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Bible de Jérusalem

Exode 7.8-13

3. LES PLAIES D’ÉGYPTE.o LA PÂQUE

Le bâton changé en serpent.

8 Yahvé dit à Moïse et à Aaron :

o Expression consacrée, mais que le texte n’applique vraiment qu’à la dixième plaie ; les neuf premières plaies sont des « prodiges » ou des « signes », comme les « signes » et « prodiges » d’4.1-9, 30 ; 7.9. De même que ces prodiges étaient destinés à accréditer Moïse devant les Israélites et devant le Pharaon, les « plaies » sont destinées à accréditer Yahvé, c’est-à-dire à faire reconnaître son pouvoir par le Pharaon. Les neuf premières plaies se distinguent de la dixième par leur schéma aussi bien que par leur vocabulaire, mais il y a des différences structurales ; elles ne relèvent donc pas seulement de la longueur inégale de la narration respective. Le récit s’achève par le refus définitif du Pharaon que Moïse ne reverra plus, 10.28-29 ; il n’y a plus qu’à s’enfuir. L’histoire se continue par la poursuite des fuyards et le miracle de la mer, 14. Cette tradition de l’Exode-fuite était originairement indépendante de la tradition de la dixième plaie, où les Israélites sont chassés d’Égypte, 12.31-33, cf. 4.21 ; 6.1 ; 11.1. Il y avait d’autres traditions sur ces « signes », cf. Ps 78.43-51 ; 105.27-36, en attendant les développements de Sg 11.14-20 ; 16-18. Comme ces autres présentations, le récit d’7.14—10.29 est lui-même une composition littéraire dont le processus de croissance est complexe ; une bonne partie du texte appartient à des rédactions tardives, la part que l’on peut attribuer aux traditions yahviste et sacerdotale étant réduite (la tradition élohiste n’intervient probablement pas). La tradition sacerdotale a en propre le signe du bâton changé en serpent, 7.8-13, et les plaies III et VI ; des éléments de cette tradition se trouvent dans deux autres narrations. Probablement la tradition yahviste intervient-elle dans quatre plaies (I, II, IV et V), mais une bonne partie du récit actuel a été ajoutée, comme sont ajoutées aussi les plaies où les traditions yahviste et sacerdotale n’interviennent pas. Il y a donc une bonne part d’éléments rédactionnels, mais une rédaction semble être présacerdotale. — Il ne faut pas chercher à justifier ces prodiges par l’astronomie ou les sciences naturelles, mais le récit qui en est fait utilise des phénomènes naturels qui sont connus en Égypte et inconnus en Palestine (le Nil rouge, les grenouilles, le sirocco noir), ou qui sont sont connus en Égypte et en Palestine (les sauterelles), ou encore connus en Palestine mais exceptionnels en Égypte (la grêle). On ne doit retenir que l’intention du récit qui fait éclater aux yeux des Israélites et du Pharaon lui-même la toute-puissance de Yahvé. On peut signaler encore des intentions particulières. Ainsi, dans les prodiges de tradition sacerdotale, les magiciens égyptiens sont vaincus sur leur propre terrain. Au début ils sont capables de faire autant que Moïse et Aaron, 7.11-12, 22 ; 8.3, mais plus tard ils ne peuvent pas réussir le prodige et s’avouent vaincus par le « doigt de Dieu », 8.14-15, ou sont même incapables de se présenter devant Pharaon, 9.11.

9 « Si Pharaon vous dit d’accomplir un prodige, tu diras à Aaron : Prends ton bâton, jette-le devant Pharaon, et qu’il se change en serpent. » 10 Moïse et Aaron allèrent trouver Pharaon et firent comme l’avait ordonné Yahvé. Aaron jeta son bâton devant Pharaon et ses serviteurs,p et il se changea en serpent.

p C’est-à-dire son entourage, courtisans et dignitaires.

11 Pharaon à son tour convoqua les sages et les enchanteurs, et, avec leurs sortilèges, les magiciens d’Égypte en firent autant. 12 Ils jetèrent chacun son bâton qui se changea en serpent, mais le bâton d’Aaron engloutit leurs bâtons. 13 Cependant le cœur de Pharaon s’endurcit et il ne les écouta pas, comme l’avait prédit Yahvé.