D’après la Real. Encykl., il fut nommé évêque d’Antioche vers 176, et, selon Nicéphore, son épiscopat dura 13 ans. Un fragment de ses commentaires sur les Évangiles, conservé en latin par Jérôme dans sa Lettre à Algasia, quaest. 6, mérite d’être signalé. Il s’agit de la parabole de cet économe infidèle (Luc 16.1-8), qui remet à un premier débiteur de son maître 50 mesures d’huile sur les 100 qui étaient dues, et à un second débiteur, 20 mesures de blé sur 100, de sorte que celui-ci n’en devait plus que 80.
Dans la singulière interprétation de Théophile, l’économe est Saul, devenu Paul, qui, après avoir été élevé aux pieds de Gamaliel et avoir même persécuté les chrétiens, a été saisi par Christ, pour devenir son disciple, son apôtre. Il se dit, lui aussi : « Travailler à la terre ? je ne le puis. Mendier ? j’en ai honte, » et alors il vise désormais à se faire recevoir par les chrétiens dans leurs demeures. Le premier débiteur est le monde païen auquel Paul s’adresse pour le convertir ; le second est le peuple juif. « En second lieu, dit Théophile, il appela le peuple des Juifs, qui avait été nourri par le froment des prescriptions de Dieu et qui lui devait un nombre centénaire (nombre représentant la perfection, d’après ce qui précède immédiatement), et il le contraignit de faire de cent quatre-vingt, c’est-à-dire de croire à la résurrection du Seigneur, à laquelle se rapporte le nombre du huitième jour et qui se complète par la multiplication de 8 par 10, — afin que le peuple passât du sabbat de la loi au premier jour de la semaine. Aussi le Seigneur déclara-t-il qu’il avait bien fait, » etc.
Si pleine d’arbitraire et de haute fantaisie que soit cette interprétation ou application de la parabole, toujours est-il que Théophile y fait clairement allusion à la célébration, par les chrétiens, du premier jour hebdomadaire, alors si souvent désigné comme huitième jour, et qu’il la rattache expressément au souvenir de la résurrection de Christ. Mais ce qu’il y a de plus remarquable dans ce passage, c’est qu’il établit très nettement que le sabbat de la Loi doit être remplacé, pour les chrétiens, par la fête du premier jour de la semaine, et qu’ainsi cette fête correspond bien dans la Nouvelle Alliance au sabbat de l’Ancienne.