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Bible de Jérusalem

Daniel 8.16

16 J’entendis une voix d’homme, surc l’Ulaï, criant : « Gabriel, donne-lui l’intelligence de cette vision ! »

c Hébr. : « entre », ce qui s’entend peut-être des battants de la porte, cf. v. 2.

Daniel 9.21-

21 je parlais encore en prière, quand Gabriel, l’être que j’avais vu en vision au début, fondit sur moi en plein vol,o à l’heure de l’oblation du soir.

o Littéralement « volant de vol, me toucha ».

22 Il vint,p me parla et me dit : « Daniel, me voici : je suis sorti pour venir t’instruire dans l’intelligence.

p « Il vint » LXX. syr. ; « Il me fit comprendre » hébr.

23 Dès le début de ta supplication une parole a été émise et je suis venu te l’annoncer. Tu es l’homme des prédilections.q Pénètre la parole, comprends la vision :r

q « homme » est ici sous-entendu. Cf. 10.11, 19. La Vulg. traduit « l’homme de désirs », mais il s’agit bien des complaisances divines pour Daniel, non des désirs de son âme.

r La prophétie qui suit, parallèle à celles des chap. voisins, vise les événements de la persécution d’Antiochus, mais dans un style littéraire allusif et mystérieux (absence de noms propres, chiffres conventionnellement arrondis) qui signale que le texte a une portée plus haute. Comme l’annonce du royaume messianique, 2.28 ; 7.13, elle aura, pour les chrétiens, sa réalisation définitive au temps du Christ et de l’Église. L’ère de plénitude décrite au v. 24 dépasse infiniment un quelconque retour à la paix. Mais le détail des vv. 25-27, qui décrivent les périodes précédentes, reste obscur.

24 « Sont assignées septante semainess
pour ton peuple et ta ville sainte
pour mettre un terme à la transgression,
pour apposer les scellés aux péchés,
pour expier l’iniquité,
pour introduire éternelle justice,
pour scellert vision et prophétie,
pour oindre le Saint des Saints.u

s Il s’agit d’un nombre parfait de semaines d’années. Le point de départ du comput est la date de la révélation faite à Jérémie, cf. v. 25. Le terme envisagé est la restauration de Jérusalem et le retour des captifs, que 2 Ch 36.22-23 (= Esd 1.1-3) voit réalisés par le décret libérateur de Cyrus en 538.

t « sceller » signifie tantôt « mettre fin à », tantôt « garantir », et a ici le sens plénier d’« accomplir ».

u Soit l’autel ou le Temple, soit le grand prêtre, cf. 1 Ch 23.13 : la restauration du sacerdoce saint coïncide avec celle de l’autel et du Temple, elle est envisagée dans une même perspective prophétique.

25 Prends-en connaissance et intelligence :
Depuis l’instant que sortit cette parole
« Qu’on revienne et qu’on rebâtisse Jérusalem »
jusqu’à un Prince Messie,v sept semaines
et soixante-deux semaines,
restaurés, rebâtis places et remparts,w
mais dans l’angoisse des temps.

v Messie ou « oint », cf. Ex 30. 22 ; 1 S 9.26 ; Isa 45.1. Les plus anciens Pères de l’Église ne sont pas d’accord sur l’identité de ce Prince Messie, pas plus que pour affirmer que le v. 26 vise la mort de Jésus. Certains renvoyaient la dernière semaine à la fin des temps.

w C’est la période de reconstruction sous le régime perse.

26 Et après les soixante-deux semaines,
un messiex supprimé, et il n’y a pas pour lui...y
la ville et le sanctuaire détruits
par un prince qui viendra.
Sa fin sera dans le cataclysme
et, jusqu’à la fin, la guerre
et les désastres décrétés.z

x On peut, avec Théodotion, identifier cet Oint avec le grand prêtre Onias III, cf. 2 M 4.30-38, déposé vers 175 et assassiné par les gens d’Antiochus Épiphane : ce serait aussi le Prince de l’Alliance de 11.22.

y Un mot a dû tomber du texte. Théodotion. supplée « de faute ». On a proposé « de successeur ».

z Décrétés par Dieu, cf. 8.25.

27 Et il consolidera une alliance avec un grand nombrea
le temps d’une semaine ;
et le temps d’une demi-semaine
il fera cesser le sacrifice et l’oblation,b
et sur l’aile du Templec sera l’abomination de la désolationd
jusqu’à la fin, jusqu’au terme assigné pour le désolateur. »

a Ce passage s’éclaire peut-être à la lumière de 11.30-32 : l’« alliance » désignant ici le ralliement des impies autour du tyran qui les a attirés à trahir l’Alliance sainte. Cf. 1 M 1.21, 43, 52 ; 2 M 4.10s.

b L’abolition du sacrifice ancien ne signifie pas ici son remplacement par le sacrifice de la nouvelle alliance ; les passages parallèles montrent qu’elle est l’œuvre des impies.

c « du Temple » n’est pas précisé dans l’hébr. mais le sens est évident.

d Littéralement « l’abomination horrifique » ou « désolatrice ». Cette expression (shiqqûçîm meshomem), dont nous avons gardé la traduction consacrée par l’usage, doit évoquer d’une part les antiques baals, objets de l’idolâtrie jadis reprochée à Israël par ses prophètes (shiqqûç étant un équivalent méprisant de Baal , et shomem jouant sur le titre de ces baals phéniciens « rois des cieux », baal shamem) ; et d’autre part le Zeus Olympios auquel on consacra le Temple de Jérusalem, cf. 2 M 6.2.

Daniel 10.5-

5 je levai les yeux pour regarder. Voici :
Un homme vêtu de lin, les reins ceints d’or pur,

6 son corps avait l’apparence de la chrysolithe,
son visage, l’aspect de l’éclair,
ses yeux comme des lampes de feu,
ses bras et ses jambes comme l’éclat du bronze poli,
le son de ses paroles comme la rumeur d’une multitude.

7 Seul, moi Daniel, je contemplais cette apparition ; les hommes qui étaient avec moi ne voyaient pas la vision, mais un grand tremblement s’abattit sur eux et ils s’enfuirent pour se cacher. 8 Je demeurai seul, contemplant cette grande vision ;
j’étais sans force, mon visage changea, défiguré, ma force m’abandonna.

Apparition de l’ange.

9 J’entendis le son de ses paroles, et au son de ses paroles je défaillis et tombai face contre terre. 10 Voici : une main me toucha, faisant frémir mes genoux et les paumes de mes mains. 11 Il me dit : « Daniel, homme des prédilections, comprends les paroles que je vais te dire ; lève-toi ; me voici, envoyé à toi. » Il dit ces mots et je me relevai en tremblant. 12 Il me dit : « Ne crains point, Daniel, car du premier jour où, pour comprendre, tu as résolu de te mortifier devant ton Dieu, tes paroles ont été entendues, et c’est à cause de tes paroles que je suis venu. 13 Le Prince du royaume de Perse m’a résisté pendant vingt et un jours, mais Michel,f l’un des Premiers Princes, est venu à mon aide. Je l’ai laisség affrontant les rois de Perse,

f L’ange de Yahvé qui, en Za 3.1-2, s’oppose à Satan, reçoit le nom de Michel (« Qui est comme Dieu ? ») en Jude 9 ; il remet à Dieu le soin de réprimer le démon. Le même combat est décrit en Ap 12.7-12. Michel est l’ange protecteur du peuple de Dieu (v. 2 et 12.11), cf. Ex 23.20. Le Prince de Perse apparaît comme l’un des Anges protecteurs des Nations ennemies d’Israël. Ce mystérieux conflit entre les anges souligne que le destin des nations reste un secret suspendu, même pour les anges, à une Révélation de Dieu.

g « Je l’ai laissé » grec ; « J’ai été laissé » hébr. forme insolite.

14 et je suis venu te faire comprendre ce qui adviendra à ton peuple, à la fin des jours. Car voici pour ces jours une nouvelle vision. »

15 Lorsqu’il m’eut dit ces choses, je me prosternai à terre sans rien dire ; 16 et voici : une semblance de fils d’homme me toucha les lèvres. J’ouvris la bouche pour parler, et je dis à celui qui se tenait devant moi : « Mon Seigneur, à cette apparition, l’angoisse revient sur moi et je n’ai plus de forces. 17 Et comment le serviteur de mon Seigneur que voici, pourra-t-il parler avec mon Seigneur, alors que déjà il n’est plus de force en moi et que le souffle m’abandonne ? » 18 De nouveau l’apparence humaine me toucha et me réconforta. 19 Il dit : « Ne crains point, homme des prédilections ; paix à toi, prends force et courage ! » Et tandis qu’il me parlait, je me sentais fortifié et je dis : « Que mon Seigneur parle, car tu m’as réconforté. »

L’Annonce prophétique.h

20 (a) Alors il dit : « Sais-tu pourquoi je suis venu à toi ? (21a) Mais je vais t’annoncer ce qui est inscrit dans le Livre de Vérité. (20b) Je dois retourner combattre le Prince de Perse : quand j’en aurai fini, voici que viendra le Prince de Yavân.i

h L’ordre des vv. qui suivent est douteux.

i « Yavân » (l’Ionie) désigne la Grèce.

21 (b) Nul ne me prête main-forte pour ces choses, sinon Michel, votre Prince,