4 J’eus ensuite une vision. Voici : une porte était ouverte au ciel, et la voix que j’avais naguère entendu me parler comme une trompette me dit : Monte ici, que je te montre ce qui doit arriver par la suite.
a Dieu sur son trône est glorifié par sa cour céleste, 4, puis l’horizon s’étend à l’univers dont les destinées sont remises à l’Agneau rédempteur sous la forme d’un livre scellé, 5. Suivront de larges visions symboliques préludant au « Grand Jour » où la colère de Dieu tombera sur les païens persécuteurs, 17-19.
b Jean se garde de décrire Dieu sous forme humaine et même de le nommer il n’en donne qu’une vision de lumière. Toute la scène s’inspire d’Ez 1 et 10 ; cf. aussi Isa 6.
c Ces Vieillards exercent un rôle sacerdotal et royal ils louent et adorent Dieu, 4.10 ; 5.9 ; 11.16, 17 ; 19.4, et lui offrent les prières des fidèles, 5.8 ; ils l’assistent dans le gouvernement du monde (trônes) et participent à son pouvoir royal (couronnes). Leur nombre correspond peut-être à celui des 24 ordres sacerdotaux de 1 Ch 24.1-19.
d Comme souvent dans les théophanies, cf. Ex 19.16 ; Ez 1.4, 13.
e Plutôt que l’Esprit Saint, 1.4 (qui deviendra, dans la tradition chrétienne, rapportée aussi à Isa 11.2, l’Esprit « septiforme »), ce sont ici les « Anges de la Face », cf. 3.1 ; 8.2 ; Tb 12.15, qui sont les envoyés de Dieu, cf. Za 4.10 ; 5.6 ; Tb 12.14 ; Lc 1.26 et passim .
f Soit les « eaux supérieures » de Gn 1.7 ; Ps 104.3, soit la « Mer » de 1 R 7.23-26.
g La disposition est difficile à imaginer. « Au milieu du trône » peut être une glose venue de Ez 1.5.
h Symbolisme inspiré d’Ez 1.5-21. Ces Vivants (litt. « Êtres animés, Animaux ») sont les quatre Anges qui président au gouvernement du monde physique, cf. 1.20 quatre est un chiffre cosmique (les points cardinaux, les vents ; cf. 7.1). Leurs yeux multiples symbolisent la science universelle et la providence de Dieu. Ils adorent Dieu et lui rendent gloire pour son œuvre créatrice. Leurs formes (lion, taureau, homme, aigle) représentent ce qu’il y a de plus noble, de plus fort, de plus sage, de plus agile dans la création. Depuis saint Irénée, la tradition chrétienne y a vu le symbole des quatre évangélistes.
« Saint, Saint, Saint,
Seigneur, Dieu Maître-de-tout,
« Il était, Il est et Il vient ». »i
i La doxologie d’Isaïe était déjà en usage dans le culte synagogal et elle a été reprise par les liturgies chrétiennes. La liturgie de la terre est une participation au culte éternel (« jour et nuit ») du ciel.
9 Et chaque fois que les Vivants offrent gloire, honneur et action de grâces à Celui qui siège sur le trône et qui vit dans les siècles des siècles,
j Les Vieillards font hommage à Dieu de la puissance qu’ils ont reçue de lui, ce que refuseront de faire les rois de la terre, 17.2, etc. — « il n’était pas » (v. ; d’après certains manuscrits, texte incertain. On peut aussi comprendre « il exista ».
11 « Tu es digne, ô notre Seigneur et notre Dieu,
de recevoir la gloire, l’honneur et la puissance,
car c’est toi qui créas l’univers ;
par ta volonté, il n’était pas et fut créé. »
5 Et je vis dans la main droite de Celui qui siège sur le trône un livre roulé,k écrit au recto et au verso, et scellé de sept sceaux.
k Les décrets divins concernant les événements des derniers temps. Les sceaux seront brisés un à un, et les secrets seront dévoilés, aux chap. 6-9. La présentation de l’Agneau près du trône de Dieu, 5, est un événement qui intervient dans la liturgie éternelle de 4.
l Seul en sera « digne » celui qui dans l’épreuve s’en est montré capable par ses actes 5.9, 12.
m Dans l’Hadès, 1.18.
n Sur Satan et le monde, cf. Jn 3.35 ; 1 Jn 2.14.
6 Alors je vis, debout entre le trône aux quatre Vivants et les Vieillards, un Agneau, comme égorgé,o portant sept cornes et sept yeux,p qui sont les sept Esprits de Dieu en mission par toute la terre.
o Succédant aux titres messianiques du v. 5, le titre d’Agneau apparaît ici et sera donné au Christ une trentaine de fois dans Ap. C’est l’Agneau qui a été immolé pour le salut du peuple élu, cf. Jn 1.29, Isa 53.7. Il porte les marques de son supplice, mais il est debout, triomphant, cf. Ac 7.55, vainqueur de la mort, 1.18, et pour cette raison associé à Dieu comme maître de toute l’humanité, v. 13, etc. ; cf. 21-22, Rm 1.4, etc.
p Symboles de la puissance (cornes) et de la connaissance (yeux) que le Christ possède en plénitude (chiffre 7).
« Tu es digne de prendre le livre
et d’en ouvrir les sceaux,
car tu fus égorgé et tu rachetas pour Dieu,q
au prix de ton sang,
des hommes de toute race, langue, peuple et nation ;r
q Var. « tu nous rachetas », « tu nous rachetas pour Dieu ». La leçon « nous » suppose que les Vieillards sont des hommes, peut-être les Patriarches de l’AT.
r Expression stéréotypée de l’universalité. Cf. Dn 3.4, 7, 96 ; 6.26.
10 tu as fait d’eux pour notre Dieu
une Royauté de Prêtres régnants sur la terre. »
s Vulg. « tu as fait de nous... nous régnerons... ».
11 Et ma vision se poursuivit. J’entendis la voix d’une multitude d’Anges rassemblés autour du trône, des Vivants et des Vieillards — ils se comptaient par myriades de myriades et par milliers de milliers ! —
« Digne est l’Agneau égorgé
de recevoir la puissance, la richesse,t la sagesse,
la force, l’honneur, la gloire et la louange. »
t Vulg. « divinité ».
13 Et toute créature, dans le ciel, et sur la terre, et sous la terre, et sur la mer, l’univers entier, je l’entendis s’écrier :
« À Celui qui siège sur le trône, ainsi qu’à l’Agneau,
la louange, l’honneur, la gloire et la puissance
dans les siècles des siècles ! »
14 Et les quatre Vivants disaient : « Amen ! »; et les Vieillards se prosternèrent pour adorer.
6 Et ma vision se poursuivit. Lorsque l’Agneau ouvrit le premier des sept sceaux, j’entendis le premier des quatre Vivants crier comme d’une voix de tonnerre : « Viens ! »
u Les chap. 6-9 forment un tout. À mesure que l’Agneau descelle le Livre, 6-8.1, et que résonnent les trompettes, 8.2-9, se déroule la vision des événements qui annoncent et préparent la déroute de l’Empire romain, prototype des ennemis de Dieu. Cf. Mt 24. — Les quatre cavaliers de cette première vision sont inspirés de Za 1.8-10 ; 6.1-3 ; mais ils symbolisent aussi les quatre fléaux dont les prophètes menaçaient Israël infidèle bêtes fauves, guerre, famine, peste, cf. Lv 26.21-26 ; Dt 32.24 ; Ez 5.17 ; 14.13-21 ; et aussi Ez 6.11-12 ; 7.14-15 ; 12.16 ; 33.27.
v Le cavalier au cheval blanc fait penser aux Parthes (dont l’arme propre était l’arc), terreur du monde romain au Ier siècle, « fauves de la terre », v. 8 (cf. Dt 7.22 ; Jr 15.2-4 ; 50.17 ; Ez 34.28, et l’invasion décrite 9.13-21). Tout un courant de la tradition chrétienne a vu dans ce cavalier vainqueur le Verbe de Dieu lui-même, 19.11-16, ou l’expansion de l’Évangile.
3 Lorsqu’il ouvrit le deuxième sceau, j’entendis le deuxième Vivant crier : « Viens ! »
w Symbole des guerres sanglantes provoquées par le premier cavalier.
5 Lorsqu’il ouvrit le troisième sceau, j’entendis le troisième Vivant crier : « Viens ! » Et voici qu’apparut à mes yeux un cheval noir ; celui qui le montait tenait à la main une balance,x
x Symbole de la famine denrées rationnées et prix exorbitants.
7 Lorsqu’il ouvrit le quatrième sceau, j’entendis le cri du quatrième Vivant : « Viens ! »
Alors, on leur donna pouvoir sur le quart de la terre, pour exterminer par l’épée, par la faim, par la peste, et par les fauves de la terre.
y La couleur « verte » est celle du cadavre qui se décompose, surtout par l’effet de la peste.
z Pour engloutir les victimes.
9 Lorsqu’il ouvrit le cinquième sceau, je vis sous l’autela les âmes de ceux qui furent égorgés pour la Parole de Dieu et le témoignage qu’ils avaient rendu.
a L’autel, 8.3 ; 9.13 ; 14.18 ; 16.7, répond dans cette liturgie céleste à l’autel des holocaustes, 1 R 8.64. Les martyrs, témoins de la Parole, sont associés à l’immolation de leur Maître, cf. Ph 2.17.
b Comme pour les Psaumes qui font parler le peuple maltraité ou les innocents opprimés, cf. Ps 13.2-3 ; 58.11-12 ; 59.6, 14 ; 79.10 ; 83.14-19 ; 94.1-6, 16-23, l’appel à la vengeance est à comprendre comme une invocation confiante de Dieu, seul juge et sauveur, cf. Lc 18.7. Les martyrs sont invités à la patience (v. 11).
c Symbole de la joie triomphante 3.5 ; 7.9, 13-14 ; 19.8.
12 Et ma vision se poursuivit. Lorsqu’il ouvrit le sixième sceau, alors il se fitd un violent tremblement de terre, et le soleil devint noir comme une étoffe de crin, et la lune devint tout entière comme du sang,
d Tous ces signes cosmiques, vv. 12-14, accompagnent chez les prophètes le Jour de Yahvé, Am 8.9. Ils symbolisent le déchaînement de la Colère de Dieu, cf. Mt 24.1.
e Var. « de leur colère ».
7 Après quoi je vis quatre Anges, debout aux quatre coins de la terre, retenant les quatre vents de la terre pour qu’il ne soufflât point de vent, ni sur la terre, ni sur la mer, ni sur aucun arbre.
f Le carré de douze (le nombre sacré), multiplié par mille la multitude des fidèles du Christ, peuple de Dieu, Israël nouveau, Ga 6.16, cf. Jc 1.1 ; 11.1 ; 20.9. Marqués du sceau divin, Rm 4.11, ils échapperont finalement aux fléaux attendus cf. Ex 12.7-14.
5 De la tribu de Juda, douze mille furent marqués ; de la tribu de Ruben, douze mille ; de la tribu de Gad, douze mille ;
9 Après quoi, voici qu’apparut à mes yeux une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, de toute nation, race, peuple et langue ;g debout devant le trône et devant l’Agneau, vêtus de robes blanches, des palmes à la main,h
g Cette fois, c’est la foule des martyrs chrétiens déjà en possession du bonheur céleste, v. 14 ; 15.2-4.
h Les palmes du triomphe, évoquant la fête joyeuse des Tabernacles, Lv 23.33-34 ; etc. (au v. 15 la tente de Dieu deviendra leur demeure).
« Amen ! Louange, gloire, sagesse,
action de grâces, honneur, puissance et force
à notre Dieu pour les siècles des siècles ! Amen ! »
13 L’un des Vieillards prit alors la parole et me dit : « Ces gens vêtus de robes blanches, qui sont-ils et d’où viennent-ils ? »
i Pour le jeu de scène, cf. Za 6.4-5, et aussi 4.4-13.
j Les persécutions, dont celle de Néron était le prototype.
k Le sang symbolisait l’efficacité de la mort de Jésus, Rm 3.25 ; 1 Co 11.25 ; Ep 1.7 ; etc. Ce don est ici accepté par ceux qui en reçoivent les effets.
16 Jamais plus ils ne souffriront de la faim ni de la soif ; jamais plus ils ne seront accablés ni par le soleil, ni par aucun vent brûlant.
l Ces images, courantes dans la tradition prophétique pour symboliser le bonheur eschatologique, cf. Os 2.20 ; Isa 11.6, seront reprises en 21.4.
8 Et lorsque l’Agneau ouvrit le septième sceau, il se fit un silence dans le ciel, environ une demi-heure...m
m Comme dans la tradition prophétique, un silence solennel précède et annonce la « venue » de Yahvé. L’exécution des décrets consignés dans le livre ouvert va maintenant se dérouler, selon une nouvelle liturgie céleste marquée par sept sonneries de trompette, 8-9 ; 11.15-18.
2 Et je vis les sept Anges qui se tiennent devant Dieu ; on leur remit sept trompettes.
n L’autel des parfums, cf. Ex 30.1 ; 1 R 6.20-21.
o C’est la pelle à feu qui servait à transporter les braises ardentes de l’autel des holocaustes sur l’autel des parfums.
6 Les sept Anges aux sept trompettes s’apprêtèrent à sonner.p
p Sur le caractère symbolique de ces fléaux, voir 6.1. Ils semblent de plus être ici un rappel des plaies d’Égypte, Ex 7-10 ; Sg 11.5—12.2. Cf. 15.5ss.
13 Et ma vision se poursuivit. J’entendis un aigle volant au zénith et criant d’une voix puissante : « Malheur, malheur, malheur aux habitants de la terre, à cause de la voix des dernières trompettes dont les trois Anges vont sonner. »
9 Et le cinquième Ange sonna... Alors je vis un astreq qui du ciel avait chu sur la terre. On lui remit la clef du puits de l’Abîme.r
q Un des anges déchus, peut-être Satan lui-même, cf. v. 11 et Lc 10.18.
r Un ange ouvre le lieu où les anges déchus sont détenus en attendant le châtiment final, cf. 11.7 ; 17.8 ; etc.
s L’invasion des sauterelles s’inspire de Jl 1-2 que déjà les Juifs interprétaient historiquement (d’après saint Jérôme) les quatre groupes de sauterelles représentant quatre envahisseurs successifs, Assyriens, Perses, Grecs et Romains ; cf. Jr 51.27. Ici, les sauterelles évoquent probablement les Parthes. Comme les sauterelles tourmentent les hommes sans les faire mourir, on a vu parfois dans leur invasion les tourments spirituels causés par les démons.
t Qui symbolisent peut-être les fidèles du Christ préservés, cf. 7.1s.
7 Or ces sauterelles, à les voir, font penser à des chevaux équipés pour la guerre ; sur leur tête on dirait des couronnes d’or, et leur face rappelle des faces humaines ;
u Les deux noms se traduisent Destruction et Destructeur.
12 Le premier « Malheur » a passé, voici encore deux « Malheurs » qui le suivent...
13 Et le sixième Ange sonna... Alors j’entendis une voix venant des quatre cornes de l’autel d’orv placé devant Dieu ;
v Pour signifier que le châtiment des païens fait suite à la prière des martyrs décrite en 6.9, 10 (cf. 8.2s).
w La région à l’Est de l’Euphrate était occupée par les Parthes, dont la cavalerie intervient dans ce sixième fléau, 6.2.
15 Et l’on relâcha les quatre Anges qui se tenaient prêts pour l’heure et le jour et le mois et l’année, afin d’exterminer le tiers des hommes.
10 Je vis ensuite un autre Ange, puissant, descendre du ciel enveloppé d’une nuée, un arc-en-ciel au-dessus de la tête, le visage comme le soleil et les jambes comme des colonnes de feu.
x Différent du Livre scellé confié à l’Agneau, 5.2, le livre ici offert à Jean est petit et ouvert.
a L’ange va jurer, Dn 12.7, par le Créateur des trois parties de l’univers, cf. Gn 14.22 ; Ex 20.11 ; Dt 32.40 ; Ne 9.6 ; etc.
b L’établissement définitif du Royaume, qui présuppose la défaite des ennemis de Dieu, 17-18 ; 20.7-10. Sur le mystère de Dieu, cf. Rm 11.25 ; 16.25 ; Ep 1.9 ; cf. 2 Th 2.6-7.