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Bible de Jérusalem

Ézéchiel 1

ÉZÉCHIEL

Introduction au livre d’Ézéchiel

Introduction

1 La trentième année, au quatrième mois, le cinq du mois, alors que je me trouvais parmi les déportés au bord du fleuve Kebar, le ciel s’ouvrit et je fus témoin de visions divines. 2 Le cinq du mois — c’était la cinquième année d’exil du roi Joiakîn — 3 la parole de Yahvé fut adressée au prêtre Ézéchiel, fils de Buzi, au pays des Chaldéens, au bord du fleuve Kebar.a C’est là que la main de Yahvé fut sur lui.b

a Les vv. 1-3 paraissent juxtaposer deux introductions distinctes. L’une, vv. 2-3, impersonnelle, annonce l’ensemble du livre d’Ézéchiel et date la première vision du prophète, de la 5e année de l’exil de Joiakîn, soit 593-592. L’autre, v. 1, était peut-être rattachée à la vision du char de Yahvé lorsque celle-ci n’avait pas encore trouvé sa place actuelle, cf. Introduction. Mais alors la date (30e année) est difficile à interpréter, à moins qu’on ne la corrige en « 13e année » (de l’exil de Joiakîn), soit l’été de 585.

b Expression fréquente chez Ézéchiel pour désigner l’extase, cf. 3.22 ; 8.1 ; 33.22 ; 37.1 ; 40.1. — Les versions lisent « sur moi » au lieu de « sur lui »; il faut alors rattacher 3 à 4.

Vision du « char de Yahvé ».c

4 Je regardai : c’était un vent de tempête soufflant du nord, un gros nuage, un feu jaillissant, avec une lueur autour, et au centre comme l’éclat du vermeil au milieu du feu.

c Cette vision est certainement destinée aux exilés. Certains détails en sont obscurs, mais le sens général est clair c’est la « mobilité » spirituelle de Yahvé, qui n’est pas attaché au Temple de Jérusalem mais peut suivre ses fidèles jusque dans leur exil.

5 Au centre, je discernai quelque chose qui ressemblait à quatre êtres vivants dont voici l’aspect : ils avaient une forme humaine. 6 Ils avaient chacun quatre faces et chacun quatre ailes. 7 Leurs jambes étaient droites et leurs sabots étaient comme des sabots de bœuf, étincelants comme l’éclat de l’airain poli. 8 Sous leurs ailes, il y avait des mains humaines tournées vers les quatre directions, de même que leurs faces et leurs ailes à eux quatre. 9 Leurs ailes étaient jointes l’une à l’autre ; ils ne se tournaient pas en marchant : ils allaient chacun devant soi. 10 Quant à la forme de leurs faces, ils avaient une face d’homme, et tous les quatre avaient une face de lion à droite, et tous les quatre avaient une face de taureau à gauche, et tous les quatre avaient une face d’aigle.d

d Ces êtres étranges rappellent les Kâribu assyriens (dont le nom correspond à celui des Chérubins de l’arche, cf. Ex 25.18), êtres à tête humaine, corps de lion, pattes de taureau et ailes d’aigle, dont les statues gardaient les palais de Babylone. Ces serviteurs des dieux païens sont ici attelés au char du Dieu d’Israël expression frappante de la transcendance de Yahvé. Les « quatre Vivants » de l’Apocalypse, Ap 4.7-8, etc., reprennent les traits des quatre êtres vivants d’Ézéchiel. La tradition chrétienne en a fait les symboles des quatre évangélistes.

11 Leurs ailese étaient déployées vers le haut ; chacun avait deux ailes se joignant et deux ailes lui couvrant le corps ;

e « Leurs ailes » grec ; « Leurs faces et leurs ailes » hébr.

12 et ils allaient chacun devant soi ; ils allaient là où l’esprit les poussait, ils ne se tournaient pas en marchant.

13 Ils ressemblaient à des êtres vivants. Leur aspect était celui de charbons ardents ayant l’aspect de torches, allant et venant entre les êtres vivants ; le feu jetait une lueur, et du feu sortaient des éclairs. 14 Les êtres vivants couraient en tout sens comme le font les éclairs.f

f Ce v., absent du grec, est peut-être une glose.

15 Je regardai les êtres vivants ; et voici qu’il y avait une roue à terre, à côté des êtres vivants aux quatre faces. 16 L’aspect de ces roues et leur structure avait l’éclat de la chrysolithe. Toutes les quatre avaient même forme ; quant à leur aspect et leur structure : c’était comme si une roue se trouvait au milieu de l’autre. 17 Elles avançaient dans les quatre directionsg et ne se tournaient pas en marchant.

g Texte incertain. Littéralement « vers les quatre côtés de ceux-ci, en marchant, elles avançaient ».

18 Leur circonférence était de grande taille et effrayante, et leur circonférence, à toutes les quatre, était pleine de refletsh tout autour.

h « de reflets », litt. « d’yeux »; mais il faut interpréter ce mot d’après son usage figuré où il a le sens d’« éclat », cf. vv. 4, 7, 16, 22, 27 ; 8.2 ; 10.9. — Ici, cette mention des « reflets » est peut-être une glose inspirée de 10.12.

19 Lorsque les êtres vivants avançaient, les roues avançaient à côté d’eux, et lorsque les êtres vivants s’élevaient de terre, les roues s’élevaient. 20 Là où l’esprit les poussait, les roues allaient,i et elles s’élevaient également, car l’esprit du vivant était dans les roues.

i Après « allaient », hébr. ajoute « à l’esprit pour avancer », omis par mss, grec et syr.

21 Quand ils avançaient, elles avançaient, quand ils s’arrêtaient, elles s’arrêtaient, et quand ils s’élevaient de terre, les roues s’élevaient également, car l’esprit du vivant était dans les roues. 22 Il y avait sur les têtes du vivant quelque chose qui ressemblait à un firmament éclatant comme le cristal,j tendu sur leurs têtes,k au-dessus,

j Après « cristal », hébr. ajoute « effrayant »; omis par grec.

k Ainsi les animaux portent le trône de Yahvé plutôt qu’ils ne le traînent. Comparer l’arche d’alliance, Ex 25.10, où « Yahvé siège sur les Chérubins », 1 S 4.4, etc.

23 et sous le firmament, leurs ailes étaient dressées l’une vers l’autre ; chacun en avait deux lui couvrant le corps.l

l L’hébr. répète « chacun en avait deux le couvrant », dittographie omise par mss et grec.

24 Et j’entendis le bruit de leurs ailes, comme le bruit des grandes eaux, comme la voix de Shaddaï ; lorsqu’ils marchaient, c’était un bruit de tempête, comme un bruit de camp ; lorsqu’ils s’arrêtaient, ils repliaient leurs ailes. 25 Et il se produisit un bruit.m

m L’hébr. ajoute « au-dessus du firmament qui était sur leurs têtes, quand ils s’arrêtaient ils repliaient leurs ailes », dittographie omise par plusieurs manuscrits et versions.

26 Au-dessus du firmament qui était sur leurs têtes, il y avait quelque chose qui avait l’aspect d’une pierre de saphir en forme de trône, et sur cette forme de trône, dessus, tout en haut, une forme ayant apparence humaine.

27 Et je vis comme l’éclat du vermeil, quelque chose comme du feu près de lui, tout autour, depuis ce qui paraissait être ses reins et au-dessus ; et depuis ce qui paraissait être ses reins et au-dessous, je vis quelque chose comme du feu et une lueur tout autour ; 28 l’aspect de cette lueur, tout autour, était comme l’aspect de l’arc qui apparaît dans les nuages, les jours de pluie. C’était quelque chose qui ressemblait à la gloire de Yahvé.n Je regardai, et je tombai la face contre terre ; et j’entendis la voix de quelqu’un qui me parlait.

n Les Israélites craignaient de voir la face de Yahvé, aussi le plus souvent Dieu leur montrait sa « gloire », c’est-à-dire les signes extérieurs qui environnent et révèlent sa personne, cf. Ex 33.18, 22, etc. La gloire de Yahvé est donc le signe de sa présence. Habituellement, elle a l’apparence d’une nuée lumineuse, Ex 16.10 ; 43.1-5 ; ici la nuée est accompagnée d’une sorte de silhouette humaine brillante et rayonnante.

Ézéchiel 10

10 Je regardai :k voici que sur la voûte qui était sur la tête des chérubins, au-dessus d’eux, apparut comme une pierre de saphir dont l’aspect était semblable à un trône.

k Après l’extermination des habitants, l’anéantissement de la cité.

2 Et il dit à l’homme vêtu de lin : « Va au milieu du char, sous le chérubin, prends à pleines mains des charbons du milieu des chérubins et répands-les sur la ville. » Et il y alla sous mes yeux.

3 Les chérubins se tenaient à droite du Temple lorsque l’homme entra, et la nuée emplissait le parvis intérieur. 4 La gloire de Yahvé s’éleva de dessus le chérubin vers le seuil du Temple, le Temple fut rempli de la nuée et le parvis fut rempli de la lueur de la gloire de Yahvé. 5 Et le bruit des ailes des chérubins s’entendit jusqu’au parvis extérieur, comme la voix du Dieu tout-puissant lorsqu’il parle.

6 Lorsqu’il donna cet ordre à l’homme vêtu de blanc : « Prends du feu au milieu du char, du milieu des chérubins », l’homme vint et se tint près de la roue. 7 Le chérubin étendit la main d’entre les chérubins, vers le feu qui était au milieu des chérubins ; il le prit et le mit dans la main de l’homme vêtu de lin. Celui-ci le saisit et sortit. 8 Alors apparut une forme de main humaine sous les ailes des chérubins. 9 Je regardai : il y avait quatre roues à côté des chérubins, chaque roue à côté de chaque chérubin, et l’aspect des roues était comme l’éclat de la chrysolithe. 10 Elles semblaient avoir le même aspect toutes les quatre, comme si une roue était au milieu de l’autre. 11 Elles avançaient vers les quatre directions et ne se tournaient pas en marchant, car elles avançaient du côté où était dirigée la tête et ne se tournaient pas en marchant. 12 Et tout leur corps, leur dos, leurs mains et leurs ailes ainsi que les roues, étaient pleins de reflets tout autour (leurs roues à tous les quatre). 13 À ces roues on donna — je l’entendis — le nom de « galgal. »l

l Signification incertaine ; peut-être « char » (cf. 10.2, 6), ou « tourbillon ».

14 Chacun avait quatre faces : la première était la face du chérubin, la seconde une face humaine,m la troisième une face de lion et la quatrième une face d’aigle.

m « la première », « la seconde » syr. ; « la face du premier », « la face du second » hébr.

15 Les chérubins s’élevèrent : c’était l’animal que j’avais vu sur le fleuve Kebar. 16 Lorsque les chérubins avançaient, les roues avançaient à côté d’eux ; lorsque les chérubins levaient les ailes pour s’élever de terre, les roues ne se tournaient pas non plus à côté d’eux.

17 Lorsqu’ils s’arrêtaient, elles s’arrêtaient, et lorsqu’ils s’élevaient, elles s’élevaient avec eux, car l’esprit de l’animal était en elles.

La gloire de Yahvé quitte le Temple.

18 La gloire de Yahvé sortit de sur le seuil du Temple et s’arrêta sur les chérubins. 19 Les chérubins levèrent leurs ailes et s’élevèrent de terre à mes yeux, en sortant, les roues avec eux. Ils s’arrêtèrent à l’entrée du porche orientaln du Temple de Yahvé, et la gloire du Dieu d’Israël était sur eux, au-dessus.

n « ils s’arrêtèrent » versions ; « il s’arrêta » hébr. — Le porche de l’orient est celui qui donne sur la vallée du Cédron et le mont des Oliviers, cf. 11.23.

20 C’était l’animal que j’avais vu sous le Dieu d’Israël au fleuve Kebar, et je sus que c’étaient des chérubins. 21 Chacun avait quatre faces et chacun quatre ailes, avec des formes de mains humaines sous leurs ailes. 22 Leurs faces étaient semblables aux faces que j’avais vues près du fleuve Kebar.o Chacun allait droit devant soi.

o Hébr. ajoute ici « leur apparence et eux » (?), omis par grec.