Sonnets Chrétiens


Livre Second — Sonnet II

Sur le Péché d’Adam

Je vois dans ta personne un ingrat, un rebelle,
Et le propre ennemi de sa félicité ;
Qui, contre son Seigneur lâchement révolté,
Attire sur sa tête une peine éternelle.

Ève, dans son amour, est trompeuse et cruelle ;
Son poison, par l’oreille, en ton cœur est jeté ;
Et du fruit défendu la fatale beauté
Te porte dans les yeux une atteinte mortelle.

Pour ton mal, tu te fais l’arbitre de ton bien ;
En voulant être tout, tu te réduis à rien ;
Et ton ambition te conduit au supplice.

Tu traînes avec toi tes enfants au tombeau,
Et dans leur triste sort, je doute avec justice,
Si je t’en dois nommer le père, ou le bourreau.


5 : Ève était aide du Démon, et non pas de son mari, dit St. Augustin. 7 : Semblable à ces délicieuses et mortelles pommes de l’Amérique, nommées mancenilles. 14 : Adam et Ève, vous avez été les meurtriers, aussi bien que les pères, de tous les hommes. Et ce qui est de plus déplorable, c’est que vous avez été leurs meurtriers avant que d’être leurs pères. (St. Bernard)

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