.15, qui sont les envoyés de Dieu, cf. Za 4.10 ; 5.6 ; Tb 12.14 ; Lc 1.26 et passim .

6 Devant le trône, on dirait une mer,f transparente autant que du cristal. Au milieu du trône et autour de lui,g se tiennent quatre Vivants, constellés d’yeux par-devant et par-derrière.h

f Soit les « eaux supérieures » de Gn 1.7 ; Ps 104.3, soit la « Mer » de 1 R 7.23-26.

g La disposition est difficile à imaginer. « Au milieu du trône » peut être une glose venue de Ez 1.5.

h Symbolisme inspiré d’Ez 1.5-21. Ces Vivants (litt. « Êtres animés, Animaux ») sont les quatre Anges qui président au gouvernement du monde physique, cf. 1.20 quatre est un chiffre cosmique (les points cardinaux, les vents ; cf. 7.1). Leurs yeux multiples symbolisent la science universelle et la providence de Dieu. Ils adorent Dieu et lui rendent gloire pour son œuvre créatrice. Leurs formes (lion, taureau, homme, aigle) représentent ce qu’il y a de plus noble, de plus fort, de plus sage, de plus agile dans la création. Depuis saint Irénée, la tradition chrétienne y a vu le symbole des quatre évangélistes.

7 Le premier Vivant est comme un lion ; le deuxième Vivant est comme un jeune taureau ; le troisième Vivant a comme un visage d’homme ; le quatrième Vivant est comme un aigle en plein vol. 8 Les quatre Vivants, portant chacun six ailes, sont constellés d’yeux tout autour et en dedans. Ils ne cessent de répéter jour et nuit :

« Saint, Saint, Saint,
Seigneur, Dieu Maître-de-tout
,
« Il était, Il est et Il vient ». »i

i La doxologie d’Isaïe était déjà en usage dans le culte synagogal et elle a été reprise par les liturgies chrétiennes. La liturgie de la terre est une participation au culte éternel (« jour et nuit ») du ciel.

9 Et chaque fois que les Vivants offrent gloire, honneur et action de grâces à Celui qui siège sur le trône et qui vit dans les siècles des siècles, 10 les vingt-quatre Vieillards se prosternent devant Celui qui siège sur le trône pour adorer Celui qui vit dans les siècles des siècles ; ils lancent leurs couronnes devant le trônej en disant :

j Les Vieillards font hommage à Dieu de la puissance qu’ils ont reçue de lui, ce que refuseront de faire les rois de la terre, 17.2, etc. — « il n’était pas » (v. ; d’après certains manuscrits, texte incertain. On peut aussi comprendre « il exista ».

11 « Tu es digne, ô notre Seigneur et notre Dieu,
de recevoir la gloire, l’honneur et la puissance,
car c’est toi qui créas l’univers ;
par ta volonté, il n’était pas et fut créé. »

5 Et je vis dans la main droite de Celui qui siège sur le trône un livre roulé,k écrit au recto et au verso, et scellé de sept sceaux.

k Les décrets divins concernant les événements des derniers temps. Les sceaux seront brisés un à un, et les secrets seront dévoilés, aux chap. 6-9. La présentation de l’Agneau près du trône de Dieu, 5, est un événement qui intervient dans la liturgie éternelle de 4.

2 Et je vis un Ange puissant proclamant à pleine voix : « Qui est dignel d’ouvrir le livre et d’en briser les sceaux ? »

l Seul en sera « digne » celui qui dans l’épreuve s’en est montré capable par ses actes 5.9, 12.

3 Mais nul n’était capable, ni dans le ciel, ni sur la terre, ni sous la terre,m d’ouvrir le livre et de le lire.

m Dans l’Hadès, 1.18.

4 Et je pleurais fort de ce que nul ne s’était trouvé digne d’ouvrir le livre et de le lire. 5 L’un des Vieillards me dit alors : « Ne pleure pas. Voici : il a remporté la victoire,n le Lion de la tribu de Juda, le Rejeton de David ; il ouvrira donc le livre aux sept sceaux. »

n Sur Satan et le monde, cf. Jn 3.35 ; 1 Jn 2.14.

6 Alors je vis, debout entre le trône aux quatre Vivants et les Vieillards, un Agneau, comme égorgé,o portant sept cornes et sept yeux,p qui sont les sept Esprits de Dieu en mission par toute la terre.

o Succédant aux titres messianiques du v. 5, le titre d’Agneau apparaît ici et sera donné au Christ une trentaine de fois dans Ap. C’est l’Agneau qui a été immolé pour le salut du peuple élu, cf. Jn 1.29, Isa 53.7. Il porte les marques de son supplice, mais il est debout, triomphant, cf. Ac 7.55, vainqueur de la mort, 1.18, et pour cette raison associé à Dieu comme maître de toute l’humanité, v. 13, etc. ; cf. 21-22, Rm 1.4, etc.

p Symboles de la puissance (cornes) et de la connaissance (yeux) que le Christ possède en plénitude (chiffre 7).

7 Il s’en vint prendre le livre dans la main droite de Celui qui siège sur le trône. 8 Quand il l’eut pris, les quatre Vivants et les vingt-quatre Vieillards se prosternèrent devant l’Agneau, tenant chacun une harpe et des coupes d’or pleines de parfums, les prières des saints ; 9 ils chantaient un cantique nouveau :

« Tu es digne de prendre le livre
et d’en ouvrir les sceaux,
car tu fus égorgé et tu rachetas pour Dieu,q
au prix de ton sang,
des hommes de toute race, langue, peuple et nation ;r

q Var. « tu nous rachetas », « tu nous rachetas pour Dieu ». La leçon « nous » suppose que les Vieillards sont des hommes, peut-être les Patriarches de l’AT.

r Expression stéréotypée de l’universalité. Cf. Dn 3.4, 7, 96 ; 6.26.

10 tu as fait d’eux pour notre Dieu
une Royauté de Prêtres régnants sur la terre. »

s Vulg. « tu as fait de nous... nous régnerons... ».

11 Et ma vision se poursuivit. J’entendis la voix d’une multitude d’Anges rassemblés autour du trône, des Vivants et des Vieillards — ils se comptaient par myriades de myriades et par milliers de milliers !12 et criant à pleine voix :

« Digne est l’Agneau égorgé
de recevoir la puissance, la richesse,t la sagesse,
la force, l’honneur, la gloire et la louange. »

t Vulg. « divinité ».

13 Et toute créature, dans le ciel, et sur la terre, et sous la terre, et sur la mer, l’univers entier, je l’entendis s’écrier :

« À Celui qui siège sur le trône, ainsi qu’à l’Agneau,
la louange, l’honneur, la gloire et la puissance
dans les siècles des siècles ! »

14 Et les quatre Vivants disaient : « Amen ! »; et les Vieillards se prosternèrent pour adorer.

L’Agneau brise les sept sceaux.u

6 Et ma vision se poursuivit. Lorsque l’Agneau ouvrit le premier des sept sceaux, j’entendis le premier des quatre Vivants crier comme d’une voix de tonnerre : « Viens ! »

u Les chap. 6-9 forment un tout. À mesure que l’Agneau descelle le Livre, 6-8.1, et que résonnent les trompettes, 8.2-9, se déroule la vision des événements qui annoncent et préparent la déroute de l’Empire romain, prototype des ennemis de Dieu. Cf. Mt 24. — Les quatre cavaliers de cette première vision sont inspirés de Za 1.8-10 ; 6.1-3 ; mais ils symbolisent aussi les quatre fléaux dont les prophètes menaçaient Israël infidèle bêtes fauves, guerre, famine, peste, cf. Lv 26.21-26 ; Dt 32.24 ; Ez 5.17 ; 14.13-21 ; et aussi Ez 6.11-12 ; 7.14-15 ; 12.16 ; 33.27.

2 Et voici qu’apparut à mes yeux un cheval blanc ; celui qui le montait tenait un arc ; on lui donna une couronne et il partit en vainqueur, et pour vaincre encore.v

v Le cavalier au cheval blanc fait penser aux Parthes (dont l’arme propre était l’arc), terreur du monde romain au Ier siècle, « fauves de la terre », v. 8 (cf. Dt 7.22 ; Jr 15.2-4 ; 50.17 ; Ez 34.28, et l’invasion décrite 9.13-21). Tout un courant de la tradition chrétienne a vu dans ce cavalier vainqueur le Verbe de Dieu lui-même, 19.11-16, ou l’expansion de l’Évangile.

3 Lorsqu’il ouvrit le deuxième sceau, j’entendis le deuxième Vivant crier : « Viens ! » 4 Alors surgit un autre cheval, rouge-feu ; celui qui le montait, on lui donna de bannir la paix hors de la terre, et de faire que l’on s’entr’égorgeât ; on lui donna une grande épée.w

w Symbole des guerres sanglantes provoquées par le premier cavalier.

5 Lorsqu’il ouvrit le troisième sceau, j’entendis le troisième Vivant crier : « Viens ! » Et voici qu’apparut à mes yeux un cheval noir ; celui qui le montait tenait à la main une balance,x

x Symbole de la famine denrées rationnées et prix exorbitants.

6 et j’entendis comme une voix, du milieu des quatre Vivants, qui disait : « Un litre de blé pour un denier, trois litres d’orge pour un denier ! Quant à l’huile et au vin, ne les gâche pas ! »

7 Lorsqu’il ouvrit le quatrième sceau, j’entendis le cri du quatrième Vivant : « Viens ! » 8 Et voici qu’apparut à mes yeux un cheval verdâtre ; celui qui le montait, on le nomme : la Mort ;y et l’Hadès le suivait.z
Alors, on leur donna pouvoir sur le quart de la terre, pour exterminer par l’épée, par la faim, par la peste, et par les fauves de la terre.

y La couleur « verte » est celle du cadavre qui se décompose, surtout par l’effet de la peste.

z Pour engloutir les victimes.

9 Lorsqu’il ouvrit le cinquième sceau, je vis sous l’autela les âmes de ceux qui furent égorgés pour la Parole de Dieu et le témoignage qu’ils avaient rendu.

a L’autel, 8.3 ; 9.13 ; 14.18 ; 16.7, répond dans cette liturgie céleste à l’autel des holocaustes, 1 R 8.64. Les martyrs, témoins de la Parole, sont associés à l’immolation de leur Maître, cf. Ph 2.17.

10 Ils crièrent d’une voix puissante : « Jusques à quand, Maître saint et vrai, tarderas-tu à faire justice, à tirer vengeanceb de notre sang sur les habitants de la terre ? »

b Comme pour les Psaumes qui font parler le peuple maltraité ou les innocents opprimés, cf. Ps 13.2-3 ; 58.11-12 ; 59.6, 14 ; 79.10 ; 83.14-19 ; 94.1-6, 16-23, l’appel à la vengeance est à comprendre comme une invocation confiante de Dieu, seul juge et sauveur, cf. Lc 18.7. Les martyrs sont invités à la patience (v. 11).

11 Alors on leur donna à chacun une robe blanchec en leur disant de patienter encore un peu, le temps que fussent au complet leurs compagnons de service et leurs frères qui doivent être mis à mort comme eux.

c Symbole de la joie triomphante 3.5 ; 7.9, 13-14 ; 19.8.

12 Et ma vision se poursuivit. Lorsqu’il ouvrit le sixième sceau, alors il se fitd un violent tremblement de terre, et le soleil devint noir comme une étoffe de crin, et la lune devint tout entière comme du sang,

d Tous ces signes cosmiques, vv. 12-14, accompagnent chez les prophètes le Jour de Yahvé, Am 8.9. Ils symbolisent le déchaînement de la Colère de Dieu, cf. Mt 24.1.

13 et les astres du ciel s’abattirent sur la terre comme les figues avortées que projette un figuier tordu par la tempête, 14 et le ciel disparut comme un livre qu’on roule, et les monts et les îles s’arrachèrent de leur place ; 15 et les rois de la terre, et les hauts personnages, et les grands capitaines, et les gens enrichis, et les gens influents, et tous enfin, esclaves ou libres, ils allèrent se terrer dans les cavernes et parmi les rochers des montagnes, 16 disant aux montagnes et aux rochers : « Croulez sur nous et cachez-nous loin de Celui qui siège sur le trône et loin de la colère de l’Agneau. » 17 Car il est arrivé, le grand Jour de sa colère,e et qui donc peut tenir ?

e Var. « de leur colère ».

Les serviteurs de Dieu seront préservés.

7 Après quoi je vis quatre Anges, debout aux quatre coins de la terre, retenant les quatre vents de la terre pour qu’il ne soufflât point de vent, ni sur la terre, ni sur la mer, ni sur aucun arbre. 2 Puis je vis un autre Ange monter de l’orient, portant le sceau du Dieu vivant ; il cria d’une voix puissante aux quatre Anges auxquels il fut donné de malmener la terre et la mer : 3 « Attendez, pour malmener la terre et la mer et les arbres, que nous ayons marqué au front les serviteurs de notre Dieu. » 4 Et j’appris combien furent alors marqués du sceau : cent quarante-quatre millef de toutes les tribus des fils d’Israël.

f Le carré de douze (le nombre sacré), multiplié par mille la multitude des fidèles du Christ, peuple de Dieu, Israël nouveau, Ga 6.16, cf. Jc 1.1 ; 11.1 ; 20.9. Marqués du sceau divin, Rm 4.11, ils échapperont finalement aux fléaux attendus cf. Ex 12.7-14.

5 De la tribu de Juda, douze mille furent marqués ; de la tribu de Ruben, douze mille ; de la tribu de Gad, douze mille ; 6 de la tribu d’Aser, douze mille ; de la tribu de Nephtali, douze mille ; de la tribu de Manassé, douze mille ; 7 de la tribu de Siméon, douze mille ; de la tribu de Lévi, douze mille ; de la tribu d’Issachar, douze mille ; 8 de la tribu de Zabulon, douze mille ; de la tribu de Joseph, douze mille ; de la tribu de Benjamin, douze mille furent marqués.

Le triomphe des élus au ciel.

9 Après quoi, voici qu’apparut à mes yeux une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, de toute nation, race, peuple et langue ;g debout devant le trône et devant l’Agneau, vêtus de robes blanches, des palmes à la main,h

g Cette fois, c’est la foule des martyrs chrétiens déjà en possession du bonheur céleste, v. 14 ; 15.2-4.

h Les palmes du triomphe, évoquant la fête joyeuse des Tabernacles, Lv 23.33-34 ; etc. (au v. 15 la tente de Dieu deviendra leur demeure).

10 ils crient d’une voix puissante : « Le salut à notre Dieu, qui siège sur le trône, ainsi qu’à l’Agneau ! » 11 Et tous les Anges en cercle autour du trône, des Vieillards et des quatre Vivants, se prosternèrent devant le trône, la face contre terre, pour adorer Dieu ; 12 ils disaient :

« Amen ! Louange, gloire, sagesse,
action de grâces, honneur, puissance et force
à notre Dieu pour les siècles des siècles ! Amen ! »

13 L’un des Vieillards prit alors la parole et me dit : « Ces gens vêtus de robes blanches, qui sont-ils et d’où viennent-ils ? » 14 Et moi de répondre : « Monseigneur, c’est toi qui le sais. » Il reprit :i « Ce sont ceux qui viennent de la grande épreuve :j ils ont lavé leurs robes et les ont blanchies dans le sang de l’Agneau.k

i Pour le jeu de scène, cf. Za 6.4-5, et aussi 4.4-13.

j Les persécutions, dont celle de Néron était le prototype.

k Le sang symbolisait l’efficacité de la mort de Jésus, Rm 3.25 ; 1 Co 11.25 ; Ep 1.7 ; etc. Ce don est ici accepté par ceux qui en reçoivent les effets.

15 C’est pourquoi ils sont devant le trône de Dieu, le servant jour et nuit dans son temple ; et Celui qui siège sur le trône étendra sur eux sa tente.

16 Jamais plus ils ne souffriront de la faim ni de la soif ; jamais plus ils ne seront accablés ni par le soleil, ni par aucun vent brûlant. 17 Car l’Agneau qui se tient au milieu du trône sera leur pasteur et les conduira aux sources des eaux de la vie. Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux. »l

l Ces images, courantes dans la tradition prophétique pour symboliser le bonheur eschatologique, cf. Os 2.20 ; Isa 11.6, seront reprises en 21.4.

Le septième sceau.

8 Et lorsque l’Agneau ouvrit le septième sceau, il se fit un silence dans le ciel, environ une demi-heure...m

m Comme dans la tradition prophétique, un silence solennel précède et annonce la « venue » de Yahvé. L’exécution des décrets consignés dans le livre ouvert va maintenant se dérouler, selon une nouvelle liturgie céleste marquée par sept sonneries de trompette, 8-9 ; 11.15-18.

Les prières des Saints hâtent l’avènement du grand Jour.

2 Et je vis les sept Anges qui se tiennent devant Dieu ; on leur remit sept trompettes. 3 Un autre Ange vint alors se placer près de l’autel,n muni d’une pelle en or.o On lui donna beaucoup de parfums pour qu’il les offrît, avec les prières de tous les saints, sur l’autel d’or placé devant le trône.

n L’autel des parfums, cf. Ex 30.1 ; 1 R 6.20-21.

o C’est la pelle à feu qui servait à transporter les braises ardentes de l’autel des holocaustes sur l’autel des parfums.

4 Et, de la main de l’Ange, la fumée des parfums s’éleva devant Dieu, avec les prières des saints. 5 Puis l’Ange saisit la pelle et l’emplit du feu de l’autel qu’il jeta sur la terre. Ce furent alors des tonnerres, des voix et des éclairs, et tout trembla.

Les quatre premières trompettes.

6 Les sept Anges aux sept trompettes s’apprêtèrent à sonner.p

p Sur le caractère symbolique de ces fléaux, voir 6.1. Ils semblent de plus être ici un rappel des plaies d’Égypte, Ex 7-10 ; Sg 11.5—12.2. Cf. 15.5ss.

7 Et le premier sonna... Il y eut alors de la grêle et du feu mêlés de sang qui furent jetés sur la terre : et le tiers de la terre fut consumé, et le tiers des arbres fut consumé, et toute herbe verte fut consumée. 8 Et le deuxième Ange sonna... Alors une énorme masse embrasée, comme une montagne, fut projetée dans la mer, et le tiers de la mer devint du sang : 9 il périt ainsi le tiers des créatures vivant dans la mer, et le tiers des navires fut détruit. 10 Et le troisième Ange sonna... Alors tomba du ciel un grand astre, brûlant comme une torche. Il tomba sur le tiers des fleuves et sur les sources ; 11 l’astre se nomme « Absinthe » : le tiers des eaux se changea en absinthe, et bien des gens moururent, de ces eaux devenues amères. 12 Et le quatrième Ange sonna... Alors furent frappés le tiers du soleil et le tiers de la lune et le tiers des étoiles : ils s’assombrirent d’un tiers, et le jour perdit le tiers de sa clarté, et la nuit de même.

13 Et ma vision se poursuivit. J’entendis un aigle volant au zénith et criant d’une voix puissante : « Malheur, malheur, malheur aux habitants de la terre, à cause de la voix des dernières trompettes dont les trois Anges vont sonner. »

La cinquième trompette.

9 Et le cinquième Ange sonna... Alors je vis un astreq qui du ciel avait chu sur la terre. On lui remit la clef du puits de l’Abîme.r

q Un des anges déchus, peut-être Satan lui-même, cf. v. 11 et Lc 10.18.

r Un ange ouvre le lieu où les anges déchus sont détenus en attendant le châtiment final, cf. 11.7 ; 17.8 ; etc.

2 Il ouvrit le puits de l’Abîme et il en monta une fumée, comme celle d’une immense fournaise — le soleil et l’atmosphère en furent obscurcis — 3 et, de cette fumée, des sauterelles se répandirent sur la terre ; on leur donna un pouvoir pareil à celui des scorpions de la terre.s

s L’invasion des sauterelles s’inspire de Jl 1-2 que déjà les Juifs interprétaient historiquement (d’après saint Jérôme) les quatre groupes de sauterelles représentant quatre envahisseurs successifs, Assyriens, Perses, Grecs et Romains ; cf. Jr 51.27. Ici, les sauterelles évoquent probablement les Parthes. Comme les sauterelles tourmentent les hommes sans les faire mourir, on a vu parfois dans leur invasion les tourments spirituels causés par les démons.

4 On leur dit d’épargner les prairies, toute verdure et tout arbre,t et de s’en prendre seulement aux hommes qui ne porteraient pas sur le front le sceau de Dieu.

t Qui symbolisent peut-être les fidèles du Christ préservés, cf. 7.1s.

5 On leur donna, non de les tuer, mais de les tourmenter durant cinq mois. La douleur qu’elles provoquent ressemble à celle d’une piqûre de scorpion. 6 En ces jours-là, les hommes rechercheront la mort sans la trouver, ils souhaiteront mourir et la mort les fuira !

7 Or ces sauterelles, à les voir, font penser à des chevaux équipés pour la guerre ; sur leur tête on dirait des couronnes d’or, et leur face rappelle des faces humaines ; 8 leurs cheveux, des chevelures de femmes, et leurs dents, des dents de lions ; 9 leur thorax, des cuirasses de fer, et le bruit de leurs ailes, le vacarme de chars aux multiples chevaux se ruant au combat ; 10 elles ont une queue pareille à des scorpions, avec un dard ; et dans leur queue se trouve leur pouvoir de torturer les hommes durant cinq mois. 11 À leur tête, comme roi, elles ont l’Ange de l’Abîme ; il s’appelle en hébreu : « Abaddôn », et en grec : « Apollyôn. »u

u Les deux noms se traduisent Destruction et Destructeur.

12 Le premier « Malheur » a passé, voici encore deux « Malheurs » qui le suivent...

La sixième trompette.

13 Et le sixième Ange sonna... Alors j’entendis une voix venant des quatre cornes de l’autel d’orv placé devant Dieu ;

v Pour signifier que le châtiment des païens fait suite à la prière des martyrs décrite en 6.9, 10 (cf. 8.2s).

14 elle dit au sixième Ange portant trompette : « Relâche les quatre Anges enchaînés sur le grand fleuve Euphrate. »w

w La région à l’Est de l’Euphrate était occupée par les Parthes, dont la cavalerie intervient dans ce sixième fléau, 6.2.

15 Et l’on relâcha les quatre Anges qui se tenaient prêts pour l’heure et le jour et le mois et l’année, afin d’exterminer le tiers des hommes. 16 Leur armée comptait deux cents millions de cavaliers : on m’en précisa le nombre. 17 Tels m’apparurent en vision les chevaux et leurs cavaliers : ceux-ci portent des cuirasses de feu, d’hyacinthe et de soufre ; quant aux chevaux, leur tête est comme celle du lion, et leur bouche crache feu et fumée et soufre. 18 Alors le tiers des hommes fut exterminé par ces trois fléaux : le feu, la fumée et le soufre vomis de la bouche des chevaux. 19 Car la puissance des chevaux réside en leur bouche ; elle réside aussi dans leur queue : ces queues, en effet, ainsi que des serpents, sont munies de têtes dont elles se servent pour nuire. 20 Or les hommes échappés à l’hécatombe de ces fléaux ne renoncèrent même pas aux œuvres de leurs mains : ils ne cessèrent d’adorer les démons, ces idoles d’or, d’argent, de bronze, de pierre et de bois, incapables de voir, d’entendre ou de marcher. 21 Ils n’abandonnèrent ni leurs meurtres, ni leurs sorcelleries, ni leurs débauches, ni leurs rapines.

Imminence du châtiment final.

10 Je vis ensuite un autre Ange, puissant, descendre du ciel enveloppé d’une nuée, un arc-en-ciel au-dessus de la tête, le visage comme le soleil et les jambes comme des colonnes de feu. 2 Il tenait en sa main un petit livre ouvert.x Il posa le pied droit sur la mer, le gauche sur la terre,

x Différent du Livre scellé confié à l’Agneau, 5.2, le livre ici offert à Jean est petit et ouvert.

3 et il poussa une puissante clameur pareille au rugissement du lion. Après quoi, les sept tonnerres firent retentir leurs voix.y

y Les tonnerres, voix de Dieu, Ps 29.3-9.

4 Quand les sept tonnerres eurent parlé, j’allais écrire mais j’entendis du ciel une voix me dire : « Tiens secrètes les paroles des sept tonnerres et ne les écris pas. »z

z Garder le secret, cf. Dn 12.4 ; 2 Co 12.4, parce que le temps de l’accomplissement, v. 7, n’est pas encore venu. En un sens différent, 1.11, 19 ; etc. ; 22.10.

5 Alors l’Ange que j’avais vu, debout sur la mer et la terre, leva la main droite au ciela

a L’ange va jurer, Dn 12.7, par le Créateur des trois parties de l’univers, cf. Gn 14.22 ; Ex 20.11 ; Dt 32.40 ; Ne 9.6 ; etc.

6 et jura par Celui qui vit dans les siècles des siècles, qui créa le ciel et tout ce qu’il contient, la terre et tout ce qu’elle contient, la mer et tout ce qu’elle contient : « Plus de délai ! 7 Mais aux jours où l’on entendra le septième Ange, quand il sonnera de la trompette, alors sera consommé le mystère de Dieu,b selon la bonne nouvelle qu’il en a donnée à ses serviteurs les prophètes. »

b L’établissement définitif du Royaume, qui présuppose la défaite des ennemis de Dieu, 17-18 ; 20.7-10. Sur le mystère de Dieu, cf. Rm 11.25 ; 16.25 ; Ep 1.9 ; cf. 2 Th 2.6-7.

Le petit livre avalé.c

8 Puis la voix du ciel, que j’avais entendue, me parla de nouveau : « Va prendre le petit livre ouvert dans la main de l’Ange debout sur la mer et sur la terre. »

c L’épisode s’inspire de la vocation prophétique d’Ézéchiel, Ez 2.8 -3.3 ; cf. Jr 15.16. Il renouvelle en la précisant la mission de Jean, 1.1-2, 9-20.

9 Je m’en fus alors prier l’Ange de me donner le petit livre ; et lui me dit : « Tiens, mange-le ; il te remplira les entrailles d’amertume, mais en ta bouche il aura la douceur du miel. » 10 Je pris le petit livre de la main de l’Ange et l’avalai ; dans ma bouche, il avait la douceur du miel, mais quand je l’eus mangé, il remplit mes entrailles d’amertume.d

d Doux, le message annonce le triomphe de l’Église ; amer, il en prophétise aussi les souffrances, 11.1-13.

11 Alors on me dit : « Il te faut de nouveau prophétiser contre une foule de peuples, de nations, de langues et de rois. »

Les deux témoins.

11 Puis on me donna un roseau, une sorte de baguette, en me disant :e « Lève-toi pour mesurer le Temple de Dieu,f l’autel et les adorateurs qui s’y trouvent ;

e Var. « et l’Ange se tint debout, disant ».

f Le Temple, cœur de Jérusalem Ville sainte, v. 2, représente l’Église, 1 Co 3.16-17 ; 20.9 ; 21.1. Il va être « mesuré », cf. Jr 31.39 ; Ez 40.1-6 ; Za 2.5-9 entourés des païens, v. 2, les fidèles du Christ seront épargnés, cf. 7.4 ; 14.1-5, à la manière du Reste d’Israël, cf. Isa 4.3.

2 quant au parvis extérieur du Temple, laisse-le, ne le mesure pas, car on l’a donné aux païens : ils fouleront la Ville Sainte durant quarante-deux mois.g

g Cf. 13.5. Depuis Daniel, Dn 7.25, ce temps (trois ans et demi) est devenu la durée-type de toute persécution, cf. Lc 4.25 ; Jc 5.17. Ici, il s’agit immédiatement de la persécution de Rome (la Bête de 13 ; 17.10-14).

3 Mais je donnerai à mes deux témoins de prophétiser pendant mille deux cent soixante jours, revêtus de sacs. » 4 Ce sont les deux oliviers et les deux flambeaux qui se tiennent devant le Maître de la terre.h

h Dans Za, les deux oliviers symbolisent Josué et Zorobabel, les deux chefs, civil et religieux, de la communauté du retour, les restaurateurs du Temple de Jérusalem après l’Exil. Ici, ils symbolisent probablement les deux champions chargés d’édifier le Temple nouveau, l’Église du Christ ils sont décrits, vv. 5-6, 11-12, sous les traits de Moïse et Élie, cf. Mt 17.3. Il n’est guère possible de les identifier. On a pensé souvent à Pierre et Paul, martyrisés à Rome sous Néron, vv. 7-8.

5 Si l’on s’avisait de les malmener, un feu jaillirait de leur bouche pour dévorer leurs ennemis ; oui, qui s’aviserait de les malmener, c’est ainsi qu’il lui faudrait périr.

6 Ils ont pouvoir de clore le ciel afin que nulle pluie ne tombe durant le temps de leur mission ; ils ont aussi pouvoir sur les eaux, de les changer en sang, et pouvoir de frapper la terre de mille fléaux, aussi souvent qu’ils le voudront. 7 Mais quand ils auront fini de rendre témoignage, la Bête qui surgit de l’Abîmei viendra guerroyer contre eux, les vaincre et les tuer.

i L’empereur Néron, cf. 13.1, 18 ; 17.8 et les notes, type de l’Antichrist.

8 Et leurs cadavres, sur la place de la Grande Cité,j Sodome ou Égypte comme on l’appelle symboliquement, là où leur Seigneur aussi fut crucifié,

j La grande Cité de Babylone, c’est Rome, 14.8 ; 16.19 ; 17.5, 18 ; 18.2, 10-21. Elle est appelée Sodome et Égypte en raison de ses deux crimes majeurs impudicité et oppression des fidèles du Christ, cf. 17.4-6 ; ici elle est identifiée à Jérusalem, qui n’est pas seulement Ville sainte, 11.1, mais qui a « mis à mort les prophètes », Mt 23.37.

9 leurs cadavres demeurent exposés aux regards des peuples, des races, des langues et des nations, durant trois jours et demi, sans qu’il soit permis de les mettre au tombeau. 10 Les habitants de la terre s’en réjouissent et s’en félicitent ; ils échangent des présents, car ces deux prophètes leur avaient causé bien des tourments. 11 Mais, passés les trois jours et demi, Dieu leur infusa un souffle de vie qui les remit sur pieds, au grand effroi de ceux qui les regardaient. 12 J’entendisk alors une voix puissante leur crier du ciel : « Montez ici ! » Ils montèrent donc au ciel dans la nuée, aux yeux de leurs ennemis.

k Var. « Ils entendirent ».

13 À cette heure-là, il se fit un violent tremblement de terre, et le dixième de la ville croula, et dans le cataclysme périrent sept mille personnes.l Les survivants, saisis d’effroi, rendirent gloire au Dieu du ciel.

l Chiffre symbolique des gens de toutes les catégories (7), en grand nombre (1 000).

La septième trompette.

14 Le deuxième « Malheur » a passé, voici que le troisième accourt !m

m La description interrompue en 9.21 reprend. Le deuxième malheur a été décrit en 9.15-19. Le troisième sera la chute de Babylone (Rome), décrite au chap. 17.

15 Et le septième Ange sonna... Alors, au ciel, des voix clamèrent : « La royauté du monde est acquise à notre Seigneur ainsi qu’à son Christ ; il régnera dans les siècles des siècles. » 16 Et les vingt-quatre Vieillards qui sont assis devant Dieu, sur leurs sièges, se prosternèrent pour adorer Dieu en disant : 17 « Nous te rendons grâce, Seigneur, Dieu Maître-de-tout, « Il est et Il était »,n parce que tu as pris en main ton immense puissance pour établir ton règne.

n Add. (Vulg.) « et Il vient ».

18 Les nations s’étaient mises en fureur ; mais voici ta fureur à toi, et le temps pour les morts d’être jugés ; le temps de récompenser tes serviteurs les prophètes, les saints, et ceux qui craignent ton nom, petits et grands, et de perdre ceux qui perdent la terre. »

19 Alors s’ouvrit le temple de Dieu, dans le ciel,o et son arche d’alliance apparut, dans le temple ; puis ce furent des éclairs et des voix et des tonnerres et un tremblement de terre, et la grêle tombait dru...

o Le Temple du ciel n’est plus celui de Jérusalem, 11.1-2, il contient l’arche, Ex 25, de l’alliance nouvelle, demeure définitive de Dieu parmi son peuple, cf. 2 M 2.5-8 ; Sg 9.8.

Vision de la Femme et du Dragon.p

12 Un signe grandiose apparut au ciel : une Femme !q le soleil l’enveloppe, la lune est sous ses pieds et douze étoiles couronnent sa tête ;

p Les chap. 12-14, faisant suite aux descriptions des préludes de la fin du monde, présentent sous d’autres formes la lutte actuelle du Dragon et de l’Agneau. — Le chap. 12 Combine les éléments de deux visions distinctes le combat du Dragon contre la Femme et sa descendance, vv. 1-6 et 13-17 ; le combat de Michel contre le Dragon, vv. 7-12.

q La scène répond à Gn 3.15-16. La Femme engendre dans la douleur, v. 2, celui qui sera le Messie, v. 5. Satan la tente, v. 9, cf. 20.2, la persécute ainsi que sa descendance, vv. 6, 13, 17. Elle représente le peuple saint des temps messianiques, Isa 54 ; 60 ; 66.7 ; Mi 4.9-10, et donc l’Église en lutte. Il est possible que Jean pense aussi à Marie, nouvelle Ève, la fille de Sion, qui a donné naissance au Messie, cf. Jn 19.25.

2 elle est enceinte et crie dans les douleurs et le travail de l’enfantement. 3 Puis un second signe apparut au ciel : un énorme Dragon rouge-feu, à sept têtes et dix cornes, chaque tête surmontée d’un diadème.r

r C’est « Satan », cf. v. 9 et 20.2 que les LXX traduisent « Diable »; le mot hébreu signifie proprement « Accusateur », cf. v. 10 et Za 3.1-2 et voir Jb 1.6. Dans la tradition juive, le Serpent ou le dragon symbolisait la puissance du mal, hostile à Dieu et à son peuple, et que Dieu devait détruire à la fin des temps, cf. Jb 3.8 ; 7.12.

4 Sa queue balaie le tiers des étoiles du ciel et les précipite sur la terre.s En arrêt devant la Femme en travail, le Dragon s’apprête à dévorer son enfant aussitôt né.

s Allusion à la chute des mauvais Anges, entraînés par Satan.

5 Or la Femme mit au monde un enfant mâle,t celui qui doit mener toutes les nations avec un sceptre de fer ;

t C’est le Messie considéré à la fois dans sa réalité personnelle et comme tête ou chef du nouvel Israël ; cf. le « Fils d’homme » de Dn 7.13, ou le « Serviteur de Yahvé », Isa 42.1.

6 et son enfant fut enlevé jusqu’auprès de Dieu et de son trône,u tandis que la Femme s’enfuyait au désert,v où Dieu lui a ménagé un refuge pour qu’elle y soit nourrie mille deux cent soixante jours.

u Allusion à l’Ascension et au triomphe du Christ, qui provoquera la chute du Dragon. Le triomphe de l’enfant est ici évoqué aussitôt après sa naissance.

v Refuge traditionnel des persécutés dans l’AT, cf. Ex 2.15 ; 1 R 19.3s ; 1 M 2.29-30. L’Église doit fuir loin du monde et se nourrir de la vie divine, cf. Ex 16 ; 1 R 17.4, 6 ; 19.5-8 ; Mt 4.3-4 ; 14.13-21. Elle y séjournera trois ans et demi, v. 14 ; 11.2-3.

7 Alors, il y eut une bataille dans le ciel : Michelw et ses Anges combattirent le Dragon. Et le Dragon riposta, avec ses Anges,

w D’après la tradition juive (Dn 10.12-21 ; 12.1), c’est le champion de Dieu. Son nom veut dire « Qui (est) comme Dieu ? ».

8 mais ils eurent le dessous et furent chassés du ciel. 9 On le jeta donc, l’énorme Dragon, l’antique Serpent, le Diable ou le Satan, comme on l’appelle, le séducteur du monde entier, on le jeta sur la terre et ses Anges furent jetés avec lui. 10 Et j’entendis une voix clamer dans le ciel : « Désormais, la victoire, la puissance et la royauté sont acquises à notre Dieu, et la domination à son Christ, puisqu’on a jeté bas l’accusateur de nos frères, celui qui les accusait jour et nuit devant notre Dieu.

11 Mais eux l’ont vaincu par le sang de l’Agneau et par la parole dont ils ont témoigné, car ils ont méprisé leur vie jusqu’à mourir. 12 Soyez donc dans la joie, vous, les cieux et leurs habitants. Malheur à vous, la terre et la mer, car le Diable est descendu chez vous, frémissant de colère et sachant que ses jours sont comptés. »

13 Se voyant rejeté sur la terre, le Dragon se lança à la poursuite de la Femme, la mère de l’Enfant mâle. 14 Mais elle reçut les deux ailes du grand aigle pour voler au désert jusqu’au refuge où, loin du Serpent, elle doit être nourrie un temps et des temps et la moitié d’un temps.x

x Trois ans et demi, cf. 11.3.

15 Le Serpent vomit alors de sa gueule comme un fleuve d’eau derrière la Femme pour l’entraîner dans ses flots.y

y Satan va lancer l’Empire romain, comme un fleuve, cf. Isa 8.7-8, pour engloutir l’Église, cf. 13.

16 Mais la terre vint au secours de la Femme : ouvrant la bouche, elle engloutit le fleuve vomi par la gueule du Dragon. 17 Alors, furieux contre la Femme, le Dragon s’en alla guerroyer contre le reste de ses enfants, ceux qui gardent les commandements de Dieu et possèdent le témoignage de Jésus.z

z Double signe distinctif des fidèles, 14.1 ; cf. 14.12 ; 20.4, déjà 1.1, 9, et Rm 8.29.

Le Dragon transmet son pouvoir à la Bête.a

18 Et je me tinsb sur la grève de la mer.

a La vision suivante s’inspire de Dn 7 (persécution d’Antiochus Épiphane). D’après 17.10, 12-14, la Bête de la mer (Méditerranée) est l’empire romain, qui représente toutes les forces dressées contre le Christ et l’Église en s’arrogeant des pouvoirs divins (ses titres, v. 1 ; cf. Dn 11.36 ; 2 Th 2.4). On retrouve les sept têtes et les dix cornes en 17.3, 7-12.

b Var. « il s’arrêta », qui rattacherait le v. 18 au passage précédent.

13 Alors je vis surgir de la mer une Bête ayant sept têtes et dix cornes, sur ses cornes dix diadèmes, et sur ses têtes des titres blasphématoires.

2 La Bête que je vis ressemblait à une panthère, avec les pattes comme celles d’un ours et la gueule comme une gueule de lion ; et le Dragon lui transmit sa puissance et son trône et un pouvoir immense.c

c C’est de Satan, 12.3, qu’il tient toute sa puissance, cf. Mt 4.8-9 ; Jn 12.31 ; 2 Th 2.9.

3 L’une de ses têtes paraissait blessée à mort, mais sa plaie mortelle fut guérie ;d alors, émerveillée, la terre entière suivit la Bête.

d Allusion à quelque restauration de l’empire momentanément ébranlé (mort de César ? troubles qui suivirent la mort de Néron ?). La Bête égorgée et guérie est une parodie du Christ mort et ressuscité.

4 On se prosterna devant le Dragon, parce qu’il avait remis le pouvoir à la Bête ; et l’on se prosterna devant la Bête en disant : « Qui égale la Bête,e et qui peut lutter contre elle ? »

e Comparer le nom de Michel, 12.7.

5 On lui donna de proférer des paroles d’orgueil et de blasphème ; on lui donna pouvoir d’agir durant quarante-deux mois ; 6 alors elle se mit à proférer des blasphèmes contre Dieu, à blasphémer son nom et sa demeure, ceux qui demeurent au ciel. 7 On lui donna de mener campagne contre les saints et de les vaincre ; on lui donna pouvoir sur toute race, peuple, langue ou nation. 8 Et ils l’adoreront, tous les habitants de la terre dont le nom ne se trouve pas écrit, dès l’origine du monde, dans le livre de vie de l’Agneau égorgé. 9 Celui qui a des oreilles, qu’il entende ! 10 Les chaînes pour qui doit être enchaîné ; la mort par le glaive pour qui doit périrf par le glaive !g Voilà qui fonde l’endurance et la confiance des saints.

f Var. « qui tue par le glaive doit périr... »

g La phrase est difficile. Elle peut signifier que l’Église doit tenir ferme, sans résister coûte que coûte à ses persécuteurs, ou que le châtiment de ceux-ci par Dieu sera inexorable, cf. 14.11-12 ; Ps 5.11 ; Jr 15.2 ; Mt 26.52.

Le faux prophète au service de la Bête.

11 Je vis ensuite surgir de la terre une autre Bête ; elle avait deux cornes comme un agneau, mais parlait comme un dragon.h

h Elle sera désignée par la suite sous le nom de « faux prophète », 16.13 ; 19.20 ; 20.10. Avant de décrire le retour du Fils de l’homme, 14.14-20 ; cf. 19.11s et Mt 24.30, Jean montre à l’œuvre les faux christs (première Bête) et les faux prophètes (deuxième Bête) annoncés par le Christ, Mt 24.24 ; cf. 2 Th 2.9.

12 Au service de la première Bête, elle en établit partout le pouvoir, amenant la terre et ses habitants à adorer cette première Bête dont la plaie mortelle fut guérie. 13 Elle accomplit des prodiges étonnants : jusqu’à faire descendre, aux yeux de tous, le feu du ciel sur la terre ;

14 et, par les prodiges qu’il lui a été donné d’accomplir au service de la Bête, elle fourvoie les habitants de la terre, leur disant de dresser une image en l’honneur de cette Bête qui, frappée du glaive, a repris vie.i

i Dans l’Église, c’est l’Esprit qui accomplissait des prodiges, pour provoquer la foi au Christ ; la deuxième Bête imite l’Esprit, comme le Dragon et la première Bête imitaient le Père et le Fils, 13.3. Le Dragon, la première et la deuxième Bête sont une caricature de la Trinité.

15 On lui donna même d’animer l’image de la Bête pour la faire parler, et de faire en sorte que fussent mis à mort tous ceux qui n’adoreraient pas l’image de la Bête. 16 Par ses manœuvres, tous, petits et grands, riches ou pauvres, libres et esclaves, se feront marquer sur la main droite ou sur le front, 17 et nul ne pourra rien acheter ni vendre s’il n’est marqué au nom de la Bête ou au chiffre de son nom.

18 C’est ici qu’il faut de la finesse ! Que l’homme doué d’esprit calcule le chiffre de la Bête, c’est un chiffre d’homme : son chiffre, c’est 666.j

j En grec comme en hébreu, chaque lettre avait une valeur mumérique selon sa place dans l’alphabet. Le chiffre d’un nom est le total de ses lettres. Ici « 666 » serait César-Néron (lettres hébraïques) ; « 616 » (Var.), César-Dieu (lettres grecques).

Les compagnons de l’Agneau.k

14 Puis voici que l’Agneaul apparut à mes yeux ; il se tenait sur le mont Sion, avec cent quarante-quatre milliers de gens portant inscrits sur le front leur nom et le nom de son Père.

k Aux sectateurs de la Bête, marqués du chiffre de son nom, 13.16-17, Jean oppose les fidèles de l’Agneau, 5.6, marqués de son nom et du nom de son Père, 7.4 ; 12.17. C’est le « reste », 11.1, fidèle à travers les persécutions, autour duquel sera restauré le Royaume après la victoire. Le mont Sion est le trône de Dieu, cf. 21.1.

l Var. « un Agneau ».

2 Et j’entendis un bruit venant du ciel, comme le mugissement des grandes eaux ou le grondement d’un orage violent, et ce bruit me faisait songer à des joueurs de harpe touchant de leurs instruments ; 3 ils chantent un cantique nouveaum devant le trône et devant les quatre Vivants et les Vieillards. Et nul ne pouvait apprendre le cantique, hormis les cent quarante-quatre milliers, les rachetés à la terre.

m Moïse avait chanté la délivrance d’Égypte, Ex 15.1-21 ; cf. 15.3-4 ; le cantique nouveau célèbre la nouvelle délivrance du Peuple de Dieu et l’ordre nouveau instauré par l’Agneau immolé.

4 Ceux-là, ils ne se sont pas souillés avec des femmes, ils sont vierges ;n ceux-là suivent l’Agneau partout où il va ;o ceux-là ont été rachetés d’entre les hommes comme prémices pour Dieu et pour l’Agneau.

n Au sens métaphorique la luxure désigne traditionnellement l’idolâtrie, cf. Os 1.2, ici le culte de la Bête, 17.1, etc. Les cent quarante-quatre mille sont rachetés, 5.9, sont intègres et fidèles, v. 5, ils ont refusé l’idolâtrie et peuvent être fiancés à l’Agneau, cf. 19.9 ; 21.2 ; 2 Co 11.2.

o Comme Israël suivait Yahvé au temps de l’Exode, le Peuple nouveau des rachetés suit l’Agneau, jusqu’au désert, cf. Jr 2.2-3, où seront nouées de nouvelles fiançailles (Os 2.16-25).

5 Jamais leur bouche ne connut le mensonge : ils sont immaculés.p

p Vocabulaire sacrificiel. Les prémices représentaient toute la moisson, Dt 26.2, les premiers-nés toute la famille, Nb 3.12, etc. Les victimes offertes au vrai Dieu devaient être sans défaut, Ex 12.5 ; 1 P 1.19.

Des anges annoncent l’heure du Jugement.q

6 Puis je vis un autre Ange qui volait au zénith, ayant une bonne nouvelle éternelle à annoncer à ceux qui demeurent sur la terre, à toute nation, race, langue et peuple.

q Trois anges viennent inviter les impies persécuteurs au repentir ; mais les impies s’obstineront, 16.2, 9, 11, 21. Cf. 15.5.

7 Il criait d’une voix puissante : « Craignez Dieu et glorifiez-le, car voici l’heure de son Jugement ; adorez donc Celui qui a fait le ciel et la terre et la mer et les sources. » 8 Un autre Ange, un deuxième, le suivit en criant : « Elle est tombée, elle est tombée,r Babylone la Grande, elle qui a abreuvé toutes les nations du vin de la colère. »s

r Parfaits prophétiques.

s « du vin de la colère » corr. ; « du vin de la colère de sa prostitution » grec, comme en 18.3. — Le « vin de la colère » est une image courante chez les prophètes, Isa 51.17, de la colère divine promise aux idolâtres.

9 Un autre Ange, un troisième, les suivit, criant d’une voix puissante : « Quiconque adore la Bête et son image, et se fait marquer sur le front ou sur la main, 10 lui aussi boira le vin de la fureur de Dieu, qui se trouve préparé, pur, dans la coupe de sa colère. Il subira le supplice du feu et du soufre,t devant les saints Anges et devant l’Agneau.

t L’étang de feu et de soufre embrasé est le lieu de punition des impies, cf. 19.20 ; 20.10 ; 21.8.

11 Et la fumée de leur supplice s’élève pour les siècles des siècles ; non, point de repos, ni le jour ni la nuit, pour ceux qui adorent la Bête et son image, pour qui reçoit la marque de son nom. » 12 Voilà qui fonde la constance des saints, ceux qui gardent les commandements de Dieu et la foi en Jésus. 13 Puis j’entendis une voix me dire, du ciel : « Écris : Heureux les morts qui meurent dans le Seigneur ; dès maintenant — oui, dit l’Esprit — qu’ils se reposent de leurs fatigues, car leurs œuvres les accompagnent. »u

u Contraste marqué entre le châtiment des impies et le repos heureux qui attend les fidèles, v. 12, dès leur mort, cf. 6.9-11.

La moisson et la vendange des nations.v

14 Et voici qu’apparut à mes yeux une nuée blanche et sur la nuée était assis comme un Fils d’homme, ayant sur la tête une couronne d’or et dans la main une faucille aiguisée.

v Moisson et vendange sont deux images du jugement divin, qui sera décrit 19.11-20.

15 Puis un autre Ange sortit du temple et cria d’une voix puissante à celui qui était assis sur la nuée : « Jette ta faucille et moissonne, car c’est l’heure de moissonner, la moisson de la terre est mûre. » 16 Alors celui qui était assis sur la nuée jeta sa faucille sur la terre, et la terre fut moissonnée.

17 Puis un autre Ange sortit du temple, au ciel, tenant également une faucille aiguisée. 18 Et un autre Ange sortit de l’autelw — l’Ange préposé au feu — et cria d’une voix puissante à celui qui tenait la faucille : « Jette ta faucille aiguisée, vendange les grappes dans la vigne de la terre, car ses raisins sont mûrs. »

w De l’autel montent le sang des martyrs, 6.9 ; 11.1, et la prière des saints, 8.3-5 ; 9.13, que l’Ange porte à Dieu pour demander justice.

19 L’Ange alors jeta sa faucille sur la terre, il en vendangea la vigne et versa le tout dans la cuve de la colère de Dieu, cuve immense ! 20 Puis on la foula hors de la ville,x et il en coula du sang qui monta jusqu’au mors des chevaux sur une étendue de mille six cents stades.

x L’extermination des nations païennes doit s’effectuer hors de Jérusalem, d’après Za 14.2s, 12s ; Ez 38-39, cf. Lv 4.12 ; He 13.11-12.

Le cantique de Moïse et de l’Agneau.y

15 Puis je vis dans le ciel encore un signe, grand et merveilleux : sept Anges, portant sept fléaux, les derniers puisqu’ils doivent consommer la colère de Dieu.

y La vision des sept coupes reprend celle des sept trompettes, 8.2ss. Entre les vv. 1 et 5 s’intercale le cantique entonné par les élus à louange de Celui qui les sauve.

2 Et je vis comme une mer de cristal mêlée de feu, et ceux qui ont triomphé de la Bête, de son image et du chiffre de son nom, debout près de cette mer de cristal. S’accompagnant sur les harpes de Dieu, 3 ils chantent le cantique de Moïse,z le serviteur de Dieu, et le cantique de l’Agneau :

« Grandes et merveilleuses sont tes œuvres,
Seigneur, Dieu Maître-de-tout ;
justes et droites sont tes voies,
ô Roi des nations.

z Comme le cantique de Moïse, Ex 15, celui-ci est un chant de délivrance, 14.1. Il est tissé de réminiscences bibliques. Il évoque moins la rigueur des châtiments que le triomphe du Seigneur et des siens.

4 Qui ne craindrait, Seigneur, et ne glorifierait ton nom ?
Car seul tu es saint ;
et tous les païens viendront se prosterner devant toi,
parce que tu as fait éclater tes vengeances. »

Les sept fléaux des sept coupes.a

5 Après quoi, ma vision se poursuivit. Au ciel s’ouvrit le temple, la Tente du Témoignage,

a On revient aux fléaux, v. 1, qui vont tomber sur Babylone = Rome, 16.18-19. Comme en 8-9, ils rappellent les plaies d’Égypte. Les Anges qui en sont chargés sortent de la Tente qui est le vrai Temple du ciel, 11.19. Dans un cadre de théophanie, ils accomplissent la liturgie de la justice.

6 d’où sortirent les sept Anges aux sept fléaux, vêtus de robes de lin pur, éblouissantes, serrées à la taille par des ceintures en or. 7 Puis, l’un des quatre Vivants remit aux sept Anges sept coupes en or remplies de la colère du Dieu qui vit pour les siècles des siècles. 8 Et le temple se remplit d’une fumée produite par la gloire de Dieu et par sa puissance, en sorte que nul ne put y pénétrerb jusqu’à la consommation des sept fléaux des sept Anges.

b L’évocation de la gloire, Ex 24.16, présente dans le Temple est le signe de la présence de Dieu au milieu de son peuple aux temps messianiques. Cf. 2 M 2.4-8 ; Ex 40.34-35 ; 1 R 8.10 ; 21.3.

16 Et j’entendis une voix qui, du temple, criait aux sept Anges : « Allez, répandez sur la terre les sept coupes de la colère de Dieu. » 2 Et le premier s’en alla répandre sa coupe sur la terre ; alors, ce fut un ulcère mauvais et pernicieux sur les gens qui portaient la marque de la Bête et se prosternaient devant son image. 3 Et le deuxième répandit sa coupe dans la mer ; alors, ce fut du sang — on aurait dit un meurtre ! — et tout être vivant mourut dans la mer.

4 Et le troisième répandit sa coupe dans les fleuves et les sources ; alors, ce fut du sang. 5 Et j’entendis l’Ange des eaux qui disait : « Tu es juste, « Il est et Il était », le Saint, d’avoir ainsi châtié ; 6 c’est le sang des saints et des prophètes qu’ils ont versé, c’est donc du sang que tu leur as fait boire, ils le méritent ! » 7 Et j’entendis l’autel dire : « Oui, Seigneur, Dieu Maître-de-tout, tes châtiments sont vrais et justes. » 8 Et le quatrième répandit sa coupe sur le soleil ; alors, il lui fut donné de brûler les hommes par le feu, 9 et les hommes furent brûlés par une chaleur torride. Mais, loin de se repentir en rendant gloire à Dieu, ils blasphémèrent le nom du Dieu qui détenait en son pouvoir de tels fléaux.

10 Et le cinquième répandit sa coupe sur le trône de la Bête ;c alors, son royaume devint ténèbres, et l’on se mordait la langue de douleur.

c Rome, type de la cité terrestre hostile à Dieu.

11 Mais, loin de se repentir de leurs agissements, les hommes blasphémèrent le Dieu du ciel sous le coup des douleurs et des plaies. 12 Et le sixième répandit sa coupe sur le grand fleuve Euphrate ; alors, ses eaux tarirent, livrant passage aux rois de l’Orient.d

d Si l’Euphrate est à sec, les Romains perdent toute protection à l’égard des guerriers parthes, 9.14.

13 Puis, de la gueule du Dragon, et de la gueule de la Bête, et de la gueule du faux prophète, je vis surgir trois esprits impurs, comme des grenouilles — 14 et de fait, ce sont des esprits démoniaques, des faiseurs de prodiges, qui s’en vont rassembler les rois du monde entier pour la guerre, pour le grand Jour du Dieu Maître-de-tout.e

e C’est le rassemblement de toutes les nations païennes en vue de leur extermination par le Christ.

15 (Voici que je viens comme un voleur : heureux celui qui veille et garde ses vêtements pour ne pas aller nu et laisser voir sa honte.) 16 Ils les rassemblèrent au lieu dit, en hébreu, Harmagedôn.f

f C’est-à-dire la montagne de Meggido. Cette ville de la plaine qui borde la chaîne du Carmel, lieu de la défaite du roi Josias, 2 R 23.29s, reste un symbole de désastre pour les armées qui s’y rassemblent, cf. Za 12.11.

17 Et le septième répandit sa coupe dans l’air ; alors, partant du temple,g une voix clama : « C’en est fait ! »

g Add. « (venant) du trône » ou « (venant) de Dieu ».

18 Et ce furent des éclairs et des voix et des tonnerres, avec un violent tremblement de terre ; non, depuis qu’il y a des hommes sur la terre, jamais on n’avait vu pareil tremblement de terre, aussi violent ! 19 La Grande Cité se scinda en trois parties, et les cités des nations croulèrent ; et Babylone la grande, Dieu s’en souvint pour lui donner la coupe où bouillonne le vin de sa colère. 20 Alors, toute île prit la fuite, et les montagnes disparurent.h

h Ces phénomènes cosmiques symbolisent les puissances terrestres emportées au souffle de la colère divine.

21 Et des grêlons énormes — près de quatre-vingts livres !i — s’abattirent du ciel sur les hommes. Et les hommes blasphémèrent Dieu, à cause de cette grêle désastreuse ; oui, elle est bien cause d’un effrayant désastre.j

i Littéralement « près d’un talent » environ 40 kg.

j Tous ces fléaux n’exterminent pas l’humanité, mais ils provoquent de nouveaux blasphèmes, vv. 9, 11 ; cf. 11.14.

2. LE CHÂTIMENT DE BABYLONE

La Prostituée fameuse.k

17 Alors l’un des sept Anges aux sept coupes s’en vint me dire : « Viens, que je te montre le jugement de la Prostituée fameuse,l assise au bord des grandes eaux ;m

k Ce chapitre est difficile dans les détails, v. 9.

l Comme le sera Jérusalem, 21.9, Babylone est personnifiée par une femme, cf. 12.1 ; Dn 4.27. C’est Rome l’idolâtre, 2.14 ; 18.3 ; Os 1.2, cf. 14.4, qui, après une apparition brillante, vv. 3-7, verra se réaliser la condamnation annoncée et préparée par les visions précédentes.

m L’image est interprétée au v. 15.

2 c’est avec elle qu’ont forniqué les rois de la terre, et les habitants de la terren se sont saoulés du vin de sa prostitution. »

n Les nations païennes et leurs rois, qui ont adopté le culte impérial.

3 Il me transporta au désert,o en esprit. Et je vis une femme, assise sur une Bête écarlate couverte de titres blasphématoires et portant sept têtes et dix cornes.p

o Séjour des animaux impurs, cf. Lv 16.8 ; 17.7.

p Les sept têtes sont les sept collines de Rome, v. 9, et les dix cornes sont des rois vassaux, v. 12, qui secouent le joug de l’Empire, v. 16. La Bête, vv. 3, 7-8, représente un empereur, sans doute Néron qui, d’après une croyance populaire, est censé retrouver la vie et la puissance avant la venue de l’Agneau, cf. 2 Th 2.8-9. Le début du v. 8 est une déformation parodique des titres de Dieu, 1.4, et du Christ, 1.18.

4 La femme, vêtue de pourpre et d’écarlate, étincelait d’or, de pierres précieuses et de perles ; elle tenait à la main une coupe en or, remplie d’abominations et des souillures de sa prostitution. 5 Sur son front, un nom était inscrit — un mystère ! — « Babylone la Grande, la mère des prostituées et des abominations de la terre. »

6 Et sous mes yeux, la femme se saoulait du sang des saints et du sang des martyrs de Jésus.q À sa vue, je fus bien stupéfait ;

q Les persécutions romaines impliquent à la fois l’idolâtrie, v. 4, et le meurtre, v. 6. Ez 16.36-38 ; 23.37-45 dressait les mêmes griefs contre Jérusalem.

7 mais l’Ange me dit : « Pourquoi t’étonner ? Je vais te dire, moi, le mystère de la femme et de la Bête qui la porte, aux sept têtes et aux dix cornes.

Symbolisme de la Bête et de la Prostituée.r

8 « Cette Bête-là, elle était et elle n’est plus ; elle va remonter de l’Abîme, mais pour s’en aller à sa perte ; et les habitants de la terre, dont le nom ne fut pas inscrit dès l’origine du monde dans le livre de vie, s’émerveilleront au spectacle de la Bête, de ce qu’elle était, n’est plus, et reparaîtra.

r Dans le symbolisme de la Bête on peut ici distinguer deux sens différents, vv. 8-9, 15-18, et vv. 10, 12-14. La femme qui la chevauche se croit puissante, mais elle court à sa perte.

9 C’est ici qu’il faut un esprit doué de finesse ! Les sept têtes, ce sont sept collines sur lesquelles la femme est assise.
« Ce sont aussi sept rois,s

s Sept empereurs romains, dont le sixième règne actuellement. Sept est un chiffre symbolique de totalité Jean ne se prononce pas sur le nombre et la chronologie des empereurs.

10 dont cinq ont passé, l’un vit, et le dernier n’est pas encore venu ; une fois là, il faut qu’il demeure un peu. 11 Quant à la Bête qui était et n’est plus, elle-même fait le huitième, l’un des sept cependant ; il s’en va à sa perte. 12 Et ces dix cornes-là, ce sont dix rois ; ils n’ont pas encore reçu de royauté, ils recevront un pouvoir royal, pour une heure seulement, avec la Bête.

13 Ils sont tous d’accord pour remettre à la Bête leur puissance et leur pouvoir. 14 Ils mèneront campagne contre l’Agneau, et l’Agneau les vaincra, car il est Seigneur des seigneurs et Roi des rois, avec les siens : les appelés, les choisis, les fidèles.t

t Rappel de 14.4 et annonce de 19.11-21.

15 « Et ces eaux-là, poursuivit l’Ange, où la Prostituée est assise, ce sont des peuples, des foules, des nations et des langues. 16 Mais ces dix cornes-là et la Bête, ils vont prendre en haine la Prostituée, ils la dépouilleront de ses vêtements, toute nue, ils en mangeront la chair, ils la consumeront par le feu ;

17 car Dieu leur a inspiré la résolution de réaliser son propre dessein, de se mettre d’accord pour remettre leur pouvoir royal à la Bête, jusqu’à l’accomplissement des paroles de Dieu. 18 Et cette femme-là, c’est la Grande Cité, celle qui règne sur les rois de la terre. »

Un ange annonce la chute de Babylone.u

18 Après quoi, je vis descendre du ciel un autre Ange, ayant un grand pouvoir, et la terre fut illuminée de sa splendeur.

u Le châtiment annoncé, 17, est maintenant imminent, vv. 1-3. Il se produira après que les fidèles se seront mis à l’écart des pécheurs, v. 4, cf. 3.10.

2 Il s’écria d’une voix puissante : « Elle est tombée, elle est tombée, Babylone la Grande ; elle s’est changée en demeure de démons, en repaire pour toutes sortes d’esprits impurs, en repaire pour toutes sortes d’oiseaux impurs et dégoûtants. 3 Car au vin de ses prostitutions se sont abreuvéesv toutes les nations, et les rois de la terre ont forniqué avec elle, et les trafiquants de la terre se sont enrichis de son luxe effréné. »

v « ses prostitutions »; var. « la colère de sa prostitution », cf. 14.8. — « sont abreuvées »; var. « sont tombées » ou « elle a abreuvé ».

Le peuple de Dieu doit s’enfuir.

4 Puis j’entendis une autre voix qui disait, du ciel : « Sortez, ô mon peuple, quittez-la, de peur que, solidaires de ses fautes, vous n’ayez à pâtir de ses plaies ! 5 Car ses péchés se sont amoncelés jusqu’au ciel, et Dieu s’est souvenu de ses iniquités. 6 Payez-la de sa propre monnaie ! Rendez-lui au double de ses forfaits ! Dans la coupe de ses mixtures, mélangez une double dose ! 7 À la mesure de son faste et de son luxe, donnez-lui tourments et malheurs ! Je trône en reine, se dit-elle, et je ne suis pas veuve, et jamais je ne verrai le deuil... 8 Voilà pourquoi, en un seul jour, des plaies vont fondre sur elle : peste, deuil et famine ; elle sera consumée par le feu. Car il est puissant le Seigneur Dieu qui l’a condamnée. »

Lamentations sur Babylone.w

9 Ils pleureront, ils se lamenteront sur elle, les rois de la terre, les compagnons de sa vie lascive et fastueuse, quand ils verront la fumée de ses flammes,

w Triple lamentation des rois de la terre, vv. 9-10, des marchands de la terre, vv. 11-17, des navigateurs, vv. 17-19. Elle s’inspire de Jr 50-51 et surtout Ez 26-28.

10 retenus à distance par peur de son supplice :

« Hélas, hélas ! Immense cité,
ô Babylone, cité puissante,
car une heure a suffi pour que tu sois jugée ! »

11 Ils pleurent et se désolent sur elle, les trafiquants de la terre ; les cargaisons de leurs navires, nul désormais ne les achète ! 12 Cargaisons d’or et d’argent, de pierres précieuses et de perles, de lin et de pourpre, de soie et d’écarlate ; et les bois de thuya, et les objets d’ivoire, et les objets de bois précieux,x de bronze, de fer ou de marbre ;

x Vulg. « pierre précieuse ».

13 le cinnamome, l’amome et les parfums, la myrrhe et l’encens, le vin et l’huile, la farine et le blé, les bestiaux et les moutons, les chevaux et les chars, les esclaves et la marchandise humaine...

14 Et les fruits mûrs, que convoitait ton âme, s’en sont allés, loin de toi ; et tout le luxe et la splendeur, c’est à jamais fini pour toi, sans retour !

15 Les trafiquants qu’elle enrichit de ce commerce se tiendront à distance, par peur de son supplice, pleurant et gémissant :

16 « Hélas, hélas ! Immense cité,
vêtue de lin, de pourpre et d’écarlate,
parée d’or, de pierres précieuses et de perles,

17 car une heure a suffi pour ruiner tout ce luxe ! »
Capitaines et gens qui font le cabotage,y matelots et tous ceux qui vivent de la mer, se tinrent à distance

y Vulg. « naviguent sur la mer ».

18 et criaient, regardant la fumée de ses flammes : « Qui donc était semblable à l’immense cité ? » 19 Et jetant la poussière sur leur tête, ils s’écriaient, pleurant et gémissant :

« Hélas, hélas ! Immense cité,
dont la vie luxueuse enrichissait
tous les patrons des navires de mer,
car une heure a suffi pour consommer sa ruine ! »

20 Ô ciel, sois dans l’allégresse sur elle, et vous, saints, apôtres et prophètes, car Dieu, en la condamnant, a jugé votre cause.z

z En contraste, le ciel exulte, cf. 16.5 ; 18.20 ; 19.1-10.

21 Un Ange puissant prit alors une pierre, comme une grosse meule, et la jeta dans la mer en disant : « Ainsi, d’un coup, on jettera Babylone, la grande cité, on ne la verra jamais plus... »a

a Geste symbolique d’un ange, après lequel la lamentation est reprise, vv. 22-23. La suite du v. 21 est au v. 24. Cette scène complète 18.1-3 Babylone sera détruite pour son idolâtrie, cf. 17.4, et pour ses persécutions contre les chrétiens, 18.24.

22 Le chant des harpistes et des trouvères
et des joueurs de flûte ou de trompette
chez toi ne s’entendra jamais plus ;
les artisans de tout métier
chez toi ne se verront jamais plus ;
et la voix de la meule
chez toi ne s’entendra jamais plus ;
23 la lumière de la lampe
chez toi ne brillera jamais plus ;
la voix du jeune époux et de l’épousée
chez toi ne s’entendra jamais plus.
Car tes marchands étaient les princes de la terre,
et tes sortilèges ont fourvoyé tous les peuples ;

24 et c’est en elle que l’on a vu le sang des prophètes et des saints, et de tous ceux qui furent égorgés sur la terre.

Chants de triomphe au ciel.b

19 Après quoi j’entendis comme un grand bruit de foule immense au ciel, qui clamait : « Alleluia !c Salut et gloire et puissance à notre Dieu,

b Chants de jubilation amorcés 18.20 et contrastant vivement avec les complaintes de 18. Ils accompagnent la chute de Babylone. Le premier chant, vv. 1-4, vient du ciel ; il est suivi d’un second, vv. 5-9, auquel s’associent les saints de l’Église entière invitée aux noces de l’Agneau.

c Seuls emplois dans le NT, 19.1, 3, 4, 6, de l’acclamation liturgique (« Louez Dieu ») en usage dans le culte israélite, Ps 111.1 ; 113.1 ; etc.

2 car ses jugements sont vrais et justes : il a jugé la Prostituée fameuse qui corrompait la terre par sa prostitution, et vengé sur elle le sang de ses serviteurs. » 3 Puis ils reprirent : « Alleluia ! Oui, sa fumée s’élève pour les siècles des siècles ! » 4 Alors, les vingt-quatre Vieillards et les quatre Vivants se prosternèrent pour adorer Dieu, qui siège sur le trône, en disant : « Amen, alleluia ! »

5 Puis une voix partit du trône : « Louez notre Dieu, vous tous qui le servez, et vous qui le craignez, les petits et les grands. » 6 Alors j’entendis comme le bruit d’une foule immense, comme le mugissement des grandes eaux, comme le grondement de violents tonnerres ; on clamait : « Alleluia ! Car il a pris possession de son règne, le Seigneur, le Dieu Maître-de-tout. 7 Soyons dans l’allégresse et dans la joie, rendons gloire à Dieu, car voici les noces de l’Agneau,d et son épouse s’est faite belle :

d Les noces de l’Agneau symbolisent l’établissement du Royaume céleste qui sera décrit en 21.9s. Voir Os 1.2 et Ep 5.22-23.

8 on lui a donné de se vêtir de lin d’une blancheur éclatante » — le lin, c’est en effet les bonnes actions des saints. 9 Puis il me dit : « Écris : Heureux les gens invités au festin de noce de l’Agneau. Ces paroles de Dieu, ajouta-t-il, sont vraies. » 10 Alors je me prosternai à ses pieds pour l’adorer, mais lui me dit : « Non, attention, je suis un serviteur comme toi et comme tes frères qui possèdent le témoignage de Jésus. C’est Dieu que tu dois adorer. » Le témoignage de Jésus, c’est l’esprit de prophétie.e

e Jean tente de se prosterner, mais l’ange lui rappelle qu’il est lui aussi au service de Dieu, 1.1 ; 22.8-9, mise en garde probable contre le culte des puissances célestes, Col 2.18 ; He 1.14 ; 2.5. Le « témoignage de Jésus » est la Parole de Dieu, attestée par Jésus, que tout chrétien possède en lui, cf. 1.2 ; 6.9 ; 12.17 ; 20.4, et qui inspire les prophètes.

3. L’EXTERMINATION DES NATIONS PAÏENNES

Le premier combat eschatologique.f

11 Alors je vis le ciel ouvert, et voici un cheval blanc ; celui qui le monte s’appelle « Fidèle » et « Vrai », il juge et fait la guerre avec justice.

f Nous voici à la fin des temps. Après la chute de Babylone, prophétisée 14.8, 14-15, et réalisée 16.19-20 ; 17.12-14, le Christ fidèle, 3.14, accomplit le Jour de Yahvé, Am 5.18, en exterminant les ennemis de l’Église. Son portrait, vv. 11-16, s’inspire, comme les descriptions précédentes, 12.5 ; 14.6-20 ; 17.14, de diverses prophéties.

12 Ses yeux ? Une flamme ardente ; sur sa tête, plusieurs diadèmes ;g inscrit sur lui, un nom qu’il est seul à connaître ;

g Car il est le Roi des rois, v. 16 ; cf. 5.3, 13.

13 le manteau qui l’enveloppe est trempé de sang ;h et son nom ? Le Verbe de Dieu.i

h Allusion (voir v. 15) à Isa 63.1. Symbole de la victoire sanglante qu’il va remporter sur les ennemis de son Peuple, cf. 5.5.

i Les noms du Cavalier victorieux, vv. 12, 13, 16, expriment, sous différents aspects, qui il est. Au nom divin transcendant, v. 12, s’ajoute ici celui de Parole, qui le désigne comme révélation efficace de Dieu, cf. Jn 1.1, 14 ; et plus précisément comme exécuteur de ses jugements, 20.11-12 ; 22.12, cf. Sg 18.14-18.

14 Les armées du cielj le suivaient sur des chevaux blancs, vêtues de lin d’une blancheur parfaite.

j Les armées angéliques, cf. Mt 26.53 ; ou plutôt l’armée des martyrs, d’après 14.4 et 17.14, vêtus de blanc, cf. 19.8 ; 3.5, 18 ; 6.11 ; 16.15 et aussi Mt 22.11s.

15 De sa bouche sort une épée acéréek pour en frapper les païens ; c’est lui qui les mènera avec un sceptre de fer ; c’est lui qui foule dans la cuve le vin de l’ardente colère de Dieu,l le Maître-de-tout.

k Le glaive est l’arme de la Parole exterminatrice, cf. 1.16 ; Isa 11.4 ; 49.2 ; Os 6.5 ; Sg 18.15 ; 2 Th 2.8 ; He 4.12.

l L’image du pressoir était un lieu commun du prophétisme pour symboliser l’extermination par Dieu des ennemis de son Peuple, au Grand Jour de sa colère ; cf. Gn 49.9-12 ; Jr 25.30 ; Isa 63.1-6 ; Jl 4.13 ; So 1.15. Sur le « vin de la colère », cf. 14.8, 19-20 ; Isa 51.17.

16 Un nom est inscrit sur son manteau et sur sa cuisse :m Roi des rois et Seigneur des seigneurs.

m Titre seigneurial, cf. 17.14 ; Ph 2.9-11, qui dépasse à l’infini les titres blasphématoires de la Bête, 13.1 ; 17.3.

17 Puis je vis un Ange, debout sur le soleil, crier d’une voix puissante à tous les oiseaux qui volent au zénith : « Venez, ralliez le grand festin de Dieu ! 18 Vous y avalerez chairs de rois, et chairs de grands capitaines, et chairs de héros, et chairs de chevaux avec leurs cavaliers, et chairs de toutes gens, libres et esclaves, petits et grands ! »

19 Je vis alors la Bête, avec les rois de la terre et leurs armées rassemblés pour engager le combat contre le Cavalier et son armée. 20 Mais la Bête fut capturée, avec le faux prophète — celui qui accomplit au service de la Bête des prodiges par lesquels il fourvoyait les gens ayant reçu la marque de la Bête et les adorateurs de son imagen —, on les jeta tous deux, vivants, dans l’étang de feu, de soufre embrasé.

n Cette longue parenthèse rappelle les événements décrits au chap. 13.

21 Tout le reste fut exterminé par l’épée du Cavalier, qui sort de sa bouche, et tous les oiseaux se repurent de leurs chairs.

Le règne de mille années.

20 Puis je vis un Ange descendre du ciel, ayant en main la clef de l’Abîme, ainsi qu’une énorme chaîne. 2 Il maîtrisa le Dragon,o l’antique Serpent, — c’est le Diable, Satan —, et l’enchaîna pour mille années.p

o Après les deux Bêtes et leurs armées, c’est leur chef, le Dragon, qui est anéanti.

p Le châtiment s’effectue en deux phases Satan est réduit à l’impuissance pendant mille ans où règnent les martyrs, cf. 12.7-12, puis, vv. 7-10, se révoltera de nouveau avant l’écrasement définitif de ses forces armées.

3 Il le jeta dans l’Abîme, tira sur lui les verrous, apposa des scellés, afin qu’il cessât de fourvoyer les nations jusqu’à l’achèvement des mille années. Après quoi, il doit être relâché pour un peu de temps.

4 Puis je vis des trônes sur lesquels ils s’assirent,q et on leur remit le jugement ; et aussi les âmes de ceux qui furent décapités pour le témoignage de Jésus et la Parole de Dieu, et tous ceux qui refusèrent d’adorer la Bête et son image, de se faire marquer sur le front ou sur la main ; ils reprirent vie et régnèrent avec le Christ mille années.r

q Ce verset difficile est l’un de ceux où l’on croit saisir des étapes et retouches dans la rédaction du livre. 20.1-6 est-il un doublet de 19.11-21 ? Cf. Mt 19.28 ; 1 Co 6.2-3.

r Cette « résurrection » des martyrs (cf. Isa 26.19 ; Ez 37) est symbolique c’est le renouveau de l’Église après la fin de la persécution romaine, renouveau de même durée que la captivité du Dragon. Les martyrs qui attendent sous l’autel, 6.9-11, sont dès maintenant heureux avec le Christ. Le « règne de mille ans » est donc la phase terrestre du Règne de Dieu, de la chute de Rome à la venue du Christ, 20.11ss. — Pour saint Augustin et beaucoup d’autres, les « mille ans » partent de la résurrection du Christ ; la « première résurrection » désignerait alors le baptême, cf. Rm 6.1-11 ; Jn 5.25-28. — Dès l’Église ancienne, un courant de la tradition a interprété ce verset à la lettre après une première résurrection réelle, celle des martyrs, le Christ reviendrait sur la terre pour un règne heureux de mille années en compagnie de ses fidèles. Ce millénarisme littéral n’a jamais été favorisé dans l’Église.

5 Les autres morts ne purent reprendre vie avant l’achèvement des mille années. C’est la première résurrection. 6 Heureux et saint celui qui participe à la première résurrection ! La seconde morts n’a pas pouvoir sur eux, mais ils seront prêtres de Dieu et du Christ avec qui ils régneront mille années.t

s La mort éternelle, opposée à la mort corporelle.

t Ce règne était annoncé, 5.9-10. C’est encore lui qui sera décrit sous le symbole de la Jérusalem future en 21.9—22.2 et 22.6-15, bien que ce passage vienne après l’évocation du Jugement final, 20.13-15.

Le second combat eschatologique.

7 Les mille ans écoulés, Satan, relâché de sa prison, 8 s’en ira séduire les nations des quatre coins de la terre, Gog et Magog,u et les rassembler pour la guerre, aussi nombreux que le sable de la mer ;

u Dans Ez 38-39 (voir les notes) il s’agit de « Gog, roi de Magog ». Ici, les deux noms symbolisent les nations païennes coalisées contre l’Église à la fin des temps.

9 ils montèrent sur toute l’étendue du pays, puis ils investirent le camp des saints, la Cité bien-aimée.v Mais un feu descendit du ciel et les dévora.

v Une nouvelle Terre promise dont Jérusalem est la capitale, 21.2, résiste à cette dernière invasion, cf. Lc 21.24. Mais cette localisation est une figure de toute l’Église.

10 Alors, le diable, leur séducteur, fut jeté dans l’étang de feu et de soufre, y rejoignant la Bête et le faux prophète, et leur supplice durera jour et nuit, pour les siècles des siècles.

Le Jugement des nations.

11 Puis je vis un trône blanc, très grand, et Celui qui siège dessus.w Le ciel et la terre s’enfuirent de devant sa face sans laisser de traces.

w Après la résurrection de tous intervient le Juge, 2.23 ; 3.5 ; cf 19.13 ; Dn 7.10. La création présente va s’effacer devant une autre, toute nouvelle, 21.1.

12 Et je vis les morts, grands et petits, debout devant le trône ; on ouvrit des livres, puis un autre livre, celui de la vie ; alors, les morts furent jugés d’après le contenu des livres, chacun selon ses œuvres.x

x Les premiers livres ouverts contiennent inscrites les actions bonnes ou mauvaises des hommes ; le livre de vie, 3.5, contient le nom des prédestinés, 3.5 ; 17.8 ; 20.12, 15 ; 21.27 ; cf. Ph 4.3 ; Dn 7.10 ; 12.1 ; Ac 13.48.

13 Et la mer rendit les morts qu’elle gardait, la Mort et l’Hadès rendirent les morts qu’ils gardaient, et chacun fut jugé selon ses œuvres. 14 Alors la Mort et l’Hadès furent jetés dans l’étang de feuy — c’est la seconde mort cet étang de feu.

y Après le Jugement dernier, la mort elle-même sera réduite à l’impuissance, cf. 20.10 ; 21.4 et 20.6.

15 et celui qui ne se trouva pas inscrit dans le livre de vie, on le jeta dans l’étang de feu.

4. LA JÉRUSALEM FUTURE

La Jérusalem céleste.z

21 Puis je vis un ciel nouveau, une terre nouvellea — car le premier ciel et la première terre ont disparu, et de mer,b il n’y en a plus.

z La cité des élus, en total contraste avec Babylone, 17, est un don de Dieu. La perspective est purement céleste, comme en 7.15-17. Le début s’inspire d’Isaïe (surtout 51 et 65). Jérusalem, cité de David, capitale et centre religieux d’Israël, 2 S 5.9 ; 24.25 ; 1 R 6.2 ; Ps 122, ville de Dieu, Ps 46.5, ville sainte, Isa 52.1 ; Dn 9.24 ; Mt 4.5 ; etc., dont le cœur était la montagne, Ps 2.6, où était bâti le Temple, Dt 12.2-3, était tenue en Israël pour la métropole future du peuple messianique, Isa 2.1-5 ; 54.11 ; 60 ; Jr 3.17 ; Ps 87.1 ; 122 ; Lc 2.38. C’est là que l’Esprit Saint a fondé l’Église chrétienne, Ac 1.4, 8 ; 2 ; 8.1, 4 ; etc. Elle est ici transportée au ciel où est accompli le dessein sauveur de Dieu, 3.12 ; 11.1 ; 20.9 ; 22.19 ; cf. Ga 4.26 ; Ph 3.20 ; Ac 2.22-24, lorsque sont célébrées ses noces avec l’Agneau, 19.7-8, cf. Isa 61.10 ; 62.4-5 ; Os 1.2 ; 2.16 ; etc.

a Dans Isaïe, Isa 65.17, 66.22, l’expression n’était que le symbole du renouvellement de l’ère messianique. À la suite du Christ, cf. Mt 19.28 ; 2 P 3.13, saint Paul ouvre des perspectives plus réalistes toute la création sera renouvelée un jour, libérée de la servitude de la corruption, transformée par la gloire de Dieu, Rm 8.19.

b La mer, habitat du Dragon et symbole du mal, cf. Jb 7.12, disparaîtra comme aux jours de l’Exode, mais cette fois pour toujours, devant la marche victorieuse de l’Israël nouveau, cf. Isa 51.9-10 ; Ps 74.13, 14 ; Jb 26.12-13 ; Isa 27.1.

2 Et je vis la Cité sainte, Jérusalem nouvelle, qui descendait du ciel, de chez Dieu ; elle s’est faite belle, comme une jeune mariée parée pour son époux.c

c Ce sont les nouvelles fiançailles de Jérusalem avec son Dieu, dans l’allégresse et dans la joie, 19.7 ; cf. Isa 65.18 ; 61.10 ; 62.4-6, et l’idéal de l’Exode enfin atteint, cf. Os 2.16.

3 J’entendis alors une voix clamer, du trône : « Voici la demeure de Dieu avec les hommes. Il aura sa demeure avec eux ; ils seront son peuple, et lui, Dieu-avec-eux, sera leur Dieu.d

d « et lui, Dieu avec eux, sera leur Dieu » Vulg. ; var. « et Dieu lui-même sera leur Dieu » ou « et Dieu lui-même sera avec eux ». Formule classique de l’alliance, Gn 17.8 ; Lv 26.11-12 ; Jr 31.33 ; Ez 37.27 ; cf. 2 Co 6.16. La présence et l’intimité caractérisent l’alliance de Dieu avec son Peuple, cf. Ex 25 8 et Jn 1.14. Elle sera consommée à la fin des temps. Cf. Jl 4.17, 21 ; Za 2.14 ; So 3.15-17 ; Isa 12.6.

4 Il essuiera toute larme de leurs yeux : de mort, il n’y en aura plus ; de pleur, de cri et de peine, il n’y en aura plus, car l’ancien monde s’en est allé. »

5 Alors, Celui qui siège sur le trône déclara : « Voici, je fais l’univers nouveau. » Puis il ajouta : « Écris : Ces paroles sont certaines et vraies. » 6 « C’en est fait, me dit-il encore, je suis l’Alpha et l’Oméga, le Principe et la Fin ; celui qui a soif, moi, je lui donnerai de la source de vie, gratuitement.e

e L’eau symbole de vie, était dans l’AT caractéristique des temps messianiques. Dans le NT, elle devient le symbole de l’Esprit, cf. 7.17 ; Jn 4.1.

7 Telle sera la part du vainqueur ; et je serai son Dieu, et lui sera mon fils.f

f Le titre de « Fils de Dieu » devait être conféré au Roi-Messie, successeur de David, au jour de son intronisation, 2 S 7.14 ; le Christ a donc été déclaré « Fils de Dieu » en vertu de sa résurrection, Ac 2.36 ; Rm 1.4 ; He 1.5. Il a aussi étendu ce titre à ceux qui croient en lui, Jn 1.12.

8 Mais les lâches, les renégats, les dépravés, les assassins, les impurs, les sorciers, les idolâtres, bref, tous les hommes de mensonge, leur lot se trouve dans l’étang brûlant de feu et de soufre : c’est la seconde mort. »g

g La mort éternelle 20.6, 14. Le feu dévorant s’oppose à l’eau, v. 6 ; l’un et l’autre sont symboliques.

La Jérusalem messianique.h

9 Alors, l’un des sept Anges aux sept coupes remplies des sept derniers fléaux s’en vint me dire : « Viens, que je te montre la Fiancée, l’Épouse de l’Agneau. »

h C’est la Jérusalem messianique, puisque les nations païennes existent encore, 21.24, et peuvent se convertir au vrai Dieu, 22.2 ; mais elle est déjà la Jérusalem céleste et n’attend que son épanouissement éternel. Les traits de cette description sont empruntés surtout à Ez 40-48.

10 Il me transporta donc en esprit sur une montagne de grande hauteur, et me montra la Cité sainte, Jérusalem, qui descendait du ciel, de chez Dieu,i

i Le salut messianique et éternel est un don de Dieu, 21.2.

11 avec en elle la gloire de Dieu. Elle resplendit telle une pierre très précieuse, comme une pierre de jaspe cristallin. 12 Elle est munie d’un rempart de grande hauteur pourvu de douze portes près desquelles il y a douze Anges et des noms inscrits, ceux des douze tribus des fils d’Israël ; 13 à l’orient, trois portes ; au nord, trois portes ; au midi, trois portes ; à l’occident, trois portes. 14 Le rempart de la ville repose sur douze assises portant chacune le nom de l’un des douze Apôtres de l’Agneau.j

j La perfection dans la totalité du peuple nouveau succède à celle de l’ancien. Aux douze tribus d’Israël, 7.4-8, répondent les douze Apôtres, cf. Mt 19.28 ; Mc 3.14 ; Ep 2.20. Tous les nombres multiples de 12, dans cette description, expriment la même idée de perfection.

15 Celui qui me parlait tenait une mesure, un roseau d’or, pour mesurer la ville, ses portes et son rempart ; 16 cette ville dessine un carré :k sa longueur égale sa largeur. Il la mesura donc à l’aide du roseau, soit douze mille stades ;l longueur, largeur et hauteur y sont égales.

k Signe de perfection.

l 12 (le nombre de l’Israël nouveau) multiplié par 1 000 (multitude).

17 Puis il en mesura le rempart, soit cent quarante quatre coudées. — L’Ange mesurait d’après une mesure humaine. —

18 Ce rempart est construit en jaspe, et la ville est de l’or pur, comme du cristal bien pur. 19 Les assises de son rempart sont rehaussées de pierreries de toute sorte :m la première assise est de jaspe, la deuxième de saphir, la troisième de calcédoine, la quatrième d’émeraude,

m Ces pierreries et leurs couleurs doivent laisser une impression globale de solidité et de splendeur, reflet de la gloire divine (cf. 2 Co 3.18). Voir Isa 54.11-12 ; Ez 28.13, et la description du pectoral du grand prêtre, Ex 28.17-21 ; 39.10-14.

20 la cinquième de sardoine, la sixième de cornaline, la septième de chrysolite, la huitième de béryl, la neuvième de topaze, la dixième de chrysoprase, la onzième d’hyacinthe, la douzième d’améthyste. 21 Et les douze portes sont douze perles, chaque porte formée d’une seule perle ; et la place de la ville est de l’or pur, transparent comme du cristal. 22 De temple, je n’en vis point en elle ;n c’est que le Seigneur, le Dieu Maître-de-tout, est son temple, ainsi que l’Agneau.

n Le Temple où Dieu résidait au cœur de la Jérusalem terrestre, 11.19 ; 14.15-17 ; 15.5—16.1, a maintenant disparu. C’est le corps du Christ immolé et ressuscité qui est le lieu du culte spirituel nouveau, cf. Jn 2.19-22 ; 4.23-24 ; Rm 12.1.

23 La ville peut se passer de l’éclat du soleil et de celui de la lune, car la gloire de Dieu l’a illuminée, et l’Agneau lui tient lieu de flambeau. 24 Les nations marcheront à sa lumière, et les rois de la terre viendront lui porter leurs trésors. 25 Ses portes resteront ouvertes le jour — car il n’y aura pas de nuito

o De même, c’est le Ressuscité qui, de là, répand sa lumière sans ombre et sa sainteté, v. 27, sur toutes les nations rassemblées, 22.5 ; cf. Jn 8.12 ; 2 Co 4.6.

26 et l’on viendra lui porter les trésors et le faste des nations. 27 Rien de souillé n’y pourra pénétrer, ni ceux qui commettent l’abomination et le mal, mais seulement ceux qui sont inscrits dans le livre de vie de l’Agneau.

22 Puis l’Ange me montra le fleuve de Vie, limpide comme du cristal, qui jaillissait du trône de Dieu et de l’Agneau.p

p Les eaux vives et vivifiantes symbolisant l’Esprit, cf. Jn 4.1 ; 7.37-39, Jean entrevoit ici la Trinité.

2 Au milieu de la place, de part et d’autreq du fleuve, il y a des arbres de Vie qui fructifient douze fois, une fois chaque mois ; et leurs feuilles peuvent guérir les païens.

q D’autres préfèrent couper ainsi « ... qui jaillissait... au milieu de la place. Et de part et d’autre... »

3 De malédiction, il n’y en aura plus ;r le trône de Dieu et de l’Agneau sera dressé dans la ville, et les serviteurs de Dieu l’adoreront ;

r Les vv. 3-5 (« texte II ») doivent être insérés après 21.4. Cf. l’Introduction.

4 ils verront sa face, et son nom sera sur leurs fronts. 5 De nuit, il n’y en aura plus ; ils se passeront de lampe ou de soleil pour s’éclairer, car le Seigneur Dieu répandra sur eux sa lumière, et ils régneront pour les siècles des siècles.s

s Les vv. 3-5 sont au futur, promesse ferme du règne et de la vision sans fin, cf. 1 Co 13.12 ; 1 Jn 3.2, des serviteurs de Dieu et de l’Agneau, 3.12 ; 7.3 ; 14.1.

6 Puis il me dit :t « Ces paroles sont certaines et vraies ; le Seigneur Dieu, qui inspire les prophètes, a envoyé son Ange pour montrer à ses serviteurs ce qui doit arriver bientôt.

t Toute la suite fait figure d’épilogue. C’est une sorte d’entretien entre l’Ange (ou Jésus) et le Voyant, commentant les visions consignées dans le livre et l’usage qu’il en faut faire. La plupart des expressions se trouvent déjà disséminées dans le livre. La fin, vv. 16-20, est nettement attribuée à Jésus.

7 Voici que mon retour est proche ! Heureux celui qui garde les paroles prophétiques de ce livre. » 8 C’est moi, Jean, qui voyais et entendais tout cela ; une fois les paroles et les visions achevées, je tombai aux pieds de l’Ange qui m’avait tout montré, pour l’adorer. 9 Mais lui me dit : « Non, attention, je suis un serviteur comme toi et tes frères les prophètes et ceux qui gardent les paroles de ce livre ; c’est Dieu qu’il faut adorer. »

10 Il me dit encore : « Ne tiens pas secrètes les paroles prophétiques de ce livre, car le Temps est proche.u

u Quelle que soit la conduite de l’homme, le plan divin s’accomplira.

11 Que le pécheur pèche encore, et que l’homme souillé se souille encore ; que l’homme de bien vive encore dans le bien, et que le saint se sanctifie encore. 12 Voici que mon retour est proche, et j’apporte avec moi le salaire que je vais payer à chacun, en proportion de son travail. 13 Je suis l’Alpha et l’Oméga, le Premier et le Dernier, le Principe et la Fin. 14 Heureux ceux qui lavent leurs robes ; ils pourront disposer de l’arbre de Vie, et pénétrer dans la Cité,v par les portes.

v Jérusalem décrite en 21.9s.

15 Dehors les chiens, les sorciers, les impurs, les assassins, les idolâtres et tous ceux qui se plaisent à faire le mal ! »

Épilogue

16 Moi, Jésus, j’ai envoyé mon Ange publier chez vous ces révélations concernant les Églises. Je suis le rejeton de la race de David, l’Étoile radieuse du matin.

17 L’Esprit et l’Épousew disent : « Viens ! » Que celui qui entend dise : « Viens ! »x Et que l’homme assoiffé s’approche, que l’homme de désir reçoive l’eau de la vie, gratuitement.

w C’est l’Esprit présent dans l’Église, épouse du Christ, 21.2, 9-10, qui lui inspire cet appel qui répond au message du livre.

x Cette supplication s’adresse au Seigneur Jésus, v. 20 c’est le Marana tha que l’on répétait au cours des réunions liturgiques, 1 Co 16.22, pour exprimer l’attente impatiente de la Parousie, voir 1 Th 5.1.

18 Je déclare, moi, à quiconque écoute les paroles prophétiques de ce livre :y « Qui oserait y faire des surcharges, Dieu le chargera de tous les fléaux décrits dans ce livre !

y Ce schème très ancien, Dt 4.2 ; 13.1 ; Pr 30.6 ; cf. Qo 3.14, est une manière de protéger un écrit sacré contre toute falsification.

19 Et qui oserait retrancher aux paroles de ce livre prophétique, Dieu retranchera son lot de l’arbre de Vie et de la Cité sainte, décrits dans ce livre ! »

20 Le garant de ces révélations l’affirme : « Oui, mon retour est proche ! » Amen, viens, Seigneur Jésus !z

z Jésus confirme que sa venue est proche, vv. 7, 12 ; et déjà 1.3, 7 ; etc. son oui répond à l’appel de l’Église et des croyants ; et l’Amen de ceux-ci, Rm 1.25, exprime leur foi joyeuse et leur désir.

21 Que la grâce du Seigneur Jésus soit avec tous !a Amen.

a Var. « avec les saints » ou « avec tous les saints ».