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Bible de Jérusalem

Osée 2.16-25

16 C’est pourquoi je vais la séduire,a
je la conduirai au désertb
et je parlerai à son cœur.

a Il faut entendre le mot en un sens fort c’est l’attitude de quelqu’un qui détourne son partenaire du chemin qu’il aurait dû suivre, cf. Jg 14.15. La même expression est employée à propos de l’homme qui séduit une vierge, Ex 22.15. Cf. aussi Jr 20.1.

b La vie au désert, durant l’Exode, apparaît comme un idéal perdu (déjà Am 5.25 ; 12.10) ; Israël encore enfant, 11.1-4, ne connaissait pas les dieux étrangers et suivait fidèlement Yahvé, présent dans la nuée, 2.16-17 ; Jr 2.2-3. Sur l’utilisation prophétique du thème de l’Exode, voir encore Isa 40.3.

17 Là, je lui rendrai ses vignobles,
et je ferai du val d’Akor une porte d’espérance.c
Là, elle répondra comme aux jours de sa jeunesse,
comme au jour où elle montait du pays d’Égypte.

c Le val d’Akor (une des vallées des environs de Jéricho, qui donnent accès à l’intérieur du pays) a été le lieu d’un acte d’infidélité durement puni par Yahvé, Jos 7.24-26. Son nom signifie vallée de malheur, d’après Jg 7.26. Il deviendra porte d’espérance, en donnant accès à une Terre sainte rénovée.

18 Il adviendra en ce jour-là — oracle de Yahvé —
que tu m’appelleras « Mon mari »,
et tu ne m’appelleras plus « Mon Baal ».d

d Le nom de baal (« maître ») était donné au mari. Ce nom entrait jadis en composition dans de nombreux noms de personnes, cf. 1 S 14.49 ; 2 S 2.8 etc. ; 1 Ch 8.33 ; 9.39-40, etc., sans que cela impliquât idolâtrie c’est Yahvé qui était le « maître » à qui le nom vouait son porteur. Mais à une époque plus récente, le mot baal fut considéré comme impie, par sa référence aux Baals cananéens (cf. Jg 2.13). C’est ainsi qu’Osée en proscrit l’usage, v. 19. Le passage de « mon maître » à « mon mari » insinue que l’accent est désormais mis sur l’intimité du lien conjugal plus que sur la subordination de l’épouse à l’époux, cf. Jn 15.15.

19 J’écarterai de sa bouche les noms des Baals,
et ils ne seront plus mentionnés par leur nom.
20 Je conclurai pour eux une alliance, en ce jour-là,
avec les bêtes des champs, avec les oiseaux du ciel et les reptiles du sol ;
l’arc, l’épée, la guerre, je les briserai et les bannirai du pays,
et eux, je les ferai reposer en sécurité.e

e La restauration messianique s’effectuera dans la justice et la sainteté, vv. 21-22. Dieu reviendra dès lors habiter au milieu de son peuple pour le combler de ses bienfaits, cf. Lv 26.3-13 ; Dt 28.1-14. Le ciel donnera la pluie en son temps et la terre ses produits en abondance, 2.23-24 ; 14.8-9 ; Am 9.13 ; Jr 31.12, 14 ; Ez 34.26-27, 29 ; 36.29-30 ; Isa 30.23-26 ; 49.10 ; Jl 2.19, 22-24 ; 4.18 ; Za 8.12. On ne craindra plus que d’autres viennent s’en emparer, Am 9.15 ; Isa 65.21-23, cf. Dt 28.30-33, car Israël ne subira plus l’invasion étrangère, Mi 5.4 ; Isa 32.17-18 ; Jl 2.20 ; Jr 46.27 ; cf. Isa 4.5-6 (expliqué par Isa 25.4-5) ; Dieu fera pour lui un pacte avec les bêtes féroces, 2.20 ; Ez 34.25, 28. La paix s’étendra à tous les peuples, Isa 2.4 = Mi 4.3 ; cf. Isa 11.6-8 ; 65.25, sous l’égide du Roi-Messie, Isa 9.5-6 ; Za 9.10. La mort elle-même disparaîtra, Isa 25.7-8, et la joie remplacera la souffrance et les larmes, Isa 65.18-19 ; Jr 31.13 ; Ba 4.23, 29, cf. Ap 21.4.

21 Je te fianceraif à moi pour toujours ;
je te fiancerai dans la justice et dans le droit,
dans la tendresseg et la miséricorde ;

f Ce verbe est utilisé dans la Bible uniquement à propos d’une jeune fille vierge. Dieu abolit ainsi totalement le passé adultère d’Israël, qui est comme une créature nouvelle. Dans l’expression « je te fiancerai dans (la justice) », ce qui suit la préposition « dans » désigne la dot que le fiancé offre à sa fiancée (même construction en 2 S 3.14). Ce que Dieu donne à Israël dans ces noces nouvelles ce ne sont plus les biens matériels de l’alliance ancienne, 2.10, mais les dispositions intérieures requises pour que le peuple soit désormais fidèle à l’alliance. Nous avons déjà ici en germe tout ce qui sera développé par Jérémie et Ézéchiel l’alliance nouvelle et éternelle (« pour toujours », v. 21), la loi inscrite dans le cœur, le cœur nouveau, l’Esprit nouveau, Jr 31.31-34 ; Ez 36.26-27. Cf. Ez 36.27.

g Le mot (hesed) exprime d’abord l’idée d’un lien, d’un engagement. Dans le domaine profane il en vient à désigner l’amitié, la solidarité, la loyauté, surtout lorsque ces vertus procèdent d’un pacte. En Dieu, ce terme exprime la fidélité à son alliance, et la bonté qui en découle à l’égard du peuple choisi (la « grâce » en Ex 34.6), autrement dit (et ce mot convient à partir d’Osée, par référence à la comparaison de l’union conjugale) l’amour de Dieu pour son peuple, Ps 136.1-26 ; Jr 31.3, etc., et les bienfaits qui en découlent, Ex 20.6 ; Dt 5.10 ; 2 S 22.51 ; Jr 32.18 ; Ps 18.51. Mais cette hesed de Dieu appelle en l’homme aussi la hesed, c’est-à-dire le don de l’âme, l’amitié confiante, l’abandon, la tendresse, la « piété », en un mot l’amour qui se traduit par une soumission joyeuse à la volonté de Dieu et par la charité pour le prochain, 4.2 ; 6.6. Cet idéal, qu’expriment de nombreux Psaumes, sera celui des Hasidim ou « Assidéens », 1 M 2.42.

22 je te fiancerai à moi dans la fidélité,
et tu connaîtras Yahvé.h

h Chez Osée la « connaissance de Yahvé » accompagne la hesed, ici vv. 21-22 et 4.2 ; 6.6. Il ne s’agit donc pas d’une simple connaissance intellectuelle. De même que Dieu « se fait connaître » à l’homme en se liant à lui par une alliance, en lui manifestant par ses bienfaits son amour (hesed), de même l’homme « connaît Dieu » par une attitude qui implique la fidélité à son alliance, la reconnaissance de ses bienfaits, l’amour. Cf. Jb 21.14 ; Pr 2.5 ; Isa 11.2 ; 58.2. Dans la littérature de sagesse, la « connaissance » est à peu près synonyme de « sagesse ».

23 Il adviendra, en ce jour-là,
que je répondrai — oracle de Yahvé —
je répondrai aux cieux et eux répondront à la terre ;
24 la terre répondra au froment, au vin nouveau et à l’huile fraîche, et eux répondronti à Yizréel.

i Noter la répétition du verbre répondre Dieu répondra à l’attente de sa création, et la création répondra à ce que les hommes attendent d’elle en conformité avec le dessein divin. C’est le contraire de l’état actuel de désordre dû au péché, cf. 4.3 ; Gn 3.17s ; Isa 11.6 ; Rm 8.19.

25 Je la sèmeraij dans le pays,
j’aurai pitié de Lo-Ruhamah,
je dirai à Lo-Ammi : « Tu es mon peuple »
et lui dira : « Mon Dieu ! »k

j C’est la signification du nom de Yizréel, cf. 1.4, 5.

k L’amour de Dieu pour son peuple va contredire les noms de malheur (« Non-Aimée », « Pas-Mon-Peuple »), qui disparaissent avec la malédiction dont ils étaient le présage. En 2.1, 3, ils sont remplacés par leurs contraires.