Mon Dieu, que la tentation est terrible ! elle se présente à moi à toutes heures, de toutes parts, sous toutes les formes, au milieu des occupations les plus pures, même quand je suis à genoux devant toi ! Je la chasse, elle revient ; je la repousse encore, elle revient toujours, et sans cesse obsédé par son image à la fois attrayante et diabolique, je succombe, meurtri, sous sa main de fer. Oh ! mon Dieu, aie pitié de moi. Délivre-moi, délivre-moi de la tentation. Enveloppe-moi de pensées saintes, remplis tellement mon cœur de ton amour, ma vie de tes œuvres, que je n’y puisse plus trouver place pour le mal, pas même pour une mauvaise suggestion. Mais, hélas ! combien de fois j’ai formé ce vœu ! combien de fois je me suis dit que je fermerais mon âme au premier souffle impur qui me viendrait du dehors ! et cependant la tentation m’a presque toujours subjugué ; elle qui me paraît si faible quand elle est loin, est toute-puissante quand elle est près ; en vain je me débats ; en vain je désapprouve ce qu’elle me conseille ; en vain je veux la fuir ; elle me suit, s’attache à moi, et rarement, jamais peut-être, je ne l’ai complètement vaincue ! Oh ! mon Dieu, viens à mon secours ; défends-moi toi-même ; donne-moi ta force, la force qui soutint Jésus au désert. Place, entre moi et Satan, qui veut me séduire, la barrière de la Parole. Qu’à chaque attaque du Malin, un souvenir de tes menaces ou de tes promesses vienne m’arrêter ; ouvre à mes yeux, s’il le faut, l’abîme des enfers où Satan m’attire ; ouvre les délices de ton ciel, afin que je les contemple et que je m’arrête sur les bords si glissants de la tentation ; s’il le faut, Seigneur, dévoile ma honte aux yeux du monde ; préserve-moi par tous les moyens ; mais, de grâce, épargne-moi désormais ces terribles épreuves, de faire le mal tout en approuvant le bien, de succomber en me maudissant moi-même sous ces diaboliques fascinations.