retour

TOB

Daniel 2.4-7.28

4 Les chaldéens dirent au roi, en araméen : « O roi ! Vis à jamais ! Dis le songe à tes serviteurs, et nous en exposerons l'interprétation. » [en araméen. à cet endroit, le texte passe de l'hébreu à l'araméen, langue internationale au Moyen Orient dès le 8e siècle av. J. C. (voir 2 R 18.26).
— O roi ! Vis à jamais !. formule de salutation courante à l'époque perse (voir Dn 3.9 ; 5.10 ; 6.7,22 ; Ne 2.3).]
5 Le roi répondit et dit aux chaldéens : « J'en donne ma parole ! Si vous ne me faites pas connaître le songe et son interprétation, vous serez mis en pièces, et vos maisons seront transformées en cloaques. [Ou en tas de décombres.]6 Et si vous exposez le songe et son interprétation, vous recevrez de ma part des cadeaux, des gratifications et beaucoup d'honneurs. Exposez-moi donc le songe et son interprétation ! » 7 Ils répondirent pour la deuxième fois et dirent : « Que le roi dise le songe à ses serviteurs, et nous en exposerons l'interprétation. » 8 Le roi répondit et dit : « Pour sûr, je sais que vous êtes en train de gagner du temps, parce que vous avez vu que j'avais donné ma parole : 9 si vous ne me faites pas connaître le songe, une même sentence vous attend ; et vous vous êtes concertés pour dire en ma présence une parole mensongère et perverse jusqu'à ce que les temps changent. Dites-moi donc le songe, et je saurai que vous m'en exposerez l'interprétation. » 10 Les chaldéens répondirent et dirent en présence du roi : « Il n'y a pas un homme au monde qui puisse exposer l'affaire du roi ! Car aucun roi, si grand et si puissant soit-il, n'a jamais demandé une pareille chose à aucun magicien, conjureur ni chaldéen. 11 La chose que le roi demande est excessive, et il n'y a personne d'autre qui puisse l'exposer en présence du roi, si ce n'est des dieux qui n'ont pas leur demeure avec les êtres de chair. » 12 Là-dessus, le roi s'emporta et s'irrita beaucoup, et il ordonna de faire périr tous les sages de Babylone. [Ce terme désigne ici l'ensemble des spécialistes de la divination énumérés au v. 2.]13 La sentence parut ; les sages allaient être massacrés, et on chercha Daniel et ses compagnons pour qu'ils fussent tués.

14 Alors Daniel fit une repartie avisée et prudente à Aryok, chef des bourreaux du roi, qui était sorti pour massacrer les sages de Babylone. [Autre traduction capitaine des gardes (voir 2 R 25.8 ; Jr 39.9).]15 Il prit la parole et dit à Aryok, l'officier du roi : « Pourquoi la sentence rendue de par le roi est-elle si rigoureuse ? » Alors Aryok fit connaître l'affaire à Daniel. 16 Daniel entra donc, et il pria le roi de lui accorder du temps ; quant à l'interprétation, il l'exposerait au roi. 17 Alors Daniel alla dans sa maison, et il fit connaître l'affaire à Hananya, Mishaël et Azarya, ses compagnons, 18 leur disant de demander grâce en présence du Dieu du ciel au sujet de ce mystère, pour qu'on ne fasse pas périr Daniel et ses compagnons avec le reste des sages de Babylone. [Dieu du ciel Dn 2.37,44 ; Gn 24.7 ; Jdt 5.8.]19 Alors le mystère fut révélé à Daniel dans une vision de nuit. Alors Daniel bénit le Dieu du ciel. [vision de nuit Dn 7.7 ; Gn 46.2.]20 Daniel prit la parole et dit :
« Que le nom de Dieu soit béni, depuis toujours et à jamais !
Car la sagesse et la puissance lui appartiennent.

21 C'est lui qui fait alterner les temps et les moments ;
il renverse les rois et élève les rois ;
il donne la sagesse aux sages,
et la connaissance à ceux qui savent discerner. [Il s'agit de la compréhension du plan de Dieu pour le monde (voir Dn 2.28).
— temps et moments Dn 7.12 ; Ac 1.7 ; 1 Th 5.1.]

22 C'est lui qui révèle les choses profondes et occultes ;
il connaît ce qu'il y a dans les ténèbres,
et avec lui demeure la lumière. [occultes ou cachées.]

23 A toi, Dieu de mes pères, mon action de grâce et ma louange,
car tu m'as donné la sagesse et la force !
Et maintenant, tu m'as fait connaître ce que nous t'avions demandé ; puisque tu nous as fait connaître l'affaire du roi. » [mes pères ou mes ancêtres.]24 Là-dessus, Daniel entra chez Aryok, que le roi avait chargé de faire périr les sages de Babylone ; il alla et lui parla ainsi : « Ne fais pas périr les sages de Babylone ! Introduis-moi en présence du roi, et j'exposerai l'interprétation au roi. » 25 Alors Aryok, en hâte, introduisit Daniel en présence du roi et lui parla ainsi : « J'ai trouvé un homme, parmi les déportés de Juda, qui fera connaître l'interprétation au roi. »

26 Le roi prit la parole et dit à Daniel, surnommé Beltshassar : « Est-ce que tu peux me faire connaître le songe que j'ai vu et son interprétation ? » 27 Daniel répondit en présence du roi et dit : « Le mystère dont le roi s'enquiert, ni sages, ni conjureurs, ni magiciens, ni devins ne peuvent l'exposer au roi. [devins. voir la note sur Dn 2.2.]28 Mais il y a un Dieu dans le ciel qui révèle les mystères, et il a fait connaître au roi Nabuchodonosor ce qui adviendra dans l'avenir. Ton songe et les visions de ton esprit sur ta couche, les voici. 29 Pour toi, ô roi, tes pensées avaient surgi sur ta couche au sujet de ce qui adviendrait par la suite, et le révélateur des mystères t'a fait connaître ce qui adviendra. 30 Quant à moi, ce n'est point par une sagesse qui serait en moi supérieure à celle de tous les vivants que ce mystère m'a été révélé ; mais c'est afin qu'on fasse connaître l'interprétation au roi et que tu connaisses les pensées de ton cœur. 31 Toi donc, ô roi, tu regardais ; et voici une grande statue. Cette statue était très grande, et sa splendeur, extraordinaire. Elle se dressait devant toi, et son aspect était terrifiant. 32 Cette statue avait la tête d'or fin, la poitrine et les bras d'argent, le ventre et les cuisses de bronze, 33 les jambes de fer, les pieds en partie de fer et en partie de céramique. 34 Tu regardais, lorsqu'une pierre se détacha sans l'intermédiaire d'aucune main ; elle frappa la statue sur ses pieds de fer et de céramique, et elle les pulvérisa. 35 Alors furent pulvérisés ensemble le fer, la céramique, le bronze, l'argent et l'or ; ils devinrent comme la bale sortant des aires en été : le vent les emporta et on n'en trouva plus aucune trace. Quant à la pierre qui avait frappé la statue, elle devint une grande montagne et remplit toute la terre. [la bale. voir la note sur Ps 1.4.]36 Tel est le songe, et nous allons en dire l'interprétation en présence du roi. 37 Toi, ô roi, roi des rois ; toi à qui le Dieu du ciel a donné la royauté, la puissance, la force et la gloire ; 38 toi dans la main de qui il a remis les hommes, les bêtes sauvages et les oiseaux du ciel, en quelque lieu qu'ils habitent, et qu'il a établi maître sur eux tous : c'est toi qui es la tête d'or. 39 Après toi s'élèvera un autre royaume, inférieur à toi ; puis un autre royaume, un troisième, celui de bronze, qui dominera sur toute la terre. 40 Puis adviendra un quatrième royaume, dur comme le fer : de même que le fer pulvérise et brise tout, comme le fer qui broie, il pulvérisera et broiera tous ceux-ci. 41 Tu as vu les pieds et les doigts en partie de céramique de potier et en partie de fer : ce sera un royaume partagé, et il y aura en lui de la solidité du fer, de même que tu as vu le fer mêlé à la céramique d'argile. 42 Quant aux doigts de pieds en partie de fer et en partie de céramique : pour une part le royaume sera fort, et pour une part il sera fragile. [Les différents métaux de valeur décroissante, qui composent la statue, symbolisent la succession des empires babylonien, mède, perse et grec.]43 Tu as vu le fer mêlé à la céramique : c'est au moyen de la semence humaine qu'ils seront mêlés, et ils n'adhéreront pas l'un à l'autre, de même que le fer ne se mêle pas à la céramique. [Peut-être le texte fait-il allusion ici aux événements évoqués en 11.6 (mariage d'Antiochus II, roi de Syrie, et de Bérénice, fille du roi d'Egypte en 255 av. J. C.) ou plutôt en Dn 11.17 (mariage d'Antiochus III et de Cléopâtre en 194 av. J. C.).]44 Or aux jours de ces rois-là, le Dieu du ciel suscitera un royaume qui ne sera jamais détruit et dont la royauté ne sera pas laissée à un autre peuple. Il pulvérisera et anéantira tous ces royaumes-là, et il subsistera à jamais, 45 de même que tu as vu une pierre se détacher de la montagne sans l'intermédiaire d'aucune main et pulvériser le fer, le bronze, la céramique, l'argent et l'or. Un grand Dieu a fait connaître au roi ce qui adviendra par la suite. Le songe est sûr, et son interprétation, digne de foi. » [La pierre qui se détache et écrase la statue symbolise l'avènement du royaume fondé par Dieu (voir v. 44).]

46 Alors le roi Nabuchodonosor se prosterna sur la face, rendit hommage à Daniel et ordonna de lui présenter une oblation et des parfums. 47 Le roi s'adressa à Daniel et dit : « En vérité, votre Dieu est le Dieu des dieux, le Seigneur des rois et le révélateur des mystères, puisque tu as pu me révéler ce mystère-là. » 48 Alors le roi éleva Daniel, lui remit beaucoup de grands cadeaux, lui donna autorité sur toute la province de Babylone et en fit le surintendant de tous les sages de Babylone. 49 Daniel fit une requête au roi, et celui-ci préposa Shadrak, Méshak et Abed-Négo à l'administration de la province de Babylone. Quant à Daniel, il était à la porte du roi. [C'est-à-dire à la disposition immédiate du roi.]

Les trois jeunes gens dans la fournaise

3 Le roi Nabuchodonosor fit une statue d'or : sa hauteur était de soixante coudées et sa largeur, de six coudées. Il la dressa dans la plaine de Doura, dans la province de Babylone. [Voir au glossaire POIDS ET MESURES.]2 Et le roi Nabuchodonosor envoya des messagers pour rassembler les satrapes, les intendants, les gouverneurs, les conseillers, les trésoriers, les légistes, les magistrats et tous les fonctionnaires des provinces, afin qu'ils viennent pour la dédicace de la statue que le roi Nabuchodonosor avait dressée. [Terme d'origine perse désignant le gouverneur d'une grande province de l'empire.]3 Alors les satrapes, les intendants, les gouverneurs, les conseillers, les trésoriers, les légistes, les magistrats et tous les fonctionnaires des provinces se rassemblèrent pour la dédicace de la statue que le roi Nabuchodonosor avait dressée, et ils se tinrent devant la statue que le roi Nabuchodonosor avait dressée. 4 Le héraut cria avec force : « On vous le commande, gens de tous peuples, nations et langues ! [Dn 5.19 ; 6.26 ; 7.14 ; Es 66.18 ; Ap 5.9.]5 Au moment où vous entendrez le son du cor, de la flûte, de la cithare, de la harpe, du luth, de la cornemuse et de tous les genres d'instruments, vous vous prosternerez et vous adorerez la statue d'or que le roi Nabuchodonosor a dressée. [Voir la note sur le Ps 92.4.]6 Quiconque ne se prosternera pas et n'adorera pas, sera jeté au moment même au milieu de la fournaise de feu ardent. » [ne pas adorer Ex 20.3-5 ; Jdt 3.8.
— fournaise de feu Jr 29.21-22.]
7 Là-dessus, à l'instant même où tous les gens entendirent le son du cor, de la flûte, de la cithare, de la harpe, du luth et de tous les genres d'instruments, les gens de tous peuples, nations et langues se prosternèrent et adorèrent la statue d'or que le roi Nabuchodonosor avait dressée.

8 Là-dessus à l'instant même, des Chaldéens s'approchèrent et déposèrent contre les Juifs. [Ou accusèrent les Juifs.]9 Ils prirent la parole et dirent au roi Nabuchodonosor : « O roi ! Vis à jamais ! [Voir Dn 2.4 et la note.]10 Toi-même, ô roi, tu as donné l'ordre que tout homme qui entendrait le son du cor, de la flûte, de la cithare, de la harpe, du luth, de la cornemuse et de tous les genres d'instruments se prosterne et adore la statue d'or, 11 et que quiconque ne se prosternerait pas et n'adorerait pas soit jeté au milieu de la fournaise de feu ardent. 12 Il y a des Juifs que tu as préposés à l'administration de la province de Babylone : Shadrak, Méshak et Abed-Négo. Ces hommes-là, ô roi, n'ont pas eu égard à toi : ils ne servent pas tes dieux et n'adorent pas la statue d'or que tu as dressée. » 13 Alors Nabuchodonosor, avec colère et fureur, ordonna d'amener Shadrak, Méshak et Abed-Négo. Alors ces hommes furent amenés en présence du roi. 14 Nabuchodonosor prit la parole et leur dit : « Est-il exact, Shadrak, Méshak et Abed-Négo, que vous ne servez pas mes dieux et que vous n'adorez pas la statue d'or que j'ai dressée ? 15 Est-ce que maintenant vous êtes prêts, au moment où vous entendrez le son du cor, de la flûte, de la cithare, de la harpe, du luth, de la cornemuse et de tous les genres d'instruments, à vous prosterner et à adorer la statue que j'ai faite ? Si vous ne l'adorez pas, au moment même vous serez jetés au milieu de la fournaise de feu ardent, et quel est le dieu qui vous délivrera de ma main ? » 16 Shadrak, Méshak et Abed-Négo prirent la parole et dirent au roi : « O Nabuchodonosor ! Nous n'avons pas besoin de te répondre quoi que ce soit à ce sujet. 17 Si notre Dieu que nous servons peut nous délivrer, qu'il nous délivre de la fournaise de feu ardent et de ta main, ô roi ! 18 Même s'il ne le fait pas, sache bien, ô roi, que nous ne servirons pas tes dieux et que nous n'adorerons pas la statue d'or que tu as dressée. »

19 Alors Nabuchodonosor fut rempli de fureur, et l'expression de son visage changea à l'égard de Shadrak, Méshak et Abed-Négo. Il prit la parole et ordonna de chauffer la fournaise sept fois plus qu'on avait coutume de la chauffer. 20 Puis il ordonna à des hommes vigoureux de son armée de ligoter Shadrak, Méshak et Abed-Négo, pour les jeter dans la fournaise de feu ardent. 21 Alors ces hommes furent ligotés avec leurs pantalons, leurs tuniques, leurs bonnets et leurs manteaux, et ils furent jetés au milieu de la fournaise de feu ardent. 22 Là-dessus, comme la parole du roi était rigoureuse et que la fournaise avait été extraordinairement chauffée, ces hommes mêmes qui avaient hissé Shadrak, Méshak et Abed-Négo, la flamme du feu les tua. 23 Quant à ces trois hommes-là, Shadrak, Méshak et Abed-Négo, ils tombèrent ligotés au milieu de la fournaise de feu ardent. [La bible grecque ajoute ici.
a) la prière d'Azarya (v. 24-45) ;
b) le cantique des amis de Daniel (v. 46-90).
La traduction en est donnée dans la partie réservée aux livres deutéro-canoniques.]

24 Le roi Nabuchodonosor les entendit chanter ; il fut stupéfait et se leva précipitamment. Il prit la parole et dit à ses conseillers : « N'avons-nous pas jeté au milieu du feu trois hommes ligotés ? » Ils répondirent et dirent au roi : « Bien sûr, ô roi ! » [Les versets 24 à 33 du texte araméen sont numérotés 91 à 100 dans la bible grecque.
— Le roi Nabuchodonosor les entendit chanter. mots ajoutés d'après le grec.]
25 Le roi répondit et dit : « Voici que je vois quatre hommes déliés qui marchent au milieu du feu sans qu'il y ait sur eux aucune blessure, et l'aspect du quatrième ressemble à celui d'un fils des dieux. » [un fils des dieux. expression sémitique pour désigner un être céleste ou un ange (v. 28).]

26 Alors Nabuchodonosor s'approcha de l'ouverture de la fournaise de feu ardent. Il prit la parole et dit : « Shadrak, Méshak et Abed-Négo, serviteurs du Dieu très-haut, sortez et venez ! » Alors Shadrak, Méshak et Abed-Négo sortirent du milieu du feu. [Dieu très-haut Dn 5.18,21 ; Gn 14.18 ; Ps 47.3.]

27 Les satrapes, les intendants, les gouverneurs et les conseillers du roi se rassemblèrent. Ils virent ces hommes : le feu n'avait eu aucun pouvoir sur leur corps ; la chevelure de leur tête n'avait pas été roussie ; leurs manteaux étaient intacts et l'odeur de feu n'avait pas passé sur eux. [satrapes. voir la note sur Dn 3.2.]28 Nabuchodonosor prit la parole et dit : « Béni soit le Dieu de Shadrak, Méshak et Abed-Négo, qui a envoyé son ange et sauvé ses serviteurs, parce qu'ils s'étaient confiés en lui et que, transgressant la parole du roi, ils avaient livré leur corps pour ne servir ni adorer aucun dieu, si ce n'est leur Dieu. 29 Quant à moi, j'ai donné ordre que quiconque, de tout peuple, nation et langue, parlerait avec insolence contre le Dieu de Shadrak, Méshak et Abed-Négo, soit mis en pièces, et sa maison transformée en cloaque ; car il n'y a pas d'autre Dieu qui puisse délivrer ainsi. » [Voir Dn 2.5 et la note.
(Dn 3.31)
peuples, nations Dn 3.4.]
30 Alors le roi fit prospérer Shadrak, Méshak et Abed-Négo dans la province de Babylone.

Le songe du grand arbre

31 Le roi Nabuchodonosor, aux gens de tous peuples, nations et langues qui demeurent sur toute la terre. Que votre paix soit grande ! 32 Les signes et les prodiges que le Dieu très-haut a faits à mon égard, j'ai jugé bon de les exposer :

33 Ses signes, comme ils sont grands,
et ses prodiges, comme ils sont puissants !
Son règne est un règne éternel,
et sa souveraineté va de génération en génération.

4 Moi Nabuchodonosor, j'étais dans ma maison, florissant dans mon palais. 2 Je vis un songe, et il m'effrayait ; des rêveries sur ma couche, et les visions de mon esprit me tourmentaient. 3 Je donnai ordre d'introduire en ma présence tous les sages de Babylone, afin qu'ils me fissent connaître l'interprétation du songe. [sages. voir Dn 2.12 et la note.]4 Alors entrèrent les magiciens, les conjureurs, les chaldéens et les devins ; je dis le songe en leur présence et ils ne m'en firent pas connaître l'interprétation. [Voir les notes sur Dn 1.20 ; 2.2.]5 A la fin entra Daniel, surnommé Beltshassar selon le nom de mon dieu, qui avait en lui un esprit des dieux saints. Je dis le songe en sa présence : [selon le nom de mon dieu. Bel était la principale divinité des Babyloniens.
— un esprit des dieux saints : Nabuchodonosor parle en païen de l'inspiration divine qu'il discerne en Daniel.]
6 « Beltshassar, chef des magiciens, toi qui as en toi, je le sais, un esprit des dieux saints et qu'aucun mystère ne dépasse, dis-moi les visions du songe que j'ai vu et son interprétation !

7 « Dans les visions de mon esprit sur ma couche, je regardais,
et voici un arbre, au milieu de la terre,
dont la hauteur était immense. [Es 10.33- 11.1 ; Ez 17.3-10,22-24.]

8 L'arbre devint grand et fort :
sa hauteur parvenait jusqu'au ciel,
et sa vue, jusqu'aux extrémités de la terre.

9 Son feuillage était beau et ses fruits abondants :
il y avait en lui de la nourriture pour tous.
Sous lui s'abritaient les bêtes des champs,
dans ses ramures demeuraient les oiseaux du ciel,
et de lui se nourrissait toute chair.

10 Je regardais, dans les visions de mon esprit sur ma couche, et voici que descendait du ciel un Vigilant, un Saint. [C'est l'ange toujours en éveil qui vient annoncer le jugement de Dieu.]11 Il cria avec force et dit :
“Abattez l'arbre et coupez ses ramures !
Dépouillez son feuillage et éparpillez ses fruits !
Que les bêtes fuient de sous lui,
et les oiseaux, de ses ramures !

12 Mais la souche de ses racines, laissez-la dans la terre,
et avec un lien de fer et de bronze dans la végétation de la campagne !
Il sera baigné par la rosée du ciel,
et il aura en partage l'herbe de la terre avec les bêtes.

13 On changera son cœur pour qu'il ne soit plus un cœur d'homme,
et un cœur de bête lui sera donné.
Puis sept périodes passeront sur lui. [C'est-à-dire sept années (voir Dn 7.25).]

14 La chose se fait par décret des Vigilants,
et l'affaire par ordre des Saints,
afin que les vivants reconnaissent
que le Très-Haut est maître de la royauté des hommes,
qu'il la donne à qui il veut
et y élève le plus humble des hommes.” [Très-Haut Dn 3.26.]

15 Tel est le songe que j'ai vu, moi, le roi Nabuchodonosor. Quant à toi, Beltshassar, dis-en l'interprétation car tous les sages de mon royaume ne peuvent pas me faire connaître l'interprétation ; mais toi, tu le peux, puisque tu as en toi un esprit des dieux saints. » [sages : voir la note sur Dn 2.12.]

16 Alors Daniel, surnommé Beltshassar, fut terrifié pendant un moment et ses réflexions le tourmentèrent. Le roi prit la parole et dit : « Beltshassar, que le songe et son interprétation ne te tourmentent pas ! » Beltshassar répondit et dit : « Monseigneur ! Que le songe soit pour tes ennemis, et son interprétation, pour tes adversaires ! 17 L'arbre que tu as vu, qui devint grand et fort, dont la hauteur parvenait jusqu'au ciel, et la vue jusqu'à la terre entière ; 18 dont le feuillage était beau et les fruits abondants, et en qui il y avait de la nourriture pour tous ; sous lequel demeuraient les bêtes des champs, et dans le feuillage duquel nichaient les oiseaux du ciel : 19 c'est toi, ô roi ! Car tu es devenu grand et fort ; ta grandeur a crû et est parvenue jusqu'au ciel, et ta souveraineté, jusqu'aux extrémités de la terre. 20 Puis le roi a vu un Vigilant, un Saint, qui descendait du ciel et disait : “Abattez l'arbre et détruisez-le ! Mais la souche de ses racines, laissez-la dans la terre, et avec un lien de fer et de bronze dans la végétation de la campagne ; il sera baigné par la rosée du ciel, et il aura son partage avec les bêtes sauvages, jusqu'à ce que sept périodes passent sur lui.” 21 Telle est l'interprétation, ô roi ! C'est la décision du Très-Haut qui est parvenue jusqu'à Monseigneur le roi : 22 on va te chasser d'entre les hommes ; tu auras ton habitation avec les bêtes des champs ; on te nourrira d'herbe comme les bœufs et on te baignera de la rosée du ciel ; et sept périodes passeront sur toi, jusqu'à ce que tu reconnaisses que le Très-Haut est maître de la royauté des hommes et qu'il la donne à qui il veut. 23 Puis on a dit de laisser dans la terre la souche des racines de l'arbre : Ta royauté se prolongera pour toi, dès que tu reconnaîtras que le Ciel est le maître. [1 M 3.18 ; 2 M 9.4 ; Lc 15.21.]24 C'est pourquoi, ô roi ! que mon conseil t'agrée ! Rachète tes péchés par la justice et tes fautes en ayant pitié des pauvres ! Peut-être y aura-t-il une prolongation pour ta tranquillité ! » [Autre traduction par l'aumône (voir Tb 12.9 ; Si 3.30).]

25 Tout cela advint au roi Nabuchodonosor. 26 Au terme de douze mois, il déambulait sur la terrasse du palais royal de Babylone. 27 Le roi prit la parole et dit : « N'est-ce point là Babylone la grande, que j'ai construite comme maison royale par la force de ma puissance, à la gloire de ma majesté ? » [Ap 14.8 ; 16.19 ; 17.5 ; 18.2.]28 La parole était encore dans la bouche du roi, qu'une voix tomba du ciel : « On te le dit, ô roi Nabuchodonosor ! La royauté t'est retirée. [une voix Mc 1.11 ; 9.7 ; Jn 12.28 ; Ap 11.12.]29 On va te chasser d'entre les hommes ; tu auras ton habitation avec les bêtes sauvages ; on te nourrira d'herbe comme les bœufs ; et sept périodes passeront sur toi, jusqu'à ce que tu reconnaisses que le Très-Haut est maître de la royauté des hommes et la donne à qui il veut. » [Voir Dn 4.13 et la note.]30 A l'heure même, la chose se réalisa sur Nabuchodonosor : il fut chassé d'entre les hommes ; il mangeait de l'herbe comme les bœufs et son corps était baigné par la rosée du ciel, au point que sa chevelure poussa comme les plumes des aigles, et ses ongles, comme ceux des oiseaux. 31 « Au terme des jours, moi, Nabuchodonosor, je levai les yeux vers le ciel, et la conscience me revint. Je bénis le Très-Haut, je célébrai et glorifiai l'éternel Vivant :
Car sa souveraineté est une souveraineté éternelle,
et sa royauté va de génération en génération. [C'est-à-dire des sept périodes (v. 13,20,22,29).]

32 Tous les habitants de la terre ne comptent pour rien :
il agit selon sa volonté,
envers l'Armée du ciel et les habitants de la terre ;
il n'y a personne qui le frappe de la main
et qui lui dise : “Que fais-tu ?” [Il semble que cette expression désigne ici l'ensemble des êtres célestes.]

33 A l'instant même, ma conscience me revenait et, pour la gloire de ma royauté, ma majesté et ma splendeur me revenaient ; mes conseillers et mes dignitaires me réclamaient. Je fus rétabli dans ma royauté, et une grandeur extraordinaire me fut donnée de surcroît. 34 Maintenant moi, Nabuchodonosor, je célèbre, exalte et glorifie le Roi du ciel,
car toutes ses œuvres sont vérité et ses voies sont justice,
et il peut abaisser ceux qui se conduisent avec orgueil. »

L'écriture sur le mur

5 Le roi Belshassar fit un grand festin pour ses dignitaires, au nombre de mille, et en présence des mille il but du vin. [Les textes babyloniens mentionnent un Belshassar qui exerça le pouvoir à la place de son père Nabonide, dernier roi en titre de Babylone.]2 Durant la dégustation du vin, Belshassar ordonna d'apporter les ustensiles d'or et d'argent que Nabuchodonosor son père avait enlevés du temple de Jérusalem, c'est dedans que boiraient le roi et ses dignitaires, ses concubines et ses femmes de service. [les ustensiles ou les vases.
— enlevés du temple de Jérusalem. voir 2 R 25.14-15.]
3 Alors on apporta les ustensiles d'or qu'on avait enlevés du temple — c'est-à-dire, de la Maison-Dieu — de Jérusalem, et le roi et ses dignitaires, ses concubines et ses femmes de service, burent dedans. 4 Ils burent du vin, et ils louèrent les dieux d'or et d'argent, de bronze, de fer, de bois et de pierre. [les dieux d'or Es 40.19 ; Ap 9.20.]5 A l'instant même, surgirent des doigts de main d'homme : ils écrivaient devant le candélabre sur le plâtre du mur du palais royal, et le roi voyait le tronçon de main qui écrivait. 6 Alors le roi changea de couleur ; ses réflexions le tourmentaient, les jointures de ses reins étaient disloquées et ses genoux s'entrechoquaient. 7 Le roi cria avec force d'introduire les conjureurs, les chaldéens et les devins. Le roi prit la parole et dit aux sages de Babylone : « Tout homme qui lira cette inscription et m'en exposera l'interprétation, revêtira la pourpre, aura le collier d'or au cou et commandera en triumvir dans le royaume. » [conjureurs, chaldéens, devins. voir les notes sur Dn 1.20 et Dn 2.2.
— sages : voir Dn 2.12 et la note.
— la pourpre. voir la note sur Mc 15.17.
— en triumvir. c'est-à-dire qu'il partagera le pouvoir avec deux autres fonctionnaires.]
8 Alors tous les sages du roi entrèrent, et ils ne purent ni lire l'inscription, ni en faire connaître au roi l'interprétation. 9 Alors le roi Belshassar fut extrêmement tourmenté et changea de couleur, et ses dignitaires furent consternés.

10 La reine, devant les paroles du roi et de ses dignitaires, entra dans la salle du festin. La reine prit la parole et dit : « O roi ! Vis à jamais ! Que tes réflexions ne te tourmentent pas et que tes couleurs ne changent pas ! [La reine. c'est-à-dire la reine-mère. Elle occupait dans les cours du Moyen Orient une place importante (voir 2 R 10.13 ; Jr 13.18).
— O roi ! Vis à jamais ! voir Dn 2.4 et la note.]
11 Il y a un homme dans ton royaume qui a en lui un esprit des dieux saints. Aux jours de ton père, on trouva en lui une clairvoyance, une perspicacité et une sagesse pareilles à une sagesse des dieux ; et le roi Nabuchodonosor, ton père, l'institua chef des magiciens, conjureurs, chaldéens et devins. Ainsi fit ton père le roi, [Voir Dn 4.5 et la note.]12 parce qu'on avait trouvé en ce Daniel, à qui le roi donna le nom de Beltshassar, un esprit extraordinaire, la science et la perspicacité, pour interpréter les songes, exposer les énigmes et résoudre les problèmes. Maintenant donc, que ce Daniel soit appelé, et il exposera l'interprétation ! » 13 Alors Daniel fut introduit devant le roi. Le roi prit la parole et dit : « Est-ce bien toi Daniel, d'entre les déportés de Juda que le roi mon père a amenés de Juda ? 14 J'ai entendu dire de toi qu' un esprit des dieux est en toi, et qu'on a trouvé en toi une clairvoyance, une perspicacité et une sagesse extraordinaires. 15 Et maintenant, on a introduit en ma présence les sages et les conjureurs, afin qu'ils lisent cette inscription et m'en fassent connaître l'interprétation, et ils ne peuvent pas m'exposer l'interprétation de la chose. 16 Or, moi, j'ai entendu dire que tu pouvais fournir des interprétations et résoudre des problèmes. Maintenant donc, si tu peux lire cette inscription et m'en faire connaître l'interprétation, tu revêtiras la pourpre, tu auras le collier d'or au cou et tu commanderas en triumvir dans mon royaume. » [Voir Dn 5.7 et la note.]

17 Alors Daniel prit la parole et dit en présence du roi : « Tes cadeaux, qu'ils soient pour toi-même, et tes gratifications, donne-les à d'autres ! Mais l'inscription, je la lirai au roi et je lui en ferai connaître l'interprétation. 18 O roi ! Le Dieu très-haut avait accordé la royauté, la grandeur, la gloire et la majesté à Nabuchodonosor ton père ; 19 et à cause de la grandeur qu'il lui avait accordée, les gens de tous peuples, nations et langues tremblaient de crainte en sa présence : il tuait qui il voulait et laissait vivre qui il voulait ; il élevait qui il voulait, et abaissait qui il voulait. 20 Et lorsque son cœur s'éleva et que son esprit s'endurcit jusqu'à l'arrogance, il fut déposé de son trône royal et on lui retira sa gloire : [son cœur s'éleva Dn 11.12 ; Dt 8.14 ; Ez 31.10.
— son esprit s'endurcit Ex 7.13,22.]
21 il fut chassé d'entre les hommes, son cœur devint semblable à celui des bêtes, il eut sa demeure avec les onagres ; on le nourrissait d'herbe comme les bœufs et son corps était baigné par la rosée du ciel, jusqu'à ce qu'il reconnût que le Dieu très-haut est maître de la royauté des hommes et qu'il y élève qui il veut. 22 Or toi, son fils Belshassar, tu n'as pas humilié ton cœur, bien que tu aies su tout cela : 23 tu t'es dressé contre le Seigneur du ciel ; les ustensiles de sa Maison ont été apportés en ta présence, et toi-même et tes dignitaires, tes concubines et tes femmes de service, vous buvez du vin dedans. Tu as loué les dieux d'argent et d'or, de bronze, de fer, de bois et de pierre, qui ne voient ni n'entendent ni ne connaissent ; et le Dieu qui a dans sa main ton souffle et à qui sont toutes tes voies, tu ne l'as pas honoré ! [Voir Dn 5.2 et la note.]24 Alors, de sa part, le tronçon de main fut envoyé et cette inscription fut tracée, 25 et voici l'inscription qui a été tracée : MENÉ MENÉ TÉQEL OU-PARSÎN. 26 Quant à l'interprétation la voici : MENÉ, “Compté” : Dieu a fait le compte de ton règne et il y a mis fin. 27 TÉQEL, “Pesé” : Tu as été pesé dans la balance et trouvé insuffisant. 28 PERÈS, “Divisé” : Ton royaume a été divisé, et il a été donné aux Mèdes et aux Perses. » [Le texte fait un jeu de mots entre le terme PERES (divisé) et Perses.]29 Alors Belshassar ordonna de revêtir Daniel de la pourpre, de lui mettre le collier d'or au cou, et de proclamer à son sujet qu'il commanderait en triumvir dans le royaume. 30 Cette nuit-là même, Belshassar, le roi chaldéen, fut tué.

6 Et Darius le Mède reçut la royauté, à l'âge de soixante-deux ans. [Ce Darius le Mède n'est pas connu des historiens.]

Daniel dans la fosse aux lions

2 Darius jugea bon d'instituer sur le royaume les cent vingt satrapes pour qu'il y en ait dans tout le royaume ; [Voir Dn 3.2 et la note.]3 et au-dessus d'eux, trois ministres, dont l'un était Daniel, pour que ces satrapes leur rendent des comptes et que le roi ne soit pas frustré. 4 Or ce Daniel l'emportait sur les ministres et les satrapes, car il avait en lui un esprit extraordinaire, et le roi projeta de l'établir sur tout le royaume. 5 Alors les ministres et les satrapes désiraient trouver un grief contre Daniel à propos du royaume ; mais ils ne pouvaient trouver ni grief ni faute, car il était fidèle, et aucune négligence ni aucune faute ne furent trouvées contre lui. 6 Alors ces hommes dirent : « Nous ne trouverons contre ce Daniel aucun grief, à moins que nous n'en trouvions contre lui grâce à la Loi de son Dieu. » 7 Alors ces ministres et ces satrapes se précipitèrent chez le roi et lui parlèrent ainsi : « O roi Darius ! Vis à jamais ! [Voir Dn 2.4 et la note.]8 Tous les ministres du royaume, les intendants et les satrapes, les conseillers et les gouverneurs, ont tenu conseil pour établir une constitution royale et mettre en vigueur un interdit : Quiconque, durant trente jours, adresserait une prière à quelque dieu ou homme excepté toi-même, ô roi, serait jeté dans la fosse aux lions. 9 Maintenant donc, ô roi ! il faut que tu établisses l'interdit et signes le rescrit, qu'on ne devra pas modifier, selon la loi des Mèdes et des Perses qui est irrévocable. » [le rescrit ou le décret.]10 Là-dessus, le roi Darius signa le rescrit et l'interdit.

11 Lorsque Daniel sut que le rescrit avait été signé, il entra dans sa maison. Celle-ci avait des fenêtres qui s'ouvraient, à l'étage supérieur, en direction de Jérusalem. Trois fois par jour, il se mettait donc à genoux, et il priait et louait en présence de son Dieu, comme il le faisait auparavant. [Pour prier, Daniel se tourne en direction de Jérusalem, selon une coutume pratiquée depuis la période de l'Exil.]12 Alors ces hommes se précipitèrent et trouvèrent Daniel qui priait et suppliait en présence de son Dieu. 13 Alors ils s'approchèrent et dirent en présence du roi, à propos de l'interdit du roi : « N'as-tu pas signé un interdit selon lequel tout homme qui, durant trente jours, prierait un autre dieu ou homme que toi-même, ô roi, serait jeté dans la fosse aux lions ? » Le roi prit la parole et dit : « La chose est sûre, selon la loi des Mèdes et des Perses qui est irrévocable. » 14 Alors ils prirent la parole et dirent en présence du roi : « Daniel, qui est d'entre les déportés de Juda, n'a eu égard ni à toi, ô roi ! ni à l'interdit que tu avais signé, et trois fois par jour il fait sa prière. » 15 Alors le roi, lorsqu'il apprit la chose, en fut très chagriné ; il fixa son attention sur Daniel afin de le délivrer et, jusqu'au soir, il s'efforça de le sauver. 16 Alors ces hommes se précipitèrent chez le roi et ils dirent au roi : « Sache-le, ô roi ! C'est une loi pour les Mèdes et les Perses que tout interdit et ordonnance que le roi a établis, on ne doit plus les modifier. » 17 Alors le roi ordonna d'emmener Daniel, et on le jeta dans la fosse aux lions. Le roi prit la parole et dit à Daniel : « Ton Dieu, que tu sers avec constance, lui te délivrera. » [fosse aux lions Da grec 14.31.]18 Une pierre fut apportée et placée sur la bouche de la fosse, le roi la scella de son anneau et des anneaux de ses dignitaires, pour que rien ne changeât à l'égard de Daniel. [Ou sur l'ouverture de la fosse.]19 Alors le roi alla dans son palais. Il passa la nuit à jeun, ne fit pas introduire de concubines auprès de lui, et son sommeil le fuit.

20 Alors le roi se leva au petit matin, dès l'aube, et il alla en hâte à la fosse aux lions. 21 Comme il approchait de la fosse, il cria vers Daniel d'une voix affligée. Le roi prit la parole et dit à Daniel : « O Daniel ! Serviteur du Dieu vivant ! Ton Dieu, que tu sers avec constance, a-t-il pu te délivrer des lions ? » 22 Alors Daniel parla au roi : « O roi ! Vis à jamais ! [Voir Dn 2.4 et la note.]23 Mon Dieu a envoyé son ange ; il a fermé la gueule des lions et ceux-ci ne m'ont fait aucun mal, car j'avais été trouvé juste devant lui ; et vis-à-vis de toi non plus, ô roi, je n'avais fait aucun mal. » 24 Alors le roi fut tout heureux et il ordonna de hisser Daniel hors de la fosse. Daniel fut hissé hors de la fosse, et on ne trouva sur lui aucune blessure, parce qu'il avait cru en son Dieu. 25 Le roi ordonna d'amener ces hommes qui avaient déposé contre Daniel : on les jeta dans la fosse aux lions, eux, leurs enfants et leurs femmes. Or ils n'avaient pas atteint le fond de la fosse, que les lions s'étaient emparés d'eux et avaient mis leurs corps en pièces. 26 Alors le roi Darius écrivit aux gens de tous peuples, nations et langues qui demeurent sur toute la terre : « Que votre paix soit grande ! [Dn 3.4.
(Dn 6.29) Darius. voir Dn 6.1 et la note.
— Cyrus le Perse : voir Dn 1.21 et la note.]
27 J'ai donné ordre que, dans tout le domaine de mon royaume, on tremble de crainte en présence du Dieu de Daniel :
Car c'est lui le Dieu vivant, et il subsiste à jamais.
Son règne est indestructible, et sa souveraineté durera jusqu'à la fin.

28 Il délivre et il sauve ;
il opère des signes et des prodiges dans le ciel et sur la terre,
puisqu'il a délivré Daniel de la main des lions. »

29 Quant à ce Daniel, il prospéra sous le règne de Darius et sous le règne de Cyrus le Perse.

Les quatre bêtes et le Fils d'Homme

7 En l'an premier de Belshassar, roi de Babylone, Daniel vit un songe et les visions de son esprit sur sa couche. Alors il écrivit le songe.
Début de récit. [Voir Dn 5.1 et la note.]2 Daniel prit la parole et dit : Je regardais, dans mes visions durant la nuit. Et voici que les quatre vents du ciel faisaient rejaillir la Grande Mer. [les quatre vents du ciel. les vents du nord, du sud, de l'est et de l'ouest.]3 Et quatre bêtes monstrueuses s'élevaient de la Mer, différentes les unes des autres. 4 La première était comme un lion, et elle avait des ailes d'aigle. Je regardais, lorsqu'on lui arracha les ailes ; elle fut soulevée de terre et dressée sur deux pattes comme un homme, et un cœur d'homme lui fut donné. 5 Puis voici une autre bête, une seconde, semblable à un ours : elle fut dressée sur un côté, ayant trois côtes dans la gueule entre les dents ; et on lui parlait ainsi : « Lève-toi ! Mange beaucoup de chair ! » 6 Après cela, je regardais, et en voici une autre, comme un léopard ayant quatre ailes d'oiseau sur le dos ; la bête avait quatre têtes, et il lui fut donné une souveraineté. 7 Après cela, je regardais dans les visions de la nuit, et voici une quatrième bête, redoutable, terrifiante, extrêmement vigoureuse ; elle avait de monstrueuses dents de fer ; elle mangeait, déchiquetait et foulait le reste aux pieds ; elle différait de toutes les bêtes qui l'avaient précédée, et elle avait dix cornes. [dix cornes : dans l'A.T., la corne est souvent symbole de force et de pouvoir.]8 J'examinais les cornes et voilà qu'entre elles s'éleva une autre petite corne ; trois des cornes précédentes furent arrachées devant elle. Et voilà que sur cette corne il y avait des yeux, comme des yeux d'homme, et une bouche qui disait des choses monstrueuses. 9 Je regardais, lorsque des trônes furent installés et un Vieillard s'assit : son vêtement était blanc comme de la neige, la chevelure de sa tête, comme de la laine nettoyée ; son trône était en flammes de feu, avec des roues en feu ardent. [Le Vieillard siégeant sur un trône de feu est probablement ici une figure de Dieu Ex 19.18 ; Ap 1.13-16 ; 5.11.
— des trônes Ap 20.4,11-12.
— vêtement blanc Mt 17.2 ; 28.3.]
10 Un fleuve de feu coulait et sortait de devant lui. Mille milliers le servaient ; dix mille myriades se tenaient devant lui. Le tribunal siégea, et des livres furent ouverts. [fleuve de feu Ps 50.3.
— milliers... myriades. le texte semble désigner ainsi les nombreux groupes d'anges au service de Dieu.
— des livres ouverts Jr 17.1 ; Ap 13.8 ; 20.12.]
11 Je regardais ; alors, à cause du bruit des paroles monstrueuses que proférait la corne ... , — je regardais, lorsque la bête fut tuée et son corps abattu, et elle fut livrée à l'embrasement du feu. [la corne. la fin de la phrase semble avoir été perdue.
— bête tuée Ap 19.19-21.]
12 Quant au reste des bêtes on fit cesser leur souveraineté, et une prolongation de vie leur fut donnée jusqu'à une date et un moment déterminés. 13 Je regardais dans les visions de la nuit, et voici qu'avec les nuées du ciel venait comme un Fils d'Homme ; il arriva jusqu'au Vieillard, et on le fit approcher en sa présence. [Fils d'Homme. tournure hébraïque pour désigner un être humain. L'emploi de cette expression dans Daniel est assez mystérieuse. Voir au glossaire FILS DE L'HOMME.]14 Et il lui fut donné souveraineté, gloire et royauté : les gens de tous peuples, nations et langues le servaient.

Sa souveraineté est une souveraineté éternelle qui ne passera pas,
et sa royauté, une royauté qui ne sera jamais détruite.

15 Mon esprit à moi, Daniel, fut angoissé au-dedans de son enveloppe, et les visions de mon esprit me tourmentaient. [Ou Moi Daniel, j'en eus le souffle coupé.]16 Je m'approchai d'un de ceux qui se tenaient là, et je demandai ce qu'il y avait de certain au sujet de tout cela. Il me le dit et me fit connaître l'interprétation des choses : 17 « Quant à ces bêtes monstrueuses qui sont au nombre de quatre : Quatre rois se lèveront de la terre ; [Selon certains les quatre bêtes mentionnées aux v. 4-7 symbolisent successivement. le lion (v. 4), l'empire babylonien (voir Jr 50.17) ; l'ours (v. 5), l'empire mède (voir Dn 5.30 ; 6.1) ; le léopard (v. 6), l'empire perse (voir 6.29) ; la quatrième bête (v. 7), l'empire grec (voir Dn 2.40 ; 11.3).]18 puis les Saints du Très-Haut recevront la royauté et ils posséderont la royauté pour toujours et à tout jamais. » [L'expression semble désigner ici l'ensemble du peuple des fidèles ; Dn 8.24 ; Ps 34.10 ; Ac 9.13.]19 Alors je voulus avoir le cœur net au sujet de la quatrième bête, qui était différente de toutes et très redoutable, avait des dents de fer et des griffes de bronze, mangeait, déchiquetait et foulait le reste aux pieds ; 20 et au sujet des dix cornes qu'elle avait sur la tête, puis de l'autre qui s'était élevée et devant laquelle trois étaient tombées : cette corne avait des yeux et une bouche qui disait des choses monstrueuses, et son aspect était plus grand que celui de ses congénères ; [V. 19 et 20. voir les v. 7 et 8.]21 je regardais, et cette corne faisait la guerre aux Saints et l'emportait sur eux, 22 jusqu'à ce que vienne le Vieillard et que le jugement soit donné en faveur des Saints du Très-Haut, que le temps arrive et que les Saints possèdent la royauté. [Vieillard. voir Dn 7.9 et la note.
— jugement Ap 20.4.]
23 Il me parla ainsi : « Quant à la quatrième bête : Un quatrième royaume adviendra sur la terre, qui différera de tous les royaumes, dévorera toute la terre, la piétinera et la déchiquettera. 24 Et quant aux dix cornes : De ce royaume là se lèveront dix rois ; puis un autre se lèvera après eux. Celui-là différera des précédents ; il abattra trois rois ; [dix cornes. voir la note sur Dn 7.7 ; les dix rois du quatrième royaume sont probablement les dix premiers souverains du royaume séleucide (voir la note sur 1 M 1.8). Le dernier roi est alors Antiochus Epiphane (175-164 av. J. C.), qui fut célèbre par les persécutions qu'il dirigea contre les Juifs (v. 25) après s'être débarrassé de ses trois rivaux (les trois rois).]25 il proférera des paroles contre le Très-Haut et molestera les Saints du Très-Haut ; il se proposera de changer le calendrier et la Loi, et les Saints seront livrés en sa main durant une période, deux périodes et une demi-période. [le calendrier et la Loi. Antiochus Epiphane interdit sabbats et fêtes (voir 1 M 1.41-52).
— Sur les périodes voir la note sur Dn 4.13 ; la persécution déclenchée par Antiochus Epiphane dura de 167 à 164 av. J. C.]
26 Puis le tribunal siégera, et on fera cesser sa souveraineté, pour l'anéantir et le perdre définitivement. 27 Quant à la royauté, la souveraineté et la grandeur de tous les royaumes qu'il y a sous tous les cieux, elles ont été données au peuple des Saints du Très-Haut :
Sa royauté est une royauté éternelle ;
toutes les souverainetés le serviront et lui obéiront. »

28 Ici prend fin le récit. Pour moi Daniel, mes réflexions me tourmentèrent beaucoup ; mes couleurs en furent altérées, et je gardai la chose dans mon cœur.