Sonnets Chrétiens


Livre Quatrième — Sonnet XL

Sur l’Enfer

Juste Dieu, que l’Enfer est un gouffre effroyable !
Ses ténèbres, ses feux, son soufre, ses tourments,
Ses gênes, ses bourreaux, ses cris, ses hurlements,
N’ont rien dans l’univers qui leur soit comparable.

Là, ronge incessamment le ver insatiable ;
Là, l’on sent du remords les époinçonnements ;
Là, sans pouvoir mourir, l’on meurt à tous moments ;
Là, l’éternité rend la peine épouvantable.

Objet rempli d’horreur, tu viens mal à propos
Intimider mon âme, et troubler mon repos ;
Loin d’ici, noire image à mon bonheur contraire.

Non, reviens ; c’est ma chair qui m’aveugle en ce point.
Mais voici de l’Esprit le conseil salutaire :
Crains sans cesse l’Enfer, pour n’y descendre point.


1 : C’est un abîme sans fond, une mer de feu, qui roule ses flots brûlants d’une manière d’autant plus effroyable, qu’elle est incompréhensible. (St. Chrysostôme) 14 : Que ceux qui n’ont point de passion de voir la face de Dieu, craignent au moins le feu de sa colère. Que les supplices épouvantent ceux que les récompenses ne peuvent attirer. Ce que Dieu te promet, te semble-t-il peu de chose ? Tremble de la menace du feu éternel : c’est par cette menace que Dieu veut te détourner, du mal, et te porter au bien. (St. Augustin)

chapitre précédent retour à la page d'index chapitre suivant