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Bible de Jérusalem

Apocalypse 4-9

II. Les visions prophétiques

1. LES PRÉLIMINAIRES DU « GRAND JOUR » DE DIEU

Dieu remet à l’Agneau les destinées du monde.a

4 J’eus ensuite une vision. Voici : une porte était ouverte au ciel, et la voix que j’avais naguère entendu me parler comme une trompette me dit : Monte ici, que je te montre ce qui doit arriver par la suite.

a Dieu sur son trône est glorifié par sa cour céleste, 4, puis l’horizon s’étend à l’univers dont les destinées sont remises à l’Agneau rédempteur sous la forme d’un livre scellé, 5. Suivront de larges visions symboliques préludant au « Grand Jour » où la colère de Dieu tombera sur les païens persécuteurs, 17-19.

2 À l’instant, je tombai en extase. Voici, un trône était dressé dans le ciel, et, siégeant sur le trône, Quelqu’un...b

b Jean se garde de décrire Dieu sous forme humaine et même de le nommer il n’en donne qu’une vision de lumière. Toute la scène s’inspire d’Ez 1 et 10 ; cf. aussi Isa 6.

3 Celui qui siège est comme une vision de jaspe et de cornaline ; un arc-en-ciel autour du trône est comme une vision d’émeraude. 4 Vingt-quatre sièges entourent le trône, sur lesquels sont assis vingt-quatre Vieillards vêtus de blanc, avec des couronnes d’or sur leurs têtes.c

c Ces Vieillards exercent un rôle sacerdotal et royal ils louent et adorent Dieu, 4.10 ; 5.9 ; 11.16, 17 ; 19.4, et lui offrent les prières des fidèles, 5.8 ; ils l’assistent dans le gouvernement du monde (trônes) et participent à son pouvoir royal (couronnes). Leur nombre correspond peut-être à celui des 24 ordres sacerdotaux de 1 Ch 24.1-19.

5 Du trône partent des éclairs, des voix et des tonnerres,d et sept lampes de feu brûlent devant lui, les sept Esprits de Dieu.e

d Comme souvent dans les théophanies, cf. Ex 19.16 ; Ez 1.4, 13.

e Plutôt que l’Esprit Saint, 1.4 (qui deviendra, dans la tradition chrétienne, rapportée aussi à Isa 11.2, l’Esprit « septiforme »), ce sont ici les « Anges de la Face », cf. 3.1 ; 8.2 ; Tb 12.15, qui sont les envoyés de Dieu, cf. Za 4.10 ; 5.6 ; Tb 12.14 ; Lc 1.26 et passim .

6 Devant le trône, on dirait une mer,f transparente autant que du cristal. Au milieu du trône et autour de lui,g se tiennent quatre Vivants, constellés d’yeux par-devant et par-derrière.h

f Soit les « eaux supérieures » de Gn 1.7 ; Ps 104.3, soit la « Mer » de 1 R 7.23-26.

g La disposition est difficile à imaginer. « Au milieu du trône » peut être une glose venue de Ez 1.5.

h Symbolisme inspiré d’Ez 1.5-21. Ces Vivants (litt. « Êtres animés, Animaux ») sont les quatre Anges qui président au gouvernement du monde physique, cf. 1.20 quatre est un chiffre cosmique (les points cardinaux, les vents ; cf. 7.1). Leurs yeux multiples symbolisent la science universelle et la providence de Dieu. Ils adorent Dieu et lui rendent gloire pour son œuvre créatrice. Leurs formes (lion, taureau, homme, aigle) représentent ce qu’il y a de plus noble, de plus fort, de plus sage, de plus agile dans la création. Depuis saint Irénée, la tradition chrétienne y a vu le symbole des quatre évangélistes.

7 Le premier Vivant est comme un lion ; le deuxième Vivant est comme un jeune taureau ; le troisième Vivant a comme un visage d’homme ; le quatrième Vivant est comme un aigle en plein vol. 8 Les quatre Vivants, portant chacun six ailes, sont constellés d’yeux tout autour et en dedans. Ils ne cessent de répéter jour et nuit :

« Saint, Saint, Saint,
Seigneur, Dieu Maître-de-tout
,
« Il était, Il est et Il vient ». »i

i La doxologie d’Isaïe était déjà en usage dans le culte synagogal et elle a été reprise par les liturgies chrétiennes. La liturgie de la terre est une participation au culte éternel (« jour et nuit ») du ciel.

9 Et chaque fois que les Vivants offrent gloire, honneur et action de grâces à Celui qui siège sur le trône et qui vit dans les siècles des siècles, 10 les vingt-quatre Vieillards se prosternent devant Celui qui siège sur le trône pour adorer Celui qui vit dans les siècles des siècles ; ils lancent leurs couronnes devant le trônej en disant :

j Les Vieillards font hommage à Dieu de la puissance qu’ils ont reçue de lui, ce que refuseront de faire les rois de la terre, 17.2, etc. — « il n’était pas » (v. ; d’après certains manuscrits, texte incertain. On peut aussi comprendre « il exista ».

11 « Tu es digne, ô notre Seigneur et notre Dieu,
de recevoir la gloire, l’honneur et la puissance,
car c’est toi qui créas l’univers ;
par ta volonté, il n’était pas et fut créé. »

5 Et je vis dans la main droite de Celui qui siège sur le trône un livre roulé,k écrit au recto et au verso, et scellé de sept sceaux.

k Les décrets divins concernant les événements des derniers temps. Les sceaux seront brisés un à un, et les secrets seront dévoilés, aux chap. 6-9. La présentation de l’Agneau près du trône de Dieu, 5, est un événement qui intervient dans la liturgie éternelle de 4.

2 Et je vis un Ange puissant proclamant à pleine voix : « Qui est dignel d’ouvrir le livre et d’en briser les sceaux ? »

l Seul en sera « digne » celui qui dans l’épreuve s’en est montré capable par ses actes 5.9, 12.

3 Mais nul n’était capable, ni dans le ciel, ni sur la terre, ni sous la terre,m d’ouvrir le livre et de le lire.

m Dans l’Hadès, 1.18.

4 Et je pleurais fort de ce que nul ne s’était trouvé digne d’ouvrir le livre et de le lire. 5 L’un des Vieillards me dit alors : « Ne pleure pas. Voici : il a remporté la victoire,n le Lion de la tribu de Juda, le Rejeton de David ; il ouvrira donc le livre aux sept sceaux. »

n Sur Satan et le monde, cf. Jn 3.35 ; 1 Jn 2.14.

6 Alors je vis, debout entre le trône aux quatre Vivants et les Vieillards, un Agneau, comme égorgé,o portant sept cornes et sept yeux,p qui sont les sept Esprits de Dieu en mission par toute la terre.

o Succédant aux titres messianiques du v. 5, le titre d’Agneau apparaît ici et sera donné au Christ une trentaine de fois dans Ap. C’est l’Agneau qui a été immolé pour le salut du peuple élu, cf. Jn 1.29, Isa 53.7. Il porte les marques de son supplice, mais il est debout, triomphant, cf. Ac 7.55, vainqueur de la mort, 1.18, et pour cette raison associé à Dieu comme maître de toute l’humanité, v. 13, etc. ; cf. 21-22, Rm 1.4, etc.

p Symboles de la puissance (cornes) et de la connaissance (yeux) que le Christ possède en plénitude (chiffre 7).

7 Il s’en vint prendre le livre dans la main droite de Celui qui siège sur le trône. 8 Quand il l’eut pris, les quatre Vivants et les vingt-quatre Vieillards se prosternèrent devant l’Agneau, tenant chacun une harpe et des coupes d’or pleines de parfums, les prières des saints ; 9 ils chantaient un cantique nouveau :

« Tu es digne de prendre le livre
et d’en ouvrir les sceaux,
car tu fus égorgé et tu rachetas pour Dieu,q
au prix de ton sang,
des hommes de toute race, langue, peuple et nation ;r

q Var. « tu nous rachetas », « tu nous rachetas pour Dieu ». La leçon « nous » suppose que les Vieillards sont des hommes, peut-être les Patriarches de l’AT.

r Expression stéréotypée de l’universalité. Cf. Dn 3.4, 7, 96 ; 6.26.

10 tu as fait d’eux pour notre Dieu
une Royauté de Prêtres régnants sur la terre. »

s Vulg. « tu as fait de nous... nous régnerons... ».

11 Et ma vision se poursuivit. J’entendis la voix d’une multitude d’Anges rassemblés autour du trône, des Vivants et des Vieillards — ils se comptaient par myriades de myriades et par milliers de milliers !12 et criant à pleine voix :

« Digne est l’Agneau égorgé
de recevoir la puissance, la richesse,t la sagesse,
la force, l’honneur, la gloire et la louange. »

t Vulg. « divinité ».

13 Et toute créature, dans le ciel, et sur la terre, et sous la terre, et sur la mer, l’univers entier, je l’entendis s’écrier :

« À Celui qui siège sur le trône, ainsi qu’à l’Agneau,
la louange, l’honneur, la gloire et la puissance
dans les siècles des siècles ! »

14 Et les quatre Vivants disaient : « Amen ! »; et les Vieillards se prosternèrent pour adorer.

L’Agneau brise les sept sceaux.u

6 Et ma vision se poursuivit. Lorsque l’Agneau ouvrit le premier des sept sceaux, j’entendis le premier des quatre Vivants crier comme d’une voix de tonnerre : « Viens ! »

u Les chap. 6-9 forment un tout. À mesure que l’Agneau descelle le Livre, 6-8.1, et que résonnent les trompettes, 8.2-9, se déroule la vision des événements qui annoncent et préparent la déroute de l’Empire romain, prototype des ennemis de Dieu. Cf. Mt 24. — Les quatre cavaliers de cette première vision sont inspirés de Za 1.8-10 ; 6.1-3 ; mais ils symbolisent aussi les quatre fléaux dont les prophètes menaçaient Israël infidèle bêtes fauves, guerre, famine, peste, cf. Lv 26.21-26 ; Dt 32.24 ; Ez 5.17 ; 14.13-21 ; et aussi Ez 6.11-12 ; 7.14-15 ; 12.16 ; 33.27.

2 Et voici qu’apparut à mes yeux un cheval blanc ; celui qui le montait tenait un arc ; on lui donna une couronne et il partit en vainqueur, et pour vaincre encore.v

v Le cavalier au cheval blanc fait penser aux Parthes (dont l’arme propre était l’arc), terreur du monde romain au Ier siècle, « fauves de la terre », v. 8 (cf. Dt 7.22 ; Jr 15.2-4 ; 50.17 ; Ez 34.28, et l’invasion décrite 9.13-21). Tout un courant de la tradition chrétienne a vu dans ce cavalier vainqueur le Verbe de Dieu lui-même, 19.11-16, ou l’expansion de l’Évangile.

3 Lorsqu’il ouvrit le deuxième sceau, j’entendis le deuxième Vivant crier : « Viens ! » 4 Alors surgit un autre cheval, rouge-feu ; celui qui le montait, on lui donna de bannir la paix hors de la terre, et de faire que l’on s’entr’égorgeât ; on lui donna une grande épée.w

w Symbole des guerres sanglantes provoquées par le premier cavalier.

5 Lorsqu’il ouvrit le troisième sceau, j’entendis le troisième Vivant crier : « Viens ! » Et voici qu’apparut à mes yeux un cheval noir ; celui qui le montait tenait à la main une balance,x

x Symbole de la famine denrées rationnées et prix exorbitants.

6 et j’entendis comme une voix, du milieu des quatre Vivants, qui disait : « Un litre de blé pour un denier, trois litres d’orge pour un denier ! Quant à l’huile et au vin, ne les gâche pas ! »

7 Lorsqu’il ouvrit le quatrième sceau, j’entendis le cri du quatrième Vivant : « Viens ! » 8 Et voici qu’apparut à mes yeux un cheval verdâtre ; celui qui le montait, on le nomme : la Mort ;y et l’Hadès le suivait.z
Alors, on leur donna pouvoir sur le quart de la terre, pour exterminer par l’épée, par la faim, par la peste, et par les fauves de la terre.

y La couleur « verte » est celle du cadavre qui se décompose, surtout par l’effet de la peste.

z Pour engloutir les victimes.

9 Lorsqu’il ouvrit le cinquième sceau, je vis sous l’autela les âmes de ceux qui furent égorgés pour la Parole de Dieu et le témoignage qu’ils avaient rendu.

a L’autel, 8.3 ; 9.13 ; 14.18 ; 16.7, répond dans cette liturgie céleste à l’autel des holocaustes, 1 R 8.64. Les martyrs, témoins de la Parole, sont associés à l’immolation de leur Maître, cf. Ph 2.17.

10 Ils crièrent d’une voix puissante : « Jusques à quand, Maître saint et vrai, tarderas-tu à faire justice, à tirer vengeanceb de notre sang sur les habitants de la terre ? »

b Comme pour les Psaumes qui font parler le peuple maltraité ou les innocents opprimés, cf. Ps 13.2-3 ; 58.11-12 ; 59.6, 14 ; 79.10 ; 83.14-19 ; 94.1-6, 16-23, l’appel à la vengeance est à comprendre comme une invocation confiante de Dieu, seul juge et sauveur, cf. Lc 18.7. Les martyrs sont invités à la patience (v. 11).

11 Alors on leur donna à chacun une robe blanchec en leur disant de patienter encore un peu, le temps que fussent au complet leurs compagnons de service et leurs frères qui doivent être mis à mort comme eux.

c Symbole de la joie triomphante 3.5 ; 7.9, 13-14 ; 19.8.

12 Et ma vision se poursuivit. Lorsqu’il ouvrit le sixième sceau, alors il se fitd un violent tremblement de terre, et le soleil devint noir comme une étoffe de crin, et la lune devint tout entière comme du sang,

d Tous ces signes cosmiques, vv. 12-14, accompagnent chez les prophètes le Jour de Yahvé, Am 8.9. Ils symbolisent le déchaînement de la Colère de Dieu, cf. Mt 24.1.

13 et les astres du ciel s’abattirent sur la terre comme les figues avortées que projette un figuier tordu par la tempête, 14 et le ciel disparut comme un livre qu’on roule, et les monts et les îles s’arrachèrent de leur place ; 15 et les rois de la terre, et les hauts personnages, et les grands capitaines, et les gens enrichis, et les gens influents, et tous enfin, esclaves ou libres, ils allèrent se terrer dans les cavernes et parmi les rochers des montagnes, 16 disant aux montagnes et aux rochers : « Croulez sur nous et cachez-nous loin de Celui qui siège sur le trône et loin de la colère de l’Agneau. » 17 Car il est arrivé, le grand Jour de sa colère,e et qui donc peut tenir ?

e Var. « de leur colère ».

Les serviteurs de Dieu seront préservés.

7 Après quoi je vis quatre Anges, debout aux quatre coins de la terre, retenant les quatre vents de la terre pour qu’il ne soufflât point de vent, ni sur la terre, ni sur la mer, ni sur aucun arbre. 2 Puis je vis un autre Ange monter de l’orient, portant le sceau du Dieu vivant ; il cria d’une voix puissante aux quatre Anges auxquels il fut donné de malmener la terre et la mer : 3 « Attendez, pour malmener la terre et la mer et les arbres, que nous ayons marqué au front les serviteurs de notre Dieu. » 4 Et j’appris combien furent alors marqués du sceau : cent quarante-quatre millef de toutes les tribus des fils d’Israël.

f Le carré de douze (le nombre sacré), multiplié par mille la multitude des fidèles du Christ, peuple de Dieu, Israël nouveau, Ga 6.16, cf. Jc 1.1 ; 11.1 ; 20.9. Marqués du sceau divin, Rm 4.11, ils échapperont finalement aux fléaux attendus cf. Ex 12.7-14.

5 De la tribu de Juda, douze mille furent marqués ; de la tribu de Ruben, douze mille ; de la tribu de Gad, douze mille ; 6 de la tribu d’Aser, douze mille ; de la tribu de Nephtali, douze mille ; de la tribu de Manassé, douze mille ; 7 de la tribu de Siméon, douze mille ; de la tribu de Lévi, douze mille ; de la tribu d’Issachar, douze mille ; 8 de la tribu de Zabulon, douze mille ; de la tribu de Joseph, douze mille ; de la tribu de Benjamin, douze mille furent marqués.

Le triomphe des élus au ciel.

9 Après quoi, voici qu’apparut à mes yeux une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, de toute nation, race, peuple et langue ;g debout devant le trône et devant l’Agneau, vêtus de robes blanches, des palmes à la main,h

g Cette fois, c’est la foule des martyrs chrétiens déjà en possession du bonheur céleste, v. 14 ; 15.2-4.

h Les palmes du triomphe, évoquant la fête joyeuse des Tabernacles, Lv 23.33-34 ; etc. (au v. 15 la tente de Dieu deviendra leur demeure).

10 ils crient d’une voix puissante : « Le salut à notre Dieu, qui siège sur le trône, ainsi qu’à l’Agneau ! » 11 Et tous les Anges en cercle autour du trône, des Vieillards et des quatre Vivants, se prosternèrent devant le trône, la face contre terre, pour adorer Dieu ; 12 ils disaient :

« Amen ! Louange, gloire, sagesse,
action de grâces, honneur, puissance et force
à notre Dieu pour les siècles des siècles ! Amen ! »

13 L’un des Vieillards prit alors la parole et me dit : « Ces gens vêtus de robes blanches, qui sont-ils et d’où viennent-ils ? » 14 Et moi de répondre : « Monseigneur, c’est toi qui le sais. » Il reprit :i « Ce sont ceux qui viennent de la grande épreuve :j ils ont lavé leurs robes et les ont blanchies dans le sang de l’Agneau.k

i Pour le jeu de scène, cf. Za 6.4-5, et aussi 4.4-13.

j Les persécutions, dont celle de Néron était le prototype.

k Le sang symbolisait l’efficacité de la mort de Jésus, Rm 3.25 ; 1 Co 11.25 ; Ep 1.7 ; etc. Ce don est ici accepté par ceux qui en reçoivent les effets.

15 C’est pourquoi ils sont devant le trône de Dieu, le servant jour et nuit dans son temple ; et Celui qui siège sur le trône étendra sur eux sa tente.

16 Jamais plus ils ne souffriront de la faim ni de la soif ; jamais plus ils ne seront accablés ni par le soleil, ni par aucun vent brûlant. 17 Car l’Agneau qui se tient au milieu du trône sera leur pasteur et les conduira aux sources des eaux de la vie. Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux. »l

l Ces images, courantes dans la tradition prophétique pour symboliser le bonheur eschatologique, cf. Os 2.20 ; Isa 11.6, seront reprises en 21.4.

Le septième sceau.

8 Et lorsque l’Agneau ouvrit le septième sceau, il se fit un silence dans le ciel, environ une demi-heure...m

m Comme dans la tradition prophétique, un silence solennel précède et annonce la « venue » de Yahvé. L’exécution des décrets consignés dans le livre ouvert va maintenant se dérouler, selon une nouvelle liturgie céleste marquée par sept sonneries de trompette, 8-9 ; 11.15-18.

Les prières des Saints hâtent l’avènement du grand Jour.

2 Et je vis les sept Anges qui se tiennent devant Dieu ; on leur remit sept trompettes. 3 Un autre Ange vint alors se placer près de l’autel,n muni d’une pelle en or.o On lui donna beaucoup de parfums pour qu’il les offrît, avec les prières de tous les saints, sur l’autel d’or placé devant le trône.

n L’autel des parfums, cf. Ex 30.1 ; 1 R 6.20-21.

o C’est la pelle à feu qui servait à transporter les braises ardentes de l’autel des holocaustes sur l’autel des parfums.

4 Et, de la main de l’Ange, la fumée des parfums s’éleva devant Dieu, avec les prières des saints. 5 Puis l’Ange saisit la pelle et l’emplit du feu de l’autel qu’il jeta sur la terre. Ce furent alors des tonnerres, des voix et des éclairs, et tout trembla.

Les quatre premières trompettes.

6 Les sept Anges aux sept trompettes s’apprêtèrent à sonner.p

p Sur le caractère symbolique de ces fléaux, voir 6.1. Ils semblent de plus être ici un rappel des plaies d’Égypte, Ex 7-10 ; Sg 11.5—12.2. Cf. 15.5ss.

7 Et le premier sonna... Il y eut alors de la grêle et du feu mêlés de sang qui furent jetés sur la terre : et le tiers de la terre fut consumé, et le tiers des arbres fut consumé, et toute herbe verte fut consumée. 8 Et le deuxième Ange sonna... Alors une énorme masse embrasée, comme une montagne, fut projetée dans la mer, et le tiers de la mer devint du sang : 9 il périt ainsi le tiers des créatures vivant dans la mer, et le tiers des navires fut détruit. 10 Et le troisième Ange sonna... Alors tomba du ciel un grand astre, brûlant comme une torche. Il tomba sur le tiers des fleuves et sur les sources ; 11 l’astre se nomme « Absinthe » : le tiers des eaux se changea en absinthe, et bien des gens moururent, de ces eaux devenues amères. 12 Et le quatrième Ange sonna... Alors furent frappés le tiers du soleil et le tiers de la lune et le tiers des étoiles : ils s’assombrirent d’un tiers, et le jour perdit le tiers de sa clarté, et la nuit de même.

13 Et ma vision se poursuivit. J’entendis un aigle volant au zénith et criant d’une voix puissante : « Malheur, malheur, malheur aux habitants de la terre, à cause de la voix des dernières trompettes dont les trois Anges vont sonner. »

La cinquième trompette.

9 Et le cinquième Ange sonna... Alors je vis un astreq qui du ciel avait chu sur la terre. On lui remit la clef du puits de l’Abîme.r

q Un des anges déchus, peut-être Satan lui-même, cf. v. 11 et Lc 10.18.

r Un ange ouvre le lieu où les anges déchus sont détenus en attendant le châtiment final, cf. 11.7 ; 17.8 ; etc.

2 Il ouvrit le puits de l’Abîme et il en monta une fumée, comme celle d’une immense fournaise — le soleil et l’atmosphère en furent obscurcis — 3 et, de cette fumée, des sauterelles se répandirent sur la terre ; on leur donna un pouvoir pareil à celui des scorpions de la terre.s

s L’invasion des sauterelles s’inspire de Jl 1-2 que déjà les Juifs interprétaient historiquement (d’après saint Jérôme) les quatre groupes de sauterelles représentant quatre envahisseurs successifs, Assyriens, Perses, Grecs et Romains ; cf. Jr 51.27. Ici, les sauterelles évoquent probablement les Parthes. Comme les sauterelles tourmentent les hommes sans les faire mourir, on a vu parfois dans leur invasion les tourments spirituels causés par les démons.

4 On leur dit d’épargner les prairies, toute verdure et tout arbre,t et de s’en prendre seulement aux hommes qui ne porteraient pas sur le front le sceau de Dieu.

t Qui symbolisent peut-être les fidèles du Christ préservés, cf. 7.1s.

5 On leur donna, non de les tuer, mais de les tourmenter durant cinq mois. La douleur qu’elles provoquent ressemble à celle d’une piqûre de scorpion. 6 En ces jours-là, les hommes rechercheront la mort sans la trouver, ils souhaiteront mourir et la mort les fuira !

7 Or ces sauterelles, à les voir, font penser à des chevaux équipés pour la guerre ; sur leur tête on dirait des couronnes d’or, et leur face rappelle des faces humaines ; 8 leurs cheveux, des chevelures de femmes, et leurs dents, des dents de lions ; 9 leur thorax, des cuirasses de fer, et le bruit de leurs ailes, le vacarme de chars aux multiples chevaux se ruant au combat ; 10 elles ont une queue pareille à des scorpions, avec un dard ; et dans leur queue se trouve leur pouvoir de torturer les hommes durant cinq mois. 11 À leur tête, comme roi, elles ont l’Ange de l’Abîme ; il s’appelle en hébreu : « Abaddôn », et en grec : « Apollyôn. »u

u Les deux noms se traduisent Destruction et Destructeur.

12 Le premier « Malheur » a passé, voici encore deux « Malheurs » qui le suivent...

La sixième trompette.

13 Et le sixième Ange sonna... Alors j’entendis une voix venant des quatre cornes de l’autel d’orv placé devant Dieu ;

v Pour signifier que le châtiment des païens fait suite à la prière des martyrs décrite en 6.9, 10 (cf. 8.2s).

14 elle dit au sixième Ange portant trompette : « Relâche les quatre Anges enchaînés sur le grand fleuve Euphrate. »w

w La région à l’Est de l’Euphrate était occupée par les Parthes, dont la cavalerie intervient dans ce sixième fléau, 6.2.

15 Et l’on relâcha les quatre Anges qui se tenaient prêts pour l’heure et le jour et le mois et l’année, afin d’exterminer le tiers des hommes. 16 Leur armée comptait deux cents millions de cavaliers : on m’en précisa le nombre. 17 Tels m’apparurent en vision les chevaux et leurs cavaliers : ceux-ci portent des cuirasses de feu, d’hyacinthe et de soufre ; quant aux chevaux, leur tête est comme celle du lion, et leur bouche crache feu et fumée et soufre. 18 Alors le tiers des hommes fut exterminé par ces trois fléaux : le feu, la fumée et le soufre vomis de la bouche des chevaux. 19 Car la puissance des chevaux réside en leur bouche ; elle réside aussi dans leur queue : ces queues, en effet, ainsi que des serpents, sont munies de têtes dont elles se servent pour nuire. 20 Or les hommes échappés à l’hécatombe de ces fléaux ne renoncèrent même pas aux œuvres de leurs mains : ils ne cessèrent d’adorer les démons, ces idoles d’or, d’argent, de bronze, de pierre et de bois, incapables de voir, d’entendre ou de marcher. 21 Ils n’abandonnèrent ni leurs meurtres, ni leurs sorcelleries, ni leurs débauches, ni leurs rapines.

Apocalypse 10.1

Imminence du châtiment final.

10 Je vis ensuite un autre Ange, puissant, descendre du ciel enveloppé d’une nuée, un arc-en-ciel au-dessus de la tête, le visage comme le soleil et les jambes comme des colonnes de feu.

Apocalypse 10.2

2 Il tenait en sa main un petit livre ouvert.x Il posa le pied droit sur la mer, le gauche sur la terre,

x Différent du Livre scellé confié à l’Agneau, 5.2, le livre ici offert à Jean est petit et ouvert.

Apocalypse 10.5-7

5 Alors l’Ange que j’avais vu, debout sur la mer et la terre, leva la main droite au ciela

a L’ange va jurer, Dn 12.7, par le Créateur des trois parties de l’univers, cf. Gn 14.22 ; Ex 20.11 ; Dt 32.40 ; Ne 9.6 ; etc.

6 et jura par Celui qui vit dans les siècles des siècles, qui créa le ciel et tout ce qu’il contient, la terre et tout ce qu’elle contient, la mer et tout ce qu’elle contient : « Plus de délai ! 7 Mais aux jours où l’on entendra le septième Ange, quand il sonnera de la trompette, alors sera consommé le mystère de Dieu,b selon la bonne nouvelle qu’il en a donnée à ses serviteurs les prophètes. »

b L’établissement définitif du Royaume, qui présuppose la défaite des ennemis de Dieu, 17-18 ; 20.7-10. Sur le mystère de Dieu, cf. Rm 11.25 ; 16.25 ; Ep 1.9 ; cf. 2 Th 2.6-7.