3 Or il y avait parmi les Pharisiens un homme du nom de Nicodème, un notable des Juifs.
« En vérité, en vérité, je te le dis,
à moins de naître de nouveau,p
nul ne peut voir le Royaume de Dieu. »q
p emploie un mot grec, anôthen , qui signifie aussi « d’en haut », cf. 3.7, 31.
q Seul exemple en Jn, avec le v. 5, de cette expression fréquente dans les Synoptiques, Mt 4.17. Au Royaume correspond chez la « vie » ou la « vie éternelle ».
4 Nicodème lui dit : « Comment un homme peut-il naître, étant vieux ? Peut-il une seconde fois entrer dans le sein de sa mère et naître ? »
« En vérité, en vérité, je te le dis,
à moins de naîtrer d’eau et d’Esprit,
nul ne peut entrer dans le Royaume de Dieu.s
r Les vv. 6-8 montrent que l’accent ne porte pas sur l’eau, mais sur l’Esprit. Chez les prophètes comme à Qumrân, l’eau est un symbole fréquent de l’Esprit, cf. Isa 44.3 ; Ez 36.25, 27 ; Za 12.10 ; 13.1 ; 14.8.
s Voir v. 3 et note c.
6 Ce qui est né de la chair est chair,
ce qui est né de l’Esprit est esprit.
7 Ne t’étonne pas, si je t’ai dit :
Il vous faut naître à nouveau.
8 Le vent souffle où il veut
et tu entends sa voix,
mais tu ne sais pas d’où il vient ni où il va.
Ainsi en est-il de quiconque est né de l’Esprit. »
9 Nicodème lui répondit : « Comment cela peut-il se faire ? »
11 En vérité, en vérité, je te le dis,
nous parlons de ce que nous savons
et nous attestons ce que nous avons vu ;t
mais vous n’accueillez pas notre témoignage.
t Ce que le Christ a vu auprès du Père, 8.38 ; cf. 3.31-32, qui est un doublet de 3.11-13. Le Christ peut s’exprimer ainsi parce qu’il est le Verbe incarné, 1.14, 18. La formule « entendre du Père », 8.26, 40 ; 15.15, est moins forte et pourrait se dire d’un simple prophète.
12 Si vous ne croyez pas
quand je vous dis les choses de la terre,
comment croirez-vous
quand je vous dirai les choses du ciel ?
13 Nul n’est monté au ciel,u
hormis celui qui est descendu du ciel,
le Fils de l’homme.v
u Il ne s’agit pas de l’ascension (verbe au passé). Le Christ fait allusion à des textes tels que Dt 30.12 ; Ba 3.29 ; Pr 30.4, cf. Rm 10.6 venu du ciel, il peut nous faire connaître les mystères de la volonté divine, cf. Sg 9.16-17.
v En Dn 7.13-14 le « Fils d’homme » monte auprès de Dieu pour y recevoir l’investiture royale. Pour Jean, le Fils de l’homme doit être « élevé » sur la croix, 3.14 ; 8.28 ; 12.34, mais c’est le premier pas qui doit le mener jusqu’auprès de Dieu, 12.33, dans la gloire, 12.23 ; 13.31 ; cf. 1.51, où il règnera après avoir détrôné le Prince de ce monde, 12.31-32. En montant au ciel, le Fils de l’homme ne fera que regagner son lieu propre, 6.62, retrouver la gloire qu’il avait avant la création du cosmos, 17.5 ; cf. 3.13 ; 1.14. — C’est dans cette ligne de pensée que l’on peut comprendre le parallèle entre 3.14-15 et Nb 21 4-9. Les Hébreux devaient regarder le serpent d’airain placé par Moïse sur un « signe » afin que Dieu leur pardonne leur péché (v. 7) et qu’ils puissent rester en vie (v. 9). Ainsi, c’est grâce à l’élévation du Fils de l’homme sur la croix que l’on pourra reconnaître qu’il pouvait prétendre au Nom divin « Je suis », 8.24, et donc éviter de mourir en raison des péchés. Croire dans le Fils de l’homme « élevé », c’est croire au nom du Fils, Unique-Engendré de Dieu, 3.18, c’est donc croire à l’amour du Père qui a donné son propre Fils pour que nous soyons sauvés, 3.16 et le parallèle de 1 4.9-10 ; cf. Rm 8.32. Si l’on ne croit pas que le Fils de l’homme est l’Unique-Engendré, comment reconnaître l’amour du Père pour nous ? Le pire des péchés, c’est de ne plus croire à l’Amour.
14 Comme Moïse éleva le serpent dans le désert,
ainsi faut-il que soit élevé le Fils de l’homme,
15 afin que quiconque croit
ait en lui la vie éternelle.
16 Car Dieu a tant aimé le mondew
qu’il a donné son Fils, l’Unique-Engendré,
afin que quiconque croit en lui ne se perde pas,
mais ait la vie éternelle.
w La section 3.16-21 a son parallèle en 12.46-50. Un même thème johannique (la venue de la lumière dans le monde, cf. 3.19 ; 12.46) s’est développé de deux façons différentes. Ici, Jésus est présenté comme le Fils de Dieu (v. 17), son Unique-Engendré (v. 18). En 12.46-50, qui glose Dt 18.15, 18, Jésus est simplement présenté comme le nouveau Moïse.
17 Car Dieu n’a pas envoyé le Fils dans le monde
pour juger le monde,
mais pour que le monde soit sauvé par son entremise.
18 Qui croit en lui n’est pas jugé ;
qui ne croit pas est déjà jugé,
parce qu’il n’a pas cru
au nom du Fils Unique-Engendré de Dieu.
19 Et tel est le jugement :
la lumière est venue dans le monde
et les hommes ont mieux aimé
les ténèbres que la lumière,
car leurs œuvres étaient mauvaises.
20 Quiconque, en effet, commet le mal
hait la lumière et ne vient pas à la lumière,
de peur que ses œuvres ne soient démontrées coupables,
21 mais celui qui fait la vérité
vient à la lumière,
afin qu’il soit manifesté
que ses œuvres sont faites en Dieu. »
22 Après cela, Jésus vint avec ses disciples au pays de Judée et il y séjourna avec eux, et il baptisait.x
x Baptême identique à celui que donnait Jean-Baptiste, Ac 19.1, dont Jésus fut probablement un des disciples d’après 1.15, 30 (le disciple marchait derrière le maître) et 3.30 (le titre de « rabbi » signifie « mon grand »; Jean cède le titre de « grand » à Jésus). Les Synoptiques ne disent rien de cette activité du Christ, contestée aussi dans la glose de 4.2.
y Probablement à Aïn Farah, au nord-est de l’actuelle Naplouse. L’activité du Baptiste, en pleine Samarie, prépare la conversion des Samaritains, 4.36-38 ; cf. 4.1. La tradition byzantine placera Aenon dans la vallée du Jourdain, à quelques kilomètres au sud de Scythopolis.
25 Il s’éleva alors une discussion entre les disciples de Jean et un Juif à propos de purification :z
z Probablement à propos du baptême. — « Un Juif »; var. « des Juifs ». Texte peut-être altéré. Peut-être lisait-on « Jésus » ou « les disciples de Jésus ».
« Un homme ne peut rien recevoir,
si cela ne lui a été donné du ciel.
28 Vous-mêmes, vous m’êtes témoins que j’ai dit : « Je ne suis pas le Christ, mais je suis envoyé devant lui. »
29 Qui a l’épouse est l’époux ;a
mais l’ami de l’époux
qui se tient là et qui l’entend,
est ravi de joie à la voix de l’époux.
Telle est ma joie, et elle est complète.
a L’image nuptiale est appliquée dans l’AT aux rapports de Dieu et d’Israël, Os 1.2. Jésus se l’est appropriée, Mt 9.15 ; 22.1s ; 25.1s. Paul l’a reprise, Ep 5.22s ; 2 Co 11.2. Les noces de l’Agneau, Ap 19.7 ; 21.2, sont déjà inaugurées dans la joie messianique, ici v. 29, cf. 2.1-11.
30 Il faut que lui grandisse
et que moi je décroisse.
31 Celui qui vient d’en haut
est au-dessus de tous ;b
celui qui est de la terre
est terrestre et parle en terrestre.
Celui qui vient du cielc
b Ou encore « de tout ».
c Add. « est au-dessus de tous » (ou « de tout »).
32 témoigne de ce qu’il a vu et entendu,
et son témoignage, nul ne l’accueille.
33 Qui accueille son témoignage
certifie que Dieu est véridique ;
34 en effet, celui que Dieu a envoyé
prononce les paroles de Dieu,
car il ne mesure pas le don de l’Esprit.d
d Ou « qui lui donne l’Esprit sans mesure ».
35 Le Père aime le Fils
et il a tout remis dans sa main.e
e Par la volonté du Père, tout est « en la main », en la puissance du Fils, 3.35 ; 10.28, 29 ; 13.3 ; 17.2 ; cf. 6.37-39 ; Mt 11.27 ; 28.18 ; c’est là le fondement de sa royauté, 12.13-15 ; 18.36-37, qu’il inaugurera au jour de son « exaltation », 12.32 ; 19.19 ; Ac 2.33 ; Ep 4.8, tandis que le règne du Prince de ce monde prendra fin, 12.31.
36 Qui croit au Fils a la vie éternelle ;
qui résiste au Fils ne verra pas la vie ;
mais la colère de Dieu demeure sur lui. »