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Bible de Jérusalem

Jean 1.9-18

9 Il était la lumière véritable,
qui éclaire tout homme,
venant dans le monde.f

f Ce v. 9 se rattache aux vv. 4-5 c’est le Verbe-lumière (et non le Baptiste) qui venait dans le monde, 3.19 ; 12.46 ; cf. 6.14 ; 9.39 ; 11.27 ; 18.37, parce qu’il y fut envoyé par Dieu, 10.36 ; 17.18. Certains préfèrent traduire « ... tout homme venant dans le monde ».

10 Il était dans le monde,
et le monde fut par lui,
et le monde ne l’a pas reconnu.g

g Le « monde » peut désigner simplement l’univers créé, 17.5, 24, mais, en accord avec les traditions juives, il a souvent une note péjorative. Soumis au pouvoir de Satan, 12.31 ; 14.30 ; 16.11 ; 1 5.19, il refuse de croire en la mission du Christ, 16.8-11, et poursuit de sa haine Jésus et ses disciples, 15.18-19 ; 17.14, dont la lumière dénonce sa perversion, 7.7 ; 3.19-21. Sa malice est incurable, 17.9, mais il sera vaincu par le Christ, 16.33. Cf. le sens péjoratif de « terre » en Ap 6.15 ; 13.3, 8 ; 14.3 ; 17.2, 5, 8. Selon les traditions juives, à ce monde mauvais succédera un jour « le monde à venir »; pour Jean, le monde eschatologique est déjà présent « en haut », 8.23, auprès du Père, 13.1, où les disciples du Christ jouissent de la vie éternelle, 12.25. — Mais d’autres textes présentent le monde sous un jour plus optimiste. Il peut croire dans le Christ à la vue des signes qu’il accomplit, 12.19. Dieu l’aime et a envoyé son Fils pour le sauver en lui donnant la vie, 3.16-17 ; 12.47 ; 6.33, 51. Parce qu’il lui enlève son péché, 1.29, le Christ est le sauveur du monde, 4.42.

11 Il est venu chez lui,
et les siensh ne l’ont pas accueilli.

h Probablement le peuple juif.

12 Mais à tous ceux qui l’ont accueilli,
il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu,
à ceux qui croient en son nom,i

i La Parole est une semence divine, 1 3.9 ; Lc 8.11, qui, lorsque nous la recevons, fait de nous des enfants de Dieu, 1 3.1 ; 1 P 1.23 ; Jc 1.18. Selon 3.5-6, notre nouvelle naissance est le fruit de l’Esprit, cf. Rm 8.14.

13 eux qui ne furent engendrés ni du sang,
ni d’un vouloir de chair,
ni d’un vouloir d’homme,
mais de Dieu.j

j La leçon au pluriel — « eux qui ne furent engendrés » — est attestée par la masse des mss grecs. — Var. « lui qui ne fut engendré ». Dans le livre apocryphe d’Hénok 15.4, on reproche aux anges qui se sont unis aux femmes selon Gn 6.1-5 : « Dans le sang des femmes vous vous êtes pollués et dans le sang de la chair vous avez engendré et dans le sang des hommes vous avez convoité. » La leçon au singulier, qui connaît cette tradition juive, veut montrer que Jésus ne fut pas conçu comme les Géants à partir d’anges déchus, mais « de Dieu », cf. Lc 1.34-35.

14 Et le Verbe s’est fait chairk
et il a campé parmi nous,l
et nous avons contemplé sa gloire,m
gloire qu’il tient du Père comme Unique-Engendré,
plein de grâce et de vérité.n

k Cf. 1 4.2 ; 2 7 ; Rm 1.3. — La « chair » désigne l’humanité dans sa condition de faiblesse et de mortalité, Gn 6.3 ; Ps 56.5 ; Isa 40.6-8 ; 3.6 ; 17.2. En revêtant notre humanité, le Verbe de Dieu en a assumé toutes les faiblesses, y compris la mort, Ph 2.6-8.

l Verbe grec eskènôsen , cf. skènè , « tente ». Allusion à la Tente « mishkân » qui, lors de l’Exode, symbolisait la présence de Dieu, Ex 26.1, présence rendue manifeste par l’irruption de la gloire de Dieu en elle lors de son inauguration, Ex 40.34-35. Le Verbe, Unique-Engendré du Père, en qui réside le Nom redoutable « Je suis », Ex 4.14-15 ; 8.24, resplendissant de cette gloire qu’il tient du Père, réalise dans l’Alliance nouvelle cette présence divine qui doit assurer le salut du peuple de Dieu, Ex 34.9. Il est vraiment l’Emmanuel, « Dieu avec nous », annoncé par Isa 7.14 ; Mt 1.23.

m La gloire était le gage de la présence de Dieu, Ex 24.16. Il était impossible de la voir en elle-même, Ex 33.20, mais elle se manifestait grâce aux prodiges accomplis par Dieu en faveur de son peuple, Ex 15.7 ; 16.7. Il en sera de même du Verbe incarné dont les « signes » manifestent la gloire, 2.11 ; 11.40, en attendant le « signe » par excellence de la Résurrection, 2.18-19 ; 17.5. De même aussi que la gloire de Dieu se reflétait sur le visage de Moïse après la théophanie du Sinaï, Ex 34.29, 35, ainsi le visage du Christ resplendit lors de la Transfiguration (analogue à la théophanie du Sinaï ; cf. Mt 17.1), et ses disciples ont pu ainsi voir le reflet de sa gloire, Lc 9.32 ; 2 P 1.16-18.

n La formule correspond à celle de Ex 34.6 « riche en grâce et en fidélité », dans la définition que Dieu donne de lui-même à Moïse. Au régime de la Loi succède celui de l’amour indéfectible de Dieu, qui se manifeste dans le Christ, 1.17.

15 Jean lui rend témoignage et s’écrie :
« C’est de lui que j’ai dit :
Celui qui vient derrière moi,
le voilà passé devant moi,
parce qu’avant moi il était. »

16 Oui, de sa plénitude nous avons tous reçu,
et grâce pour grâce.o

o C’est-à-dire « une grâce correspondant à la grâce (qui est dans le Fils unique) », ou « une grâce (celle de la nouvelle Alliance) à la place d’une (autre) grâce (celle de l’ancienne Alliance) ». Autre traduction « grâce sur grâce ».

17 Car la Loi fut donnée par l’entremise de Moïse,
la grâce et la vérité advinrent par l’entremise de Jésus Christ.
18 Nul n’a jamais vu Dieu ;
le Fils Unique-Engendré,p
qui est dans le sein du Père,
lui, l’a fait connaître.

p Dans la Bible, l’expression « fils de Dieu » n’avait pas un sens transcendant et pouvait désigner soit des membres du peuple de Dieu, Os 2.1, soit son roi, Ps 2.7 ; 2 Sm 7.14, soit le juste persécuté qui attend le secours de Dieu, Sg 2.16-18 ; Mt 4.3. Jean l’admet aussi, 10.32-36, et c’est pourquoi il adopte l’expression « Unique-Engendré », 1.14, 18 ; 3.16, 18 ; 1 4.9, qui n’offre aucune équivoque, cf. Pr 8.24. — Var. « un Dieu Unique-Engendré ».