17 Alors l’un des sept Anges aux sept coupes s’en vint me dire : « Viens, que je te montre le jugement de la Prostituée fameuse,l assise au bord des grandes eaux ;m
k Ce chapitre est difficile dans les détails, v. 9.
l Comme le sera Jérusalem, 21.9, Babylone est personnifiée par une femme, cf. 12.1 ; Dn 4.27. C’est Rome l’idolâtre, 2.14 ; 18.3 ; Os 1.2, cf. 14.4, qui, après une apparition brillante, vv. 3-7, verra se réaliser la condamnation annoncée et préparée par les visions précédentes.
m L’image est interprétée au v. 15.
n Les nations païennes et leurs rois, qui ont adopté le culte impérial.
o Séjour des animaux impurs, cf. Lv 16.8 ; 17.7.
p Les sept têtes sont les sept collines de Rome, v. 9, et les dix cornes sont des rois vassaux, v. 12, qui secouent le joug de l’Empire, v. 16. La Bête, vv. 3, 7-8, représente un empereur, sans doute Néron qui, d’après une croyance populaire, est censé retrouver la vie et la puissance avant la venue de l’Agneau, cf. 2 Th 2.8-9. Le début du v. 8 est une déformation parodique des titres de Dieu, 1.4, et du Christ, 1.18.
6 Et sous mes yeux, la femme se saoulait du sang des saints et du sang des martyrs de Jésus.q À sa vue, je fus bien stupéfait ;
q Les persécutions romaines impliquent à la fois l’idolâtrie, v. 4, et le meurtre, v. 6. Ez 16.36-38 ; 23.37-45 dressait les mêmes griefs contre Jérusalem.
8 « Cette Bête-là, elle était et elle n’est plus ; elle va remonter de l’Abîme, mais pour s’en aller à sa perte ; et les habitants de la terre, dont le nom ne fut pas inscrit dès l’origine du monde dans le livre de vie, s’émerveilleront au spectacle de la Bête, de ce qu’elle était, n’est plus, et reparaîtra.
r Dans le symbolisme de la Bête on peut ici distinguer deux sens différents, vv. 8-9, 15-18, et vv. 10, 12-14. La femme qui la chevauche se croit puissante, mais elle court à sa perte.
s Sept empereurs romains, dont le sixième règne actuellement. Sept est un chiffre symbolique de totalité Jean ne se prononce pas sur le nombre et la chronologie des empereurs.
13 Ils sont tous d’accord pour remettre à la Bête leur puissance et leur pouvoir.
t Rappel de 14.4 et annonce de 19.11-21.
15 « Et ces eaux-là, poursuivit l’Ange, où la Prostituée est assise, ce sont des peuples, des foules, des nations et des langues.
17 car Dieu leur a inspiré la résolution de réaliser son propre dessein, de se mettre d’accord pour remettre leur pouvoir royal à la Bête, jusqu’à l’accomplissement des paroles de Dieu.
18 Après quoi, je vis descendre du ciel un autre Ange, ayant un grand pouvoir, et la terre fut illuminée de sa splendeur.
u Le châtiment annoncé, 17, est maintenant imminent, vv. 1-3. Il se produira après que les fidèles se seront mis à l’écart des pécheurs, v. 4, cf. 3.10.
v « ses prostitutions »; var. « la colère de sa prostitution », cf. 14.8. — « sont abreuvées »; var. « sont tombées » ou « elle a abreuvé ».
4 Puis j’entendis une autre voix qui disait, du ciel : « Sortez, ô mon peuple, quittez-la, de peur que, solidaires de ses fautes, vous n’ayez à pâtir de ses plaies !
9 Ils pleureront, ils se lamenteront sur elle, les rois de la terre, les compagnons de sa vie lascive et fastueuse, quand ils verront la fumée de ses flammes,
w Triple lamentation des rois de la terre, vv. 9-10, des marchands de la terre, vv. 11-17, des navigateurs, vv. 17-19. Elle s’inspire de Jr 50-51 et surtout Ez 26-28.
« Hélas, hélas ! Immense cité,
ô Babylone, cité puissante,
car une heure a suffi pour que tu sois jugée ! »
11 Ils pleurent et se désolent sur elle, les trafiquants de la terre ; les cargaisons de leurs navires, nul désormais ne les achète !
x Vulg. « pierre précieuse ».
14 Et les fruits mûrs, que convoitait ton âme, s’en sont allés, loin de toi ; et tout le luxe et la splendeur, c’est à jamais fini pour toi, sans retour !
15 Les trafiquants qu’elle enrichit de ce commerce se tiendront à distance, par peur de son supplice, pleurant et gémissant :
16 « Hélas, hélas ! Immense cité,
vêtue de lin, de pourpre et d’écarlate,
parée d’or, de pierres précieuses et de perles,
17 car une heure a suffi pour ruiner tout ce luxe ! »
Capitaines et gens qui font le cabotage,y matelots et tous ceux qui vivent de la mer, se tinrent à distance
y Vulg. « naviguent sur la mer ».
« Hélas, hélas ! Immense cité,
dont la vie luxueuse enrichissait
tous les patrons des navires de mer,
car une heure a suffi pour consommer sa ruine ! »
20 Ô ciel, sois dans l’allégresse sur elle, et vous, saints, apôtres et prophètes, car Dieu, en la condamnant, a jugé votre cause.z
z En contraste, le ciel exulte, cf. 16.5 ; 18.20 ; 19.1-10.
21 Un Ange puissant prit alors une pierre, comme une grosse meule, et la jeta dans la mer en disant : « Ainsi, d’un coup, on jettera Babylone, la grande cité, on ne la verra jamais plus... »a
a Geste symbolique d’un ange, après lequel la lamentation est reprise, vv. 22-23. La suite du v. 21 est au v. 24. Cette scène complète 18.1-3 Babylone sera détruite pour son idolâtrie, cf. 17.4, et pour ses persécutions contre les chrétiens, 18.24.
22 Le chant des harpistes et des trouvères
et des joueurs de flûte ou de trompette
chez toi ne s’entendra jamais plus ;
les artisans de tout métier
chez toi ne se verront jamais plus ;
et la voix de la meule
chez toi ne s’entendra jamais plus ;
23 la lumière de la lampe
chez toi ne brillera jamais plus ;
la voix du jeune époux et de l’épousée
chez toi ne s’entendra jamais plus.
Car tes marchands étaient les princes de la terre,
et tes sortilèges ont fourvoyé tous les peuples ;
24 et c’est en elle que l’on a vu le sang des prophètes et des saints, et de tous ceux qui furent égorgés sur la terre.
19 Après quoi j’entendis comme un grand bruit de foule immense au ciel, qui clamait : « Alleluia !c Salut et gloire et puissance à notre Dieu,
b Chants de jubilation amorcés 18.20 et contrastant vivement avec les complaintes de 18. Ils accompagnent la chute de Babylone. Le premier chant, vv. 1-4, vient du ciel ; il est suivi d’un second, vv. 5-9, auquel s’associent les saints de l’Église entière invitée aux noces de l’Agneau.
c Seuls emplois dans le NT, 19.1, 3, 4, 6, de l’acclamation liturgique (« Louez Dieu ») en usage dans le culte israélite, Ps 111.1 ; 113.1 ; etc.
2 car ses jugements sont vrais et justes : il a jugé la Prostituée fameuse qui corrompait la terre par sa prostitution, et vengé sur elle le sang de ses serviteurs. »
5 Puis une voix partit du trône : « Louez notre Dieu, vous tous qui le servez, et vous qui le craignez, les petits et les grands. »
d Les noces de l’Agneau symbolisent l’établissement du Royaume céleste qui sera décrit en 21.9s. Voir Os 1.2 et Ep 5.22-23.
e Jean tente de se prosterner, mais l’ange lui rappelle qu’il est lui aussi au service de Dieu, 1.1 ; 22.8-9, mise en garde probable contre le culte des puissances célestes, Col 2.18 ; He 1.14 ; 2.5. Le « témoignage de Jésus » est la Parole de Dieu, attestée par Jésus, que tout chrétien possède en lui, cf. 1.2 ; 6.9 ; 12.17 ; 20.4, et qui inspire les prophètes.
11 Alors je vis le ciel ouvert, et voici un cheval blanc ; celui qui le monte s’appelle « Fidèle » et « Vrai », il juge et fait la guerre avec justice.
f Nous voici à la fin des temps. Après la chute de Babylone, prophétisée 14.8, 14-15, et réalisée 16.19-20 ; 17.12-14, le Christ fidèle, 3.14, accomplit le Jour de Yahvé, Am 5.18, en exterminant les ennemis de l’Église. Son portrait, vv. 11-16, s’inspire, comme les descriptions précédentes, 12.5 ; 14.6-20 ; 17.14, de diverses prophéties.
g Car il est le Roi des rois, v. 16 ; cf. 5.3, 13.
h Allusion (voir v. 15) à Isa 63.1. Symbole de la victoire sanglante qu’il va remporter sur les ennemis de son Peuple, cf. 5.5.
i Les noms du Cavalier victorieux, vv. 12, 13, 16, expriment, sous différents aspects, qui il est. Au nom divin transcendant, v. 12, s’ajoute ici celui de Parole, qui le désigne comme révélation efficace de Dieu, cf. Jn 1.1, 14 ; et plus précisément comme exécuteur de ses jugements, 20.11-12 ; 22.12, cf. Sg 18.14-18.
j Les armées angéliques, cf. Mt 26.53 ; ou plutôt l’armée des martyrs, d’après 14.4 et 17.14, vêtus de blanc, cf. 19.8 ; 3.5, 18 ; 6.11 ; 16.15 et aussi Mt 22.11s.
k Le glaive est l’arme de la Parole exterminatrice, cf. 1.16 ; Isa 11.4 ; 49.2 ; Os 6.5 ; Sg 18.15 ; 2 Th 2.8 ; He 4.12.
l L’image du pressoir était un lieu commun du prophétisme pour symboliser l’extermination par Dieu des ennemis de son Peuple, au Grand Jour de sa colère ; cf. Gn 49.9-12 ; Jr 25.30 ; Isa 63.1-6 ; Jl 4.13 ; So 1.15. Sur le « vin de la colère », cf. 14.8, 19-20 ; Isa 51.17.
m Titre seigneurial, cf. 17.14 ; Ph 2.9-11, qui dépasse à l’infini les titres blasphématoires de la Bête, 13.1 ; 17.3.
17 Puis je vis un Ange, debout sur le soleil, crier d’une voix puissante à tous les oiseaux qui volent au zénith : « Venez, ralliez le grand festin de Dieu !
19 Je vis alors la Bête, avec les rois de la terre et leurs armées rassemblés pour engager le combat contre le Cavalier et son armée.
n Cette longue parenthèse rappelle les événements décrits au chap. 13.