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Bible de Jérusalem

Genèse 6.5-8

2. LE DÉLUGEk

La corruption de l’humanité.

5 Yahvé vit que la méchanceté de l’homme était grande sur la terre et que son cœur ne formait que de mauvais desseins à longueur de journée.

k Il y a dans cet ensemble beaucoup de répétitions, à commencer par la motivation du déluge, 6.5-8 et 9-13, et des différences notables (comparer 6.19-20 et 7.15-17 avec 7.2, 3), y compris celle de la chronologie face à 7.12 et 8.13, 14 (avec certaines données intermédiaires, notamment les deux périodes de 150 jours), d’autres passages (7.4, 10, 12 ; 8.6-12) supposent une plus courte durée. En fait, il y a ici deux récits pratiquement complets, le plus ancien de tradition yahviste, le plus récent de tradition sacerdotale. Le récit yahviste est plein de couleur et de vie ; celui de la tradition sacerdotale est plus détaillé, notamment pour la chronologie, et plus réfléchi. Les éléments des deux traditions ont été réunis sans chercher à faire disparaître les différences qui existent entre eux. Ici ou là, surtout en 7.3, les rédacteurs ont cependant tenté de faire disparaître une différence trop accentuée. Les rédacteurs sont aussi les responsables du plus grand morcèlement de la narration yahviste, peut-être même de l’absence des données concernant les préparatifs et la sortie de l’arche. La narration sacerdotale semble complète ; elle a été même conservée en grands blocs homogènes au début, 6.9-22, et à la fin, 9.1-17. À titre d’indication de lecture on peut signaler les passages de tradition yahviste (6.5-8 ; 7.1-2, 3-5, 7 ,10, 12, 16, 17, 22-23 ; 8.2-3 ,6-12, 20-22) et sacerdotale (6.9-22 ; 7.6, 11, 13-16, 17, 18-21, 24 ; 8.1-2, 3-5, 13, 14-19 ; 9.1-17), de même que ceux qui trahissent plus clairement la présence des rédacteurs (7.3, 8-9 et, en partie, 6.7 ; 7.7, 23 ; 8.20). Le thème d’un déluge est présent dans toutes les cultures, mais les récits de l’ancienne Mésopotamie ont un intérêt particulier à cause des ressemblances avec le récit biblique. Celui-ci n’en dépend pas directement (mais tel passage peut trahir ce type d’influence ; ainsi 8.6-12 et la tablette XI de l’Épopée de Gilgamesh). L’auteur sacré a chargé ces traditions d’un enseignement éternel sur la justice et la miséricorde de Dieu, sur la malice de l’homme et le salut accordé au juste (cf. He 11.7). C’est un jugement de Dieu, qui préfigure celui des derniers temps, Lc 17.26s ; Mt 24.37s, comme le salut accordé à Noé figure le salut par les eaux du baptême, 1 P 3.20-21.

6 Yahvé se repentit d’avoir fait l’homme sur la terre et il s’affligea dans son cœur.l

l Ce repentir de Dieu exprime sous un mode humain l’exigence de sa sainteté, qui ne peut pas supporter le péché. 1 S 15.29 écartera une interprétation trop littérale. Beaucoup plus fréquemment, le « repentir » de Dieu signifie l’apaisement de sa colère et le retrait de sa menace, voir Ex 32.11-14 et Jr 26.3.

7 Et Yahvé dit : « Je vais effacer de la surface du sol les hommes que j’ai créés — depuis l’homme jusqu’aux bestiaux, aux bestioles et aux oiseaux du ciel —, car je me repens de les avoir faits. » 8 Mais Noé avait trouvé grâce aux yeux de Yahvé.

Genèse 7.1-2

7 Yahvé dit à Noé : « Entre dans l’arche, toi et toute ta famille, car je t’ai vu seul juste à mes yeux parmi cette génération. 2 De tous les animaux purs, tu prendras sept paires, le mâle et sa femelle ; des animaux qui ne sont pas purs, tu prendras un couple, le mâle et sa femelle

Genèse 7.3-5

3 (et aussi des oiseaux du ciel, sept paires, le mâle et sa femelle), pour perpétuer la race sur toute la terre.

4 Car encore sept jours et je ferai pleuvoir sur la terre pendant quarante jours et quarante nuits et j’effacerai de la surface du sol tous les êtres que j’ai faits. »

5 Noé fit tout ce que Yahvé lui avait commandé.

Genèse 7.7

7 Noé — avec ses fils, sa femme et les femmes de ses fils — entra dans l’arche pour échapper aux eaux du déluge.

Genèse 7.10

10 Au bout de sept jours, les eaux du déluge vinrent sur la terre.

Genèse 7.12

12 La pluie tomba sur la terre pendant quarante jours et quarante nuits.

Genèse 7.16

16 et ceux qui entrèrent étaient un mâle et une femelle de tout ce qui est chair, comme Dieu le lui avait commandé.

Et Yahvé ferma la porte sur Noé.

Genèse 7.17

L’inondation.

17 Il y eut le déluge pendant quarante jours sur la terre ; les eaux grossirent et soulevèrent l’arche, qui fut élevée au-dessus de la terre.

Genèse 7.22-23

22 Tout ce qui avait une haleine de vie dans les narines, c’est-à-dire tout ce qui était sur la terre ferme, mourut.

23 Ainsi disparurent tous les êtres qui étaient à la surface du sol, depuis l’homme jusqu’aux bêtes, aux bestioles et aux oiseaux du ciel : ils furent effacés de la terre et il ne resta que Noé et ce qui était avec lui dans l’arche.

Genèse 8.2-3

2 Les sources de l’abîme et les écluses du ciel furent fermées ; — la pluie fut retenue de tomber du ciel 3 et les eaux se retirèrent petit à petit de la terre ; — les eaux baissèrent au bout de cent cinquante jours

Genèse 8.6-12

6 Au bout de quarante jours, Noé ouvrit la fenêtre qu’il avait faite à l’arche 7 et il lâcha le corbeau, qui alla et vint en attendant que les eaux aient séché sur la terre. 8 Alors il lâcha d’auprès de lui la colombe pour voir si les eaux avaient diminué à la surface du sol. 9 La colombe, ne trouvant pas un endroit où poser ses pattes, revint vers lui dans l’arche, car il y avait de l’eau sur toute la surface de la terre ; il étendit la main, la prit et la fit rentrer auprès de lui dans l’arche. 10 Il attendit encore sept autres jours et lâcha de nouveau la colombe hors de l’arche. 11 La colombe revint vers lui sur le soir et voici qu’elle avait dans le bec un rameau tout frais d’olivier ! Ainsi Noé connut que les eaux avaient diminué à la surface de la terre. 12 Il attendit encore sept autres jours et lâcha la colombe, qui ne revint plus vers lui.

Genèse 8.20-22

20 Noé construisit un autel à Yahvé, il prit de tous les animaux purs et de tous les oiseaux purs et offrit des holocaustes sur l’autel. 21 Yahvé respira l’agréable odeuru et il se dit en lui-même : « Je ne maudirai plus jamais la terre à cause de l’homme, parce que les desseins du cœur de l’homme sont mauvais dès son enfance ;v plus jamais je ne frapperai tous les vivants comme j’ai fait.

u Littéralement « l’odeur apaisante ». Cet anthropomorphisme passera dans le langage technique du rituel, cf. Ex 29.18, 25 ; Lv 1.9, 13 ; Nb 28.1, etc.

v Le cœur est l’intérieur de l’homme distingué de ce qui se voit et surtout de la « chair », 2.21. Il est le siège des facultés et de la personnalité, d’où naissent pensées et sentiments, paroles, décisions, action. Dieu le connaît à fond, quelles que soient les apparences, 1 S 16.7 ; Ps 17.3 ; 44.22 ; Jr 11.20. Le cœur est le centre de la conscience religieuse et de la vie morale, Ps 51.12, 19 ; Jr 4.4 ; 31.31-33 ; Ez 36.26. C’est dans son cœur que l’homme cherche Dieu, Dt 4.29 ; Ps 105.3 ; 119.2, 10 ; qu’il l’écoute, 1 R 3.9 ; Si 3.29 ; Os 2.16 ; cf. Dt 30.14 ; qu’il le sert, 1 S 12.20, 24, le loue, Ps 111.1, l’aime, Dt 6.5. Le cœur simple, droit, pur, est celui que ne divisent aucune réserve ou arrière-pensée, aucun faux-semblant, à l’égard de Dieu ou des hommes. Cf. Ep 1.18. Ce passage signale un tournant décisif dans la conduite de Dieu envers l’homme Yahvé, qui avait maudit la terre à cause de la désobéissance de l’homme et de la femme, 3.17, s’engage maintenant à ne plus détruire la terre par le déluge. Et, si le péché de l’homme était la raison du châtiment exemplaire, 6.5, maintenant il explique pourquoi Yahvé s’engage à ne plus jamais maudire la terre. Il y a là une transition pour que la malédiction du sol se change en bénédiction pour Abraham et, en lui, pour sa descendance et pour tous les clans de la terre, 12.1-3.

22 Tant que durera la terre, semailles et moisson, froidure et chaleur, été et hiver, jour et nuit ne cesseront plus. »w

w Les lois du monde sont rétablies pour toujours. Dieu sait que le cœur de l’homme reste mauvais mais il sauve sa création et, malgré l’homme, la conduira où il veut.