Sonnets Chrétiens


Livre Premier — Sonnet XXIV

Sur les Vents

Voix sans poumons, corps invisibles ;
Lutins volants, char des oiseaux ;
Vieux courriers, postillons nouveaux,
Sur terre et sur mer si sensibles ;

Doux médecins, bourreaux terribles ;
Maîtres de l’air, tyrans des eaux,
Qui rendez, aux craintifs vaisseaux,
Les ondes fières, ou paisibles ;

Vents, qui dans un cours inconstant,
Naissez, et mourez chaque instant ;
Mes jours ne sont qu’un vent qui passe ;

Mon corps fait naufrage en la mort,
Mais Dieu, du souffle de sa grâce,
Pousse mon âme dans le port.


3 : Ils courent en droite ligne, ou bien ils tournent en rond. L’empereur Vérus donnait à ses courriers les noms des vents, et leur faisait appliquer des ailes. 5 : Il y a des vents agréables et salutaires, comme ceux que l’on nomme Zéphyrs. Mais il y en a d’autres qui sont cruels et meurtriers, comme ces vents du Pérou, qui font vomir jusqu’au sang, et qui tuent subitement (à l’époque de Drelincourt le Pérou était la terre lointaine servant d’exutoire au besoin de récits fantastiques). C’est pourquoi les Païens sacrifiaient aux vents, pour se les rendre favorables.

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